Je voulais vous remercier pour votre accompagnement si professionnel et si bienveillant.
Connaissez-vous Cœurs libres, sur l’éducation des sentiments d’Alexandre Dianine-Havard? C’est ma dernière lecture. En voici un extrait:
« L’Occident a souvent accusé l’Orient de sentimentalisme et l’Orient a souvent reproché à l’Occident son rationalisme et son volontarisme. Il est évident cependant que chacune de ces approches est faussée si elle ne tient pas compte d’un fait élémentaire: le coeur, l’intelligence et la volonté ne peuvent fonctionner qu’ensemble. On ne peut pratiquer le bien qu’avec un cœur pur, une intelligence éclairée et une volonté forte. »
C’est un livre que j’ai trouvé très beau, très éclairant. Un livre qui appelle à ouvrir son cœur, à méditer et qui est un petit clin d’œil involontaire à l’ennéagramme. Je voulais vous faire partager cette découverte !
Un immense merci pour votre patience, votre écoute et votre professionnalisme rassurant.
Le groupe était riche de belles personnes et nous avons pu avoir des échanges particulièrement féconds.
Je suis venue sur la pointe des pieds avec beaucoup de prudence mais vous avez su me mettre en confiance.
Dès lundi après-midi, j’ai repris mes notes, fais quelques recherches , histoire de m’assurer que tout était bien clair et assimiler encore un peu plus… Il me faudra y revenir encore … Je suis bien dans ma base 😉
De retour du module 6 sur les talents où il était demandé à chaque base une représentation de ce qui l’anime, Bénédicte, violoncelliste, nous fait part de ses impressions:
« C’est moi qui te remercie profondément pour ce que tu nous proposes de vivre à chaque module! Tu es vraiment formidable! C’était très beau de voir les bases exprimer leur talent. Ce petit moment d’expression m’a fait l’effet d’un résumé de l’essentiel qui m’anime aujourd’hui. Je crois que j’avais tout: la prière, les icônes et la musique; les deux derniers n’étant qu’une variation de la première, la flamme les réunissant tous. Il y avait même tes fleurs (Dieu sait si je les aime!). Bref, j’ai été surprise que cela se soit fait ainsi, et c’est après coup, que j’ai réalisé tout ça.
Il m’avait semblé que cette prière des enlumineurs du Moyen-âge que l’on prie avant de faire des icônes, était un assez bon résumé pour la base 1! Je suis sûre que c’est quelqu’un de base 1 qui l’a écrite! »
Prière de l’artisan
Apprends-moi, Seigneur, à bien user du temps que tu me donnes pour travailler, à bien l’employer sans rien en perdre.
Apprends-moi à tirer profit des erreurs passées sans tomber dans le scrupule qui ronge.
Apprends-moi à prévoir le plan sans me tourmenter, à imaginer l’œuvre sans me désoler si elle jaillit autrement.
Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix.
Aide-moi au départ de l’ouvrage, là où je suis le plus faible. Aide-moi au cœur du labeur à tenir serré le fil de l’attention. Et surtout comble Toi-même les vides de mon œuvre.
Seigneur, dans tout le labeur de mes mains laisse une grâce de Toi pour parler aux autres et un défaut de moi pour me parler à moi-même.
Garde en moi l’espérance de la perfection, sans quoi je perdrais cœur. Garde-moi dans l’impuissance de la perfection, sans quoi je me perdrais d’orgueil.
Purifie mon regard: quand je fais mal, il n’est pas sûr que ce soit mal, et quand je fais bien, il n’est pas sûr que ce soit bien.
Seigneur, ne me laisse jamais oublier que tout savoir est vain sauf là où il y a travail, et que tout travail est vide sauf là où il y a amour, et que tout amour est creux qui ne me lie à moi-même et aux autres et à Toi.
Seigneur, enseigne-moi à prier avec mes mains, mes bras et toutes mes forces.
Rappelle-moi que l’ouvrage de mes mains t’appartient et qu’il m’appartient de te le rendre en le donnant; que si je le fais par goût du profit, comme un fruit oublié je pourrirai l’automne; que si je le fais pour plaire aux autres comme la fleur de l’herbe je fanerai au soir; mais si je le fais pour l’amour du bien, je demeurerai dans le bien; et le temps de faire bien et à ta gloire, c’est tout de suite. Amen !
Prière des copistes et enlumineurs du haut moyen âge, sans doute d’origine anglaise. in Naissance et splendeurs du manuscrit monastique du VII’ au XII’ siècle de Gilberte Garrigou
* La prière a quelque chose à dire du don reçu ou de ce vers quoi la personne tend. En ce sens, elle parle de la qualité essentielle et/ou de la vertu de chaque base. Comme les versants de la montagne convergent au sommet, elle a quelque chose d’universel, même si c’est par une voie spécifique.
Un pas de plus ! Qui m’ouvre à la danse latine… La danse : Un abandon ou une rencontre, Un rejet ou une confiance, Une séduction, ou un partage, un élan … Un balbutiement frustrant vers une maîtrise placée, Seule, tête à tête, sociale, Danger pour certains, joie pour d’autres, Blocages, conscience, fluidité… Musique, beauté, C’est le mouvement où je me sens vivre
Quand on passe un lacet de montagne, un détail s’ajoute à la perspective… Une étincelle allume un feu d’artifice, un incendie ou des bougies silencieuses… L’étincelle fait jaillir l’amitié…
Je suis une part de cette montagne : A la fois papillon, fleur, torrent… Je passe du sommet aux crevasses, Du soleil à l’ombre humide, Et ça et là mon cœur chaud rencontre une âme qui a besoin de s’y sentir aimée, Comprise, accueillie dans sa pureté, son ombre, sa couleur, Dans ses doutes ses certitudes, ses peurs, Dans sa colère, son agacement vers la paix, Dans la tristesse vers la joie profonde…
Entre ces rencontres aimer cette petite fille en moi qui marche seule… Et chaque jour confier chaque âme à mon créateur.
A bien y regarder, certains dessins-animés ont la couleur d’un conte ou d’une fable. Comme eux, ils peuvent ouvrir à un sens que chacun peut librement chercher.
Hier soir, c’était Encanto de Disney, l’histoire de la fantastique famille Madrigal, une sorte de famille idéale, très unie et dont chacun des membres est doté d’un don particulierqu’il met au service de tous. A la tête de cette famille règne Abuela Alma, avec attention et jalousie, plaçant toute son énergie à mettre en valeur les talents de chacun, jusqu’à l’excès.
Abuela Alma
Chaque personnage est tellement campé, qu’il est amusant d’y reconnaitre chaque base de l’ennéagramme qui, je crois sont toutes représentées: Pepa fait la pluie et le beau temps en fonction de ses humeurs, comme les personnes debase 4. Luisa est dotée d’une force herculéenne et la met au service de tout le village, ne montrant jamais un signe de faiblesse, comme les personnes de base 8. Isabella s’adapte à ce que l’on attend d’elle comme une personne de base 3: elle est belle et répand des fleurs sur son passage. Bruno a le don de prévision et de vigilance, comme les personnes de base 6. C’est là que les choses se gâtent, car Abuela ne veut pas entendre de prédictionsmalheureuses dans la construction de son monde parfait. Par son sens du devoir, son souci de perfection et son air grave mais bon, elle fait furieusement penser aux personnes de base 1. Je vous laisse continuer les hypothèses pour les autres personnages, il y a certaines pépites…
Luisa
Plusieurs aspects me semblent intéressants.
Tout d’abord, c’est à l’occasion d’une épreuve – la disparition d’Abuelo Pedro, laissant Abuela seule avec ses trois jumeaux, que les dons se manifestent.
Ensuite, quand ils sont absolutisés et exclusifs, ces dons deviennent tyranniques: Abuela, dont la qualité essentielle est la bonté (base 1), devient cruelle avec Mirabel quand celle-ci ne correspond pas à son idéal de perfection. Isabella (base 3), à vouloir correspondre à ce que l’on attend d’elle, se perd elle-même jusqu’à accepter d’épouser un homme qu’elle n’aime pas et devient prétentieuse et hautaine. Luisa (base 8), s’épuise dans les travaux de force et se forge une carapace qui ne laisse pas de place à la tendresse, dont elle est pleine.
Isabella
Enfin, et c’est ce qui me semble le plus intéressant: c’est dans la mesure où ce que fuit le personnage devient son obsession, qu’il finit par provoquer ce qu’il craint.Ainsi Abuela qui, à force de volonté, a réussi à créer la famille idéale, finit par provoquer sa chute.
Il y a quelque chose de commun avec ce que nous transmettons via l’ennéagramme:
– C’est à l’occasion de la blessure, des blessures ou d’un climat insécure que la base se révèle – sans la créer. Car elle conduit à puiser dans des ressources qui, sans l’épreuve, ne seraient pas aussi nécessaires.
– La tentation pour chacun est l’excès: en creux (pour Bruno qui a peur de son don de projection et se cache avec lui) et en plein (Isabella la trop belle, Abuela la trop parfaite ou Luisa la trop forte). Ne voir le monde qu’à travers le filtre de son don particulier (réussite, perfection, force) peut faire occulter les autres dimensions du réel, en soi et autour de soi. C’est par le juste milieu, la vertu, que chacun peut donner toute sa mesure.
– Ce que je cherche à éviter à tout prix, je finis par le provoquer par l’attention exclusive que je lui porte. Nous le voyons en base 1 dans la fuite de l’imperfection d’Abuela. Ce peut être également le cas en base 9: à fuir la confrontation à tout prix, je peux provoquer un conflit. Ou en base 6: à douter de tout et de tous, je peux provoquer la trahison. Etc.
Mirabel
Le talent est un don, il se dénature quand je me l’approprie, que je le fais servir à mon propre compte, quand j’en fais mon tout; alors que je le reçois pour le faire servir au monde.
Quant au personnage principal, Mirabel, celle qui n’a pas reçu de don et qui finit par sauver sa famille pour être reconnue: mon discernement à son sujet n’est pas abouti. Serait-elle de base 2?
Quand je suis affamée, donne-moi quelqu’un qui ait besoin de nourriture.
Quand j’ai soif, envoie-moi quelqu’un qui ait besoin d’eau.
Quand j’ai froid, envoie-moi quelqu’un à réchauffer.
Quand je suis blessé, donne-moi quelqu’un à consoler.
Quand ma croix devient lourde, donne-moi la croix d’un autre à partager.
Quand je suis pauvre, conduit-moi à quelqu’un dans le besoin.
Quand je n’ai pas de temps, donne-moi quelqu’un que je puisse aider un instant.
Quand je suis humilié, donne-moi quelqu’un dont j’aurai à faire l’éloge.
Quand je suis découragé, envoie-moi quelqu’un à encourager.
Quand j’ai besoin de la compréhension des autres, donne-moi quelqu’un qui ait besoin de la mienne.
Quand j’ai besoin qu’on prenne soin de moi, envoie-moi quelqu’un dont j’aurai à prendre soin.
Quand je ne pense qu’à moi, tourne mes pensées vers autrui. »
Mère Teresa de Calcutta
* La prière a quelque chose à dire du don reçu ou de ce vers quoi la personne tend. En ce sens, elle parle de la qualité essentielle et/ou de la vertu de chaque base. Comme les versants de la montagne convergent au sommet, elle a quelque chose d’universel, même si c’est par une voie spécifique.
LE CADEAU DE LA TRADITION ORALE par Janique de base 9
Je vous remercie pour ces deux jours passés à Fontainebleau en votre compagnie et celle du groupe très sympathique. Un grand merci pour votre formation à la découverte de l’Ennéagramme. Je vais pouvoir lire avec attention votre site maintenant que les bases sont posées et pouvoir approfondir et compléter la formation en attendant la prochaine session.
Je suis ravie d’avoir découvert ma base 9 qui laisse entrevoir chez moi des modes de fonctionnement que je n’avais pas identifié auparavant… expliquant chez moi certains malaises, dont le point du rapport au temps qui ne me paraissait pas être un élément clé. Je ne m’étais pas retrouvée dans cette base à la lecture du superbe livre du Père Pascal Ide, d’où l’intérêt de l’oral comme évoqué.
Belle découverte ! Je me sens avec un paquet cadeau que je ne sais pas trop utiliser et pourtant très curieuse, voire excitée de le voir évoluer. A creuser et à suivre…
Ce message me donne l’occasion de te dire tout ce que vous m’avez apporté François et toi. D’abord par la découverte de l’ennéagramme. Tant de portes se sont ouvertes pour moi depuis la première session à Bose! J’ai pu déchiffrer en partie les mystères et incompréhensions qui avaient empoisonnés ma vie.
Et puis… l’ennéagramme m’a permis de faire les pas nécessaires vers ma mère, qui à presque cent ans, était intéressée par ce que j’ai essayé de lui transmettre de ce que j’avais découvert de moi.
Je pense que Maman était de base 1, une perfectionniste, désireuse que tout soit parfait. « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » était une de ses principales références. Elle a beaucoup souffert d’avoir une fille originale et surtout éprise de liberté. Je me suis reconnue en base 4 dès que vous en avez évoqué les caractéristiques et cela a été pour moi un événement majeur. Au lieu d’être tordue comme me disait mon père (vraisemblablement de base 8), j’étais normale, seulement différente!
L’ennéagramme nous a permis ainsi de faire un chemin l’une vers l’autre avant son décès il y a trois ans. J’ai eu l’occasion de présenter à Maman les grandes lignes de cette découverte majeure. Et j’ai été très émue quand, quelques mois avant son décès, à plus de cent-un ans, elle m’a dit: « Je regrette que nous n’ayons pas essayé de te comprendre ! ». C’est mon souvenir le plus cher d’elle, et j’ai été tellement admirative qu’elle se remette ainsi en cause !
L’excentrique, c’est ainsi que Bruno Monsaingeon qui écrivit plusieurs livres et réalisa plusieurs films avec lui, nommait Glenn Gould. Le pianiste canadien, mort à 50 ans en 1982, fut une légende de son vivant. Pas seulement parce qu’il fut un des plus grands pianistes de tous les temps, mais parce que son aura, près de quarante ans après sa mort n’a point pâli.
Glenn Gould est un enfant prodige. A trois ans, on sait qu’il a l’oreille absolue. Il apprend le piano avec sa mère, est organiste d’église à onze ans, donne son premier concert de piano à quinze ans et compose très vite dans un style à mi-chemin entre romantisme et musique dodécaphonique.
En 1955, il grave sa première version des variations Goldberg de Bach qui révolutionne l’interprétation du Kantor. Jamais le contrepoint de Bach n’avait été aussi lisible. Entre 1955 et 1964, il se produit dans le monde entier et, à la surprise générale, il met fin à sa carrière publique à 32 ans. Désormais, il se consacrera à l’enregistrement de disques. Il meurt d’un AVC à cinquante ans, après avoir enregistré une seconde version des variations Goldberg, marmoréenne et crépusculaire.
Même si l’on a évoqué, de manière controversée, un autisme Asperger ou une névrose, la base 5 de Glenn Gould semble être une hypothèse sérieuse. Son retranchement dans la solitude pour s’adonner à une quête obsessionnelle de la perfection musicale, la manière qu’il avait de fuir le monde et de mettre à distance ses interlocuteurs est légendaire. Il préférait d’ailleurs la compagnie des animaux à celle des humains! La sobriété de son train de vie est également typique de la base 5: il se nourrissait chaque jour du même repas composé de pain grillé, d’œufs brouillés et de salade. Et, bien sûr, Gould est le prototype du musicien cérébral. Sa manière de faire comprendre l’architecture de la musique qu’il jouait est unique dans l’histoire du piano. Qui n’a écouté Gould en ayant le sentiment de comprendre la musique?
Mais Gould semble avoir aussi une belle aile 4. Il chantonnait en jouant, et ses enregistrements sont célèbres pour cela, et les images nous le montrent dans une transe très expressive, où l’émotion est omniprésente. Avec une expressivité des émotions très 4, mais, à l’abri, derrière la caméra! La vidéo de Gould jouant le dernier contrepoint de L’Art de la fugue, inachevé du fait de la mort de Bach, est bouleversante: à la dernière note, Gould se fige dans un geste très théâtral comme s’il mourrait avec Bach.
Contrairement à une légende tenace, Gould n’a pas un jeu insensible! Loin de là: il suffit d’écouter par exemple le prélude en si bémol mineur du premier livre du Clavier bien tempéré de Bach:
ou ses ballades de Brahms:
Gould était sans doute de sous-type en survie, ce qui renforce le retrait du 5, dans son château-fort. Il était toujours, été comme hiver recouvert d’une série de couches de vêtements pour ne pas avoir froid et trempait longuement ses mains dans l’eau chaude avant de jouer…
Riso et Hudson appellent le 5 à aile 5 l’iconoclaste. Les propos de Gould sur Mozart et Chopin dont il n’aimait pas la musique, ou sa fameuse chaise aux pieds sciés pour être en contrebas du clavier en sont des exemples. Mais surtout, c’est ce mélange de puissance cérébrale et de retrait d’un côté, de passion et d’émotion de l’autre qui peut en faire un archétype. Comme beaucoup d’artistes, notamment des cinéastes (David Lynch, Tim Burton) qui expriment des émotions intenses sur la base d’une grande intelligence mentale et à l’abri, derrière une caméra qui, selon les cas, observe ou protège.
* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son œuvre.
Après 5 modules de l’ennéagramme sur presque 3 ans, qui me permettent de me découvrir de base 3 en survie, voilà que je réalise enfin le projet d’apporter mon témoignage à nos chers Maillot.
En anticipation du module 5, il nous est demandé de rapporter un objet qui m’est cher. La réponse s’est imposée à moi. Facile: il est déjà dans ma poche.
Mon objet? Un opinel taille 10 qui comprend, en plus de sa lame, un tire-bouchon intégré. J’aime cet objet. Il est tout simple. Il est humble. Il est en bois, un matériau que j’aime. Il est lourd. Il est gros. On le sent puissant. Je le sens infaillible. Je le sens dur à la tâche. Il peut s’attaquer à n’importe quel travail: couper du bois, écraser un clou, trancher la côte de bœuf (dont la cuisson sera évidemment parfaite), découper un sanglier à la chasse… etc. Il est le compagnon nécessaire à l’ouverture des bouteilles que les copains pensent à rapporter mais en ayant oublié le saint tire-bouchon… Il sauve de cette frustration face à la bouteille fermée. En ça, ou pour couper le saucisson, il est le compagnon de la convivialité. Il vit bien dans sa poche, fermé en attendant son heure, en tête à tête avec son usager, et est utile voire indispensable au groupe. Il est adaptable et efficace.
Il n’a pas de valeur à proprement parler. Sa valeur réside dans son usage, dans ce que l’on en fait. On a pas peur de l’abîmer le cas échéant, pourvu qu’il vive. Si on le casse ou le perd, on lui gardera une certaine nostalgie (à la fois pour les moments partagés avec lui mais aussi pour l’affection que l’on a placé en lui), mais on le remplacera… par le même.
On l’aura compris, cet opinel c’est un peu moi-même. Ca fait longtemps que j’ai fait ce parallèle. Au M1 j’écrivais dans ma devise: Tu es ce que tu fais. J’éprouvais une fierté immense à déclamer cette phrase qui me semblait d’une évidence lumineuse et d’une énergie extraordinaire. Déjà à l’époque cet opinel me représentait: je me sentais aimé et indispensable pour ce que je faisais. Tout se résumait en ce mot : FAIRE.
Depuis, j’ai personnalisé mon opinel en le gravant moi-même (à l’aide d’une dremel avec son arbre flexible et une micro fraise de bijouterie). Là encore c’était un projet en soi. J’ai gravé une croix celtique plutôt bourguignonne aux motifs minutieux et pensée de longue date. Sous la croix, j’ai gravé une vouivre qui s’enroule sur elle-même. Peu importe le modèle, ce qui compte c’est sa source d’inspiration: la vouivre du Pape des escargots, ou des Etoiles de Compostelle de Henri Vincenot. La croix semble l’écraser non pas au sens ou elle vaincrait la vouivre mais plutôt comme si elle devait la remplacer. C’est aussi pour cela que la croix se situe au-dessus. La signification de ces gravures me direz-vous? La vouivre, par les romans qu’elle incarne, représente mon coté survie. Un ancrage terrien inscrit dans le réel. Elle symbolise ce qui m’anime en profondeur: la terre, la billebaude, la chasse, les anciens, le vin, la nature, une forme de quête. Elle me représente, moi, profondément. La croix, quant à elle, incarne l’idéal vers lequel je sais devoir tendre même si je ne sais pas comment y parvenir (pour le moment).
Je lisais à un autre endroit sur ce blog que, en 3, il y a une vraie difficulté à habiter son intérieur. Je me sens concerné par ce constat qui embrasse aussi bien l’aspect spi que psy du 3. De façon plus large, cette gravure, c’est mon intériorité qui était présente dans le volume du bois, au fond de moi et que j’ignorais, préexistante, et que j’ai faite émerger. Partiellement tout du moins. Aimer c’est être sans repos devant le mystère de l’autre, nous a dit le prêtre qui nous a fiancés. J’affirme que cette phrase peut être applicable à soi-même. C’est une des grandes leçons que je tire de ces dernières années: je me suis découvert. Je me suis découvert en tant qu’ÊTRE.
5 modules de l’ennéagramme et un burn out plus tard, je suis toujours tenté de ne voir cet opinel (et donc moi-même) uniquement par le prisme du FAIRE. Mais j’ai appris. J’ai grandi. J’ai grandi par moi-même, par la force des choses, par les autres, et grâce à certains. C’est avec une certaine mélancolie que, désormais, quand je le regarde, j’y vois davantage. J’y perçois le chemin parcouru, ce qu’il représente et surtout, son envie d’ETRE. Et je l’aime encore plus.