Un escargot : métaphore de la base 5

UN ESCARGOT CURIEUX
par Erika
de base 5 en tête-à-tête

Un escargot curieux de l’autre mais électrisé par lui.

Je suis de base 5 (c’est d’ailleurs une des excuses que je trouve pour rendre ma copie à Valérie avec des semaines de retard… parce qu’un 5 ne fait jamais les choses à chaud… et Valérie a la gentillesse de me trouver des circonstances atténuantes !).

Une base 5, tiraillée. Pas mal dans sa peau ; juste tiraillée entre deux forces contraires. Jamais contente. Qui voudrait être là plutôt qu’ici, qui se rêve la tête dans les nuages mais constate qu’elle a les pieds sur terre. Qui rêve de grandes fêtes folles à la Grande Bellezza mais qui tremble des genoux devant cinq personnes dans une salle d’attente.

Une base 5 en tête-à-tête, qui appelle l’autre de ses vœux… pour mieux le fuir.  

L’image qui m’est venue est celle d’un escargot. Je ne suis pas spécialiste des gastéropodes (que personnellement je préfère presque cuits avec un hachis d’ail et de persil) mais voici ce qu’il dit de moi.

Je suis donc cet escargot.

Protégé par sa coquille, son antre, son foyer, dans lequel il est seul, l’escargot est bien. Il réfléchit, contemple les rayons du soleil à travers sa coquille, hume l’odeur qui remonte de la pelouse dans la spirale qu’il habite si complaisamment. Seulement voilà, l’escargot a, de temps à autre, une furieuse envie de partir à l’aventure du monde et, plein d’allant, après avoir mûrement réfléchi, il se lance et sort ses antennes, joyeux à l’idée de rencontrer cet autre, si semblable et si différent. L’idée est plaisante, l’envie furieuse.

Mais voilà que l’autre se présente à lui, en chair et en os (si l’on peut parler ainsi d’un escargot…). L’autre est content de voir l’escargot, si souvent enfermé dans sa coquille, toutes ses antennes dehors, prêt apparemment à la rencontre. Seulement, autrui n’est pas qu’une idée… il en impose. Et notre escargot, lui habituellement si lent, rentre précipitamment au moindre contact avec lui dans sa coquille, comme électrisé par ce qu’il appelait pourtant de tous ses vœux, à la fois déçu de n’avoir pas affronté le monde, triste de se retrouver seul alors qu’il désirait ce contact… mais terriblement soulagé de n’être plus en prise avec le danger.

Une fois la peur passée, l’envie de la rencontre, la curiosité renaissent de plus belle. Et l’escargot retente sa chance. Prudemment. Il finit par trouver dans la multitude (et très vite, de peur de se faire agresser par elle) un autre à sa mesure : ni trop bavard (il finirait très vite par ne plus l’écouter), ni trop silencieux (quitte à trouver le silence, l’escargot le préfère seul dans sa coquille).

Alors l’escargot se met à parler (mais souvent à faire parler !), à tisser des liens, ses antennes plongées dans les yeux de l’autre, intensément. Le monde n’existe plus. Seuls comptent les yeux de l’autre dans lesquels il se plonge comme il se plongerait dans sa propre coquille. L’autre devient une coquille de substitution. Les yeux de l’autre sont pour quelque temps son refuge, ses œillères. Il ne l’écoute pas, il comprend déjà ce que dit son être, il ne le regarde pas, il le sonde au plus profond de lui. Mais il est tellement impliqué dans ce tête à tête qu’il en oublierait presque sa propre coquille. Presque.

Parce que rapidement, quand même, abreuvé de l’autre qu’il a essoré, il aspire à reprendre son souffle. Et il ne peut le reprendre que loin des yeux qui l’ont nourri durant ces instants. Alors plein de cet autre, il rentre dans sa coquille… et attend  que resurgisse le désir de la rencontre.

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