Les bases de l’ennéagramme

LES BASES DE L’ENNEAGRAMME

A l’occasion de l’enquête Ennéagramme et confinement, J 41*
Premier volet 

« Dieu fait à l’âme une grande miséricorde lorsqu’il lui permet de se connaitre. »
Sainte Thérèse d’Avila,
Les Demeures

Huit jours, huit témoignages pour mieux comprendre les enjeux de l’Ennéagramme.
En guise de rappel pour les anciens, de découverte pour les nouveaux.
Quatre femmes, quatre hommes qui font un arrêt sur image en période de confinement.
Six profils, sur les neuf que compte l’outil, qui nous dévoilent un peu de leurs ressorts intérieurs, leurs combats, leurs ressources, leurs talents et leur liberté de les mettre au service.

Pour ce premier point d’étape, quelques mots en guise de balises:

  • ÉMERVEILLEMENT: Ce qui me frappe à la lecture de ces témoignages, c’est la beauté de l’âme humaine, la simplicité et l’humilité des remises en question, la vérité vers laquelle ils tendent. Chaque personne est unique comme les empreintes digitales et demeure un mystère, c’est heureux. Ces témoignages évitent les caricatures et les généralisations de la typologie, en approchant un peu la complexité et la richesse des personnalités. Du dehors, on peut entendre par exemple que les personnes de base 3 sont opportunistes, mais lorsqu’on lit Nathan ou Barbara, on voit bien que leur intention est dirigée vers la vérité de la relation et que, dans la mesure où ils prennent conscience du piège de la confusion faire/être, ils peuvent mettre leur talent au service. En ce sens, un des challenges de l’Ennéagramme est l’accueil de chacun tel qu’il est, en commençant par soi, sans jugement. Et quand arrive une légère irritation devant tel ou tel trait de tempérament, de se demander ce qui, chez moi, est interrogé, en quoi cette personne qui m’agace a quelque chose à m’apprendre.
  • DIVERSITÉ: Le fait que nous soyons tous à la même enseigne dans cette période de confinement offre un terrain d’observation: nous n’y réagissons pas tous de la même manière et cela dit déjà quelque chose des bases de l’Ennéagramme. Cependant la méthode ne suffit pas pour embrasser la personnalité dans son ensemble. Nathan est cadre dans un hôpital, Catherine mère de famille, Barbara thérapeute, Christian retraité; et cela change la donne. Et puis il y a l’histoire de chacun, le contexte socioculturel, l’éducation reçue, à prendre en compte. D’autres outils peuvent compléter l’investigation, notamment thérapeutiques, comme la Psychogénéalogie ou la méthode Vittoz.
  • RESSEMBLANCES: Pour autant certains points communs se dégagent, notamment dans les témoignages croisés de Pascal et Alexandra en base 6: leur orientation positive de départ est la même: la fiabilité, qu’ils cherchent à vérifier en toutes occasions, via leur passion (neutre) d’inquiétude. Pour cela, ils anticipent sans cesse (nous voilà loin, au passage, de la conjugaison du présent de Catherine, en base 8), pour le meilleur et le moins bon; repérant les failles, notamment de l’autorité, se préparant au pire, dans le but d’assurer la sécurité de chacun. Leur piège commun: les scénarii catastrophes, la période y est propice… Leur talent: une vision si large qu’ils sont prêts à toute éventualité et peuvent développer une loyauté à toute épreuve.
  • MOTIVATION: Ainsi nous voyons qu’au même endroit se trouve le talent et le combat, les forces et les faiblesses. Pour chacun, le risque c’est le trop, l’excès, penser que ma manière de voir les choses, moi-même et le monde, est la seule manière. A trop vouloir l’harmonie, Maguelonne en base 9 en oublie ses propres besoins;  à chercher l’action à tout prix, Nathan en base 3 peut s’y épuiser; à voir toujours le bon côté des choses, François en base 7 risque d’occulter une partie de la réalité. Et chacun peut ainsi en arriver à l’effet inverse de celui recherché: rupture de l’harmonie, burn out, superficialité…
  • CONSCIENCE : En stage, je n’ai jamais rencontré une personne de mauvaise volonté. En revanche, j’y entends souvent: « c’est plus fort que moi ». C’est bien souvent parce que la personne n’a pas conscience de son moteur, de ce qui la rend réactive de manière récurrente. La simple conscience de ce moteur permet d’apprendre à se garder de ses travers, de ses trop, de ses excès. Il s’agit selon l’expression de Maguelonne, de se prendre en flagrant-délit pour faire stop, oser un pas de côté et s’ajuster aux événements de manière plus libre. Rencontrer en stage des personnes qui ont les mêmes ressorts que nous et ont pu mettre en place certaines pare-feux, peut aussi être une aide précieuse.
  • VERTU: La conscience pourtant ne suffit pas si aucun acte n’est posé pour changer les habitudes. C’est là que la vertu, juste milieu entre deux excès, peut prendre le relais. Ainsi, le courage est la vertu de la base 6, juste milieu entre la témérité et la couardise. Un jour après l’autre, à petits pas, elle permet de créer de nouveaux circuits neuronaux qui rendent la liberté plus facile et plus agréable. Car « le signe de la vertu, c’est le plaisir », dit Aristote.  Encore faut-il connaitre la vertu tête-de-pont qui est la nôtre, et qui entraîne les autres avec elle, selon le principe thomasien de la connexion des vertus. Pour laisser moins de prise au découragement en nous battant sur tous les fronts.
  • TALENT: Et cette vertu permet l’accès à notre talent propre. Pour Christian, offrir ses connaissances, par la vertu de générosité, au risque de l’intrusion; pour Catherine, développer son énergie vitale au service de sa famille, en « domptant son dragon intérieur » par la vertu de douceur; pour Maguelonne, œuvrer à l’harmonie en apprenant à dire non, par la vertu de l’action juste etc.

Nous avons besoin de chacun pour que le monde tourne et soit beau, à nous la liberté de mettre au service les talents que nous avons reçus.

Nous reviendrons dans d’autres articles sur:

– Les POINTS TECHNIQUES que certains stagiaires évoquent, comme les flèches et les ailes.
Les sous-types ayant été traités ici , les centres d’intelligence ici, les vertus ici.

– La relation qu’il peut y avoir entre CONNAISSANCE DE SOI & VIE DE FOI

– La place du corps et le choix de la MÉTHODE VITTOZ comme moyen d’évolution.

* L’Ennéagramme est une méthode de connaissance de soi et de compréhension des autres qui se transmet en groupe, par tradition orale. Il ne peut se réduire à une étude mentale qui en figerait les manifestations et  sa fécondité se trouve dans le mouvement, l’expérience, les échanges. C’est par eux que quelque chose de moi peut se révéler, qu’une prise de conscience peut jaillir.
En ce sens, le confinement est une frustration – les échanges humains qui sont au cœur de la méthode ne sont plus possible pour le moment. Mais il peut aussi se révéler une opportunité car la situation particulière peut-être un révélateur: ma réaction première et son développement dans le temps peuvent me surprendre moi-même. En tous cas, ils parlent de moi, de mon intérieur, de mes ressorts, de mes motivations profondes, parfois inconscientes.
C’est pourquoi l’idée d’un panel virtuel a germé et nos stagiaires y ont trouvé l’occasion de témoigner de leurs découvertes, un grand merci à eux! Le panel est la spécificité de la tradition orale et consiste à témoigner concrètement de ce qui se passe au-dedans et qui ne correspond pas toujours à ce que l’on voit au-dehors. Repérer ses points de blocage, ses ressources inutilisées en temps normal, ses voies de progression, ses talents. 
Sans doute ces témoignages peuvent présenter certaines parts d’incompréhensions pour qui n’a pas entrepris la démarche, qui ne saurait se faire sans le groupe hic et nunc. Cependant, la diversité des témoignages peut faire émerger quelque chose de cette démarche et c’est l’objectif de cette enquête.

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