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Le homard ou les vertus de l’inconfort

LE HOMARD
ou les vertus de l’inconfort

Françoise Dolto utilisait la métaphore du homard pour évoquer ce que l’on nomme communément crise d’adolescence. Anselm Grün de son côté a parlé de la crise du milieu de vie (CMV). Crises de couple, difficultés relationnelles, insatisfactions professionnelles, burn out, baby-blues… certaines périodes de nos vies sont moins sereines que d’autres. Elles ont de commun ce malaise diffus, souvent manifesté par le corps, qui engendre un inconfort, des misères corporelles, des émotions à fleur de peau. Et s’ils étaient les signes avant-coureur d’un changement en cours, les prémisses d’une évolution, un précieux stimulus pour grandir?

Le homard grandit tout au long de sa vie et se retrouve régulièrement à l’étroit et dans l’inconfort dans sa carapace. Quand le temps est venu, il se réfugie sous une pierre, à l’abri des prédateurs pour y effectuer sa mue. Il y restera le temps que sa nouvelle carapace puisse être aussi dure et résistante que la précédente. Ainsi, un homard peut croître toute sa vie, le plus grand jamais pêché mesurait plus d’un mètre de long.

Et si, quand la vie ne correspond pas à nos attentes, quand nos adolescents nous déroutent, quand l’imprévu s’invite et bouscule notre plan de vie bien construit, nous nous mettions à l’école du homard: nous retirer, prendre du recul pour élargir notre champ de vision, et accueillir l’inconfort comme une opportunité de croissance?

Jean Vanier dans La Communauté, lieu de la fête et du pardon, écrit: « J’ai appris que, en chinois, le mot crise veut dire : occasion et danger. Toute tension, toute crise, peut devenir une occasion de vie nouvelle si nous l’abordons avec sagesse; sinon, elle peut apporter la mort et la division. »

Et Roger Vittoz, de répondre comme en écho dans Notes et Pensées: « Il faut savoir faire le silence en soi, s’ouvrir pour recevoir. C’est bien là que nous avons tout à recevoir. Mais il faut savoir attendre, nous mettre simplement dans la disposition de recevoir ce que nous ne pouvons nous donner nous-même. »

 

Le volcan : métaphore de la base 4

LE VOLCAN
par Armelle
de base 4

Encore une fois le bouchon explose, l’éruption est incontrôlée et impressionnante. Très rapidement la lave coule détruisant tout sur son passage. Les populations sont obligés de fuir. Au loin, elles me regardent, ne me comprennent pas ; pensent que j’en fait trop ou que j’en rajoute. Pour moi aussi cette nouvelle éruption est trop forte, trop intense. Mais surtout elle est vraie et elle mérite d’être pleinement vécue.

J’estime que chaque émotion a le droit d’exister et que l’on doit la laisser s’exprimer. Je vis chacune d’elle que ce soit la joie, la tristesse, la peur ou encore la colère. Au quotidien mon cœur est mon meilleur allié. Il me guide et je le suis. Bien sûr j’essaie de l’apprivoiser pour contrôler les éruptions afin qu’elles soient moins violentes, moins effrayantes, moins agressives.

Quelque temps plus tard je suis redevenue calme, enfin en apparence. A l’intérieur de moi mon cœur est toujours, continuellement, perpétuellement, en ébullition. Et cette intensité de cœur m’alimente, je la cultive. Cette folle intensité me plait, grâce à elle je me sens si authentique, si unique, si différente.

Mais parallèlement je trouve le calme du lac tellement plus reposant, le roc de la montagne beaucoup plus rassurant. La douceur du champ de lavande me paraît plus sereine ou encore la folie du torrent plus enthousiasmante. Pour moi l’herbe est toujours plus verte ailleurs.

Et cette magnifique création j’aime la contempler. Sa beauté me procure beaucoup d’émotions. Pour moi le beau est très important. Je soigne ma propre apparence mais aussi celle qui m’entoure. Je ne suis pas à l’aise si j’estime que l’environnement n’est pas assez harmonieux ou esthétique.

Je suis ce volcan si imprévisible. Je ne sais jamais quand la prochaine éruption viendra ni quelle intensité elle aura mais je suis prête à l’accueillir.

Cependant au fond de moi j’ai peur. Peur de ne pas être unique. Peur de ne pas être belle. Peur de ne pas être comprise. Peur de ne pas être aimée. Peur d’être seule.

Le cactus : métaphore de la base 6

LE CACTUS EPIPHYLLUM
par Matthieu
de base 6

Dans le grand jardin du monde aux beautés si variées,
A côté des fleurs, arbres fruitiers et paysages en majesté ;
Me voici, toute petite plante qui semble sans intérêt,
Du moins c’est l’aspect que je me donne pour rester en paix !

Mes sœurs attirent en déployant leur radieux attirail,
Moi, on me réduit à n’être guère qu’un épouvantail.
Habillée de haillons et sous mes airs à en croire patibulaires,
Je garde toujours la distance et fuis les situations précaires.

J’impressionne, fais peur et pourtant je n’ai pas d’épines,
Mon apparence, certes rugueuse, est tout sauf anodine ;
C’est la vérité : je ne veux pas effrayer,
Mais je cherche avant tout la sécurité.

 

Sous mon vêtement rassurant et protecteur,
J’observe et scrute la végétation extérieure ;
Je relève tous les indices dans la nature environnante,
Qui me permettraient de ne plus me méfier et de faire confiance.

 

Par mon aspect je semble être repoussante,
Mais c’est bien involontaire car au fond je ne suis pas méchante.
Je suis juste extrêmement prudente et souvent inquiétée,
Car une fois dévoilé mon Cœur peut être volé.

Ne me livrant jamais à une personne inconnue,
Je préfère la nuit, le silence venu ;
L’obscurité cachant alors tous les dangers,
Je baisse le voile et me révèle aux privilégiés.

Je suis un petit cactus d’une espèce bien mystérieuse,
Je parais fort et courageux et pourtant je suis une plante un tantinet peureuse.
Si je suis peu reluisant c’est avant tout un faux-semblant,
Qui m’évite bien des désagréments …

Pour ceux qui m’approchent et en qui je vois des amis,
Je change d’ornements et les voilà surpris ;
Car ils ne voyaient que le déguisement,
Et à présent ils découvrent le diamant !

 

On me surnomme la belle de nuit ou encore fleur de lune,
Ma faiblesse étant toute ma fortune ;
Une fleur apparaît qu’empêchait la menace,
De s’ouvrir et de laisser échapper un parfum tenace.

 

Une fois tout analysé et le danger écarté,
Je laisse apercevoir pour mes nouveaux protégés,
Un spectacle rare d’une somptuosité insoupçonnée,
Illuminant la voûte céleste d’une immense clarté.

Mais la lumière revenant c’est la fin de l’enchantement,
Je disparais aussitôt que le risque se fait plus grand.
Une simple alerte et je referme le coffret,
Et ne peux m’empêcher à nouveau d’être aux aguets.

Je garde précieusement mon trésor attendant le jour où,
Sous la nuit étoilée une nouvelle créature brisera le verrou,
Et saura trouver la clé de cette tour bien gardée … mais qui n’attendait que ce moment,
Pour se livrer tout simplement !

Daphné : métaphore de la base 6

DAPHNE
par Quitterie
de base 6

Le danger rôde autour de moi… La peur, comme une flamme, consume mon âme. Telle Daphné, dotée du don de viser juste, je t’observe avec prudence, je tente de comprendre ton cœur. Je vais alors te tester. Te tester jusqu’à ce que je sois sûre de me sentir bien avec toi.

La plupart du temps, je serais tentée de venir te titiller. Et oui, je vais donc inconsciemment provoquer ce qui me fait mal… Si tu réagis bien, tant mieux, c’est bon signe, je vais continuer pour toujours me rassurer. Car malheureusement j’ai toujours besoin de me sentir en sécurité, j’ai toujours peur que tout s’écroule, toujours peur de perdre les rares personnes avec qui je me sens bien.

Si, par malheur, tu m’apparais telle une personne nocive je vais alors chercher à me protéger à tout prix. Si tu ne réussis pas le test, je vais me sentir soit humiliée soit agressée et là: ciao! Ce sont deux choses qui me font peur et qui me blessent profondément: être humiliée et la colère des autres.

La violence est ma pire ennemie. Elle atteint ma sensibilité à un tel degré que mon cœur ne s’y habitue jamais et la peur du mal que projettent certaines personnes me tiraille les entrailles. Par conséquent tout ce qui relève du faux m’effraie et me dégoûte. Le mensonge, les faux-semblants, la manipulation… Je suis en constante recherche de vérité. Si tu n’es pas vrai avec moi tu n’auras aucune chance de découvrir la jeune Daphné qui se cache en moi.

Si tu t’attaques à moi, tu vas te prendre un mur! Je ferai tout pour te déstabiliser ou te dissuader de m’approcher. Telle Daphné, je me métamorphose et je m’adapte pour qu’aucun mal ne puisse m’atteindre. Daphné s’est transformée en laurier pour échapper à Apollon, elle préféra perdre sa beauté de nymphe pour se protéger.

De même, je crée un rempart autour de moi, toute trace de souffrance et de douleur disparaît et ne paraît qu’un visage serein et souriant, il n’en n’est pas moins sincère mais la Daphné en moi, lorsqu’elle se sent en danger, ne peut s’empêcher de se protéger.

Je voudrais bien être transparente, que chacun puisse voir le fond de mon âme mais c’est trop dur, trop dangereux. Rares sont ceux à qui j’ai permis de dépasser les frontières de mes protections. Pour que je les laisse atteindre les profondeurs de mon âme je dois avoir une véritable et parfaite confiance en eux et cette confiance doit être réciproque et sans faille.

Si je ne me sens pas en sécurité, je vais tout de suite me renfermer et ce sera fini, la nymphe se sera transformée en arbre et tu devras déployer tout un brillant attirail pour me faire changer de position. Mais si tu fais partie de ces rares personnes avec qui je me sens en sécurité, je n’aurais plus aucun secret pour toi et tu pourras alors entrer dans les méandres de mon âme.

Je serai, pour toi, capable de tout! Lorsque je t’ai choisi, c’est pour moi à la vie-à la mort. Il s’établit entre nous une douce tendresse qui me permettra de m’épanouir, comme une fleur, entre tes mains. Ton bien-être, ton bonheur sera pour moi essentiel. Même si je suis toujours prudente, lorsqu’il s’agit de ton intérêt, je suis prête à m’oublier moi-même… Par conséquent, si tu es en danger, je deviendrai comme une louve envers ses petits. Quiconque ose s’approcher de ceux que j’aime verra ma colère à l’œuvre. Je te défendrai coûte que coûte!

Tu l’auras compris, ma peur est l’essence de mes actions. Ma détermination est devenue, au fil du temps, de plus en plus forte. Ma peur, à un moment critique de ma vie, le moment peut-être le plus douloureux et le plus beau de ma vie, m’a permis d’affronter les événements avec courage!

Kaléidoscope

KALEIDOSCOPE
Par Sœur Louise
De base 3 en tête-à-tête

Je me sens parfois comme un cheval un peu sauvage, qui s’emballe facilement, prêt à se lancer dans une grande aventure, une traversée, avec tous ceux qui sont prêts à s’embarquer, sûr qu’il aura la force nécessaire pour atteindre son but, que rien ne pourra l’arrêter ou les empêcher. Il faudra peut-être parfois un peu ruer ou faire quelques écarts à gauche et à droite, voire même bousculer l’un ou l’autre en passant…

S’arrêter, prendre le temps d’une pause sera toujours difficile… seulement s’il faut! Mais pas trop longtemps! Il faut avancer!

Étonnamment le soir, à l’étage, notre cheval laissera peut-être la place au petit oiseau, une mésange, qui sera heureuse de partager un repas au coin du feu, avec d’autres, connus ou de préférence inconnus, et même peu considérés. Ecouter, chanter, prendre du bon temps ensemble et se rappeler d’où nous venons : tout cela sera très bon.

Régulièrement c’est aussi la petite ermite qui montre le bout de son nez: elle a un besoin farouche de se retrouver face à elle-même et à son Dieu qu’elle aime et dont elle se sait aimée depuis toujours. Maître de ce silence qui la refait, reprendre un contact prolongé avec notre mère Nature, qui l’engendre et l’enseigne, l’accueille toujours les bras grands ouverts, avec ses arbres si solides et uniques, la nourrit par sa pâque permanente, sa vie foisonnante et silencieuse, son chant gracieux et virevoltant, sa danse délicate et enivrante.

Ces différentes facettes, me demanderez-vous peut-être, peuvent-elles être amies et se conjuguer dans la tendresse?  Avec le temps et l’enracinement, la tempérance et le respect, un peu de sagesse, qui ne peut naître que de la brisure dé-couverte, cela peut donner naissance à une belle symphonie! C’est accepter d’être simplement un petit vase d’argile qui se laisse façonner, creuser, vider… et finalement trouver par la divine lumière.

Ou… un gruyère, après en avoir patiemment et douloureusement vidé les trous, qui se rend au Père dont il reçoit son si bon goût. Et finalement, les petits trous, ce n’est pas laid du tout ! La place est de nouveau libre pour recevoir, faire fructifier et rendre grâce: une nouvelle dynamique s’enclenche peu à peu.

La vie qui s’était un moment affaiblie… jusqu’à trembler de peur et frôler la mort et son pouvoir destructeur… la vie peut de nouveau dévaler mais maintenant doucement canalisée, comme un ruisseau qui bondit joyeusement dans son lit, comme une agnelle toute confiante dans le troupeau près de sa mère. Le mouvement des saisons continue, dans une nouveauté qui surprend toujours: c’est la bonté de notre Dieu, qui fait toute chose nouvelle, quand elles sont remises dans ses mains paternelles, par l’enfant caché en nous qui s’éveille… jusqu’au jour du Face-à-face éternel.

Le couple comme forêt vivante

L’ARBRE ET LE ROCHER
Métaphore d’un couple
par Florence de base 6 et Benoît de base 3

La forêt de Fontainebleau respire la nature et la vie! Merveille des merveilles… On s’y ressource, on s’y promène, on y discute, on y court, on y aime. Déjà vingt ans qu’ils se sont installés à sa lisière…

Elle, de son côté, doit être un de ces rochers de grès qui surplombent la forêt. Quel point d’observation formidable, offrant une vue inégalée sur tout type d’obstacle qui pourrait survenir… On n’est jamais trop prudent. Allons en haut du rocher pour voir au loin; et si un cerf bramant surgissait? Et si une biche nous offrait ses bonds les plus splendides? Surplomber et voir au loin: voilà la mission du rocher vigie, qui a besoin de se rassurer pour ne pas risquer d’être trahi par son environnement. A travers ses formes tout autant surprenantes qu’impressionnantes, le rocher s’émerveille chaque jour de son ancrage improbable dans le sable blanc, illustration de sa force apparente. Solide et fidèle, ils’intègre harmonieusement à la forêt qui l’entoure.

Et lui est cet arbre, vivant et robuste au milieu des rochers. Il se bat au cœur de la vie. Il veut être fort, il veut être remarqué parmi tous ses congénères! C’est le genre de défi qu’il affectionne particulièrement: s’adapter à son environnement pour réussir, et quoi de plus difficile que de s’épanouir au milieu des rochers, planté dans du sable… Cette énergie lui donne du courage, pour persévérer dans sa recherche de soleil et de ciel bleu, et grandir, ainsi, encore et toujours. Son objectif: pouvoir parler à ses voisins et leur dire j’y étais, et je l’ai fait ! Il fera face à la tempête et ploiera tant et plus, au risque de se mentir à lui-même sur sa force de résistance. Sa quête de la vérité est intacte; rompre lui est interdit !

C’est là, au sommet de cette belle forêt, que l’arbre et le rocher se sont rejoints, unis par le même désir, celui de partager une même aventure ensemble.

Un escargot : métaphore de la base 5

UN ESCARGOT CURIEUX
par Erika
de base 5 en tête-à-tête

Un escargot curieux de l’autre mais électrisé par lui.

Je suis de base 5 (c’est d’ailleurs une des excuses que je trouve pour rendre ma copie à Valérie avec des semaines de retard… parce qu’un 5 ne fait jamais les choses à chaud… et Valérie a la gentillesse de me trouver des circonstances atténuantes !).

Une base 5, tiraillée. Pas mal dans sa peau ; juste tiraillée entre deux forces contraires. Jamais contente. Qui voudrait être là plutôt qu’ici, qui se rêve la tête dans les nuages mais constate qu’elle a les pieds sur terre. Qui rêve de grandes fêtes folles à la Grande Bellezza mais qui tremble des genoux devant cinq personnes dans une salle d’attente.

Une base 5 en tête-à-tête, qui appelle l’autre de ses vœux… pour mieux le fuir.  

L’image qui m’est venue est celle d’un escargot. Je ne suis pas spécialiste des gastéropodes (que personnellement je préfère presque cuits avec un hachis d’ail et de persil) mais voici ce qu’il dit de moi.

Je suis donc cet escargot.

Protégé par sa coquille, son antre, son foyer, dans lequel il est seul, l’escargot est bien. Il réfléchit, contemple les rayons du soleil à travers sa coquille, hume l’odeur qui remonte de la pelouse dans la spirale qu’il habite si complaisamment. Seulement voilà, l’escargot a, de temps à autre, une furieuse envie de partir à l’aventure du monde et, plein d’allant, après avoir mûrement réfléchi, il se lance et sort ses antennes, joyeux à l’idée de rencontrer cet autre, si semblable et si différent. L’idée est plaisante, l’envie furieuse.

Mais voilà que l’autre se présente à lui, en chair et en os (si l’on peut parler ainsi d’un escargot…). L’autre est content de voir l’escargot, si souvent enfermé dans sa coquille, toutes ses antennes dehors, prêt apparemment à la rencontre. Seulement, autrui n’est pas qu’une idée… il en impose. Et notre escargot, lui habituellement si lent, rentre précipitamment au moindre contact avec lui dans sa coquille, comme électrisé par ce qu’il appelait pourtant de tous ses vœux, à la fois déçu de n’avoir pas affronté le monde, triste de se retrouver seul alors qu’il désirait ce contact… mais terriblement soulagé de n’être plus en prise avec le danger.

Une fois la peur passée, l’envie de la rencontre, la curiosité renaissent de plus belle. Et l’escargot retente sa chance. Prudemment. Il finit par trouver dans la multitude (et très vite, de peur de se faire agresser par elle) un autre à sa mesure : ni trop bavard (il finirait très vite par ne plus l’écouter), ni trop silencieux (quitte à trouver le silence, l’escargot le préfère seul dans sa coquille).

Alors l’escargot se met à parler (mais souvent à faire parler !), à tisser des liens, ses antennes plongées dans les yeux de l’autre, intensément. Le monde n’existe plus. Seuls comptent les yeux de l’autre dans lesquels il se plonge comme il se plongerait dans sa propre coquille. L’autre devient une coquille de substitution. Les yeux de l’autre sont pour quelque temps son refuge, ses œillères. Il ne l’écoute pas, il comprend déjà ce que dit son être, il ne le regarde pas, il le sonde au plus profond de lui. Mais il est tellement impliqué dans ce tête à tête qu’il en oublierait presque sa propre coquille. Presque.

Parce que rapidement, quand même, abreuvé de l’autre qu’il a essoré, il aspire à reprendre son souffle. Et il ne peut le reprendre que loin des yeux qui l’ont nourri durant ces instants. Alors plein de cet autre, il rentre dans sa coquille… et attend  que resurgisse le désir de la rencontre.

Volcan et feu pour un mariage

unnamedLE VOLCAN ET LE FEU
Métaphore d’un mariage
par Anne-Sabine de base 8 et Patrick de base 3

Qui le premier du volcan ou du feu a  commencé ?

Certainement le volcan : de ses entrailles est monté brutalement un nuage de fumée, instantanément suivi d’explosions de pierres, d’étincelles et de crépitements… Il voudrait bien se calmer mais, trop tard ! Le couvercle a sauté… Une fois de plus, ce Vésuve bouillonnant de colère a fait des ravages, la nature est blessée…

Lui qui aime tant abriter sur ses flancs forêts, fleurs et quelques habitants, il n’a su s’arrêter. Tristement un nuage de cendres grises s’est ensuite déposé à ses pieds…

ob_3c61f0_volcan-de-fuego-eruption-july-28-2016Pendant ce temps la lave a coulé : le feu majestueux et noble s’est emparé de la nature pour l’illuminer. Il a couru sans s’arrêter, entraînant tout sur son passage. Il ne peut s’empêcher de passer d’arbre et arbre, réchauffant plus qu’il ne faut la nature impuissante à résister. Quelques oiseaux inquiets d’une telle énergie voudraient bien, si possible, pouvoir se reposer. Mais le feu continue sa course méthodique, se laissant tout à la fois admirer et craindre, non sans une certaine fierté…

Et le volcan gronde toujours.
Et le feu, toujours, poursuit sa course effrénée.

Quelle idée Dieu a-t-il inventée, que de laisser se croiser le volcan et le feu ?
Quelle chaleur, quel bruit, quelle énergie ! Tout y est démultiplié…

Puy de Pariou et puy de Dome, Chaine des puys, vue aerienne, 63, Auvergne, franceUn jour, peut être, le mariage du volcan et du feu ressemblera à ce paysage reposant des volcans d’Auvergne, ronds et verts, paisibles et reposants, où l’on viendra puiser une eau fraîche et pure, où le seul feu sera celui de modestes brindilles…

Allons,  ne rêvons pas… une vie n’y suffit pas…

Mais comme rien n’est impossible à Dieu, l’Eau Vive pourrait un jour calmer leurs ardeurs : Espérons !

 

Le Bernard-l’Hermite : métaphore de la base 6

0221_2OUI, MAIS… le Bernard l’Hermite
par Cécile
de base 6

Oui, mais… le Bernard-l’Hermite vit au bord de la mer, sous un rocher de choix, lumière du soleil couchant, flaque chauffée et abritée de la mer. Les voisines crevettes et anémones sont vives, attentives, élégantes ou décoratives.

Tout ceci forme un micro cosmos équilibré et harmonieux qui ravit les enfants venant jouer lors de leurs vacances. Un parfait oasis de paix.

3134568858_1_2_ToRWtArCOui mais… le Bernard l’Hermite lui ne le voit pas de cet œil. Oui, c’est bien un oasis de paix mais l’autre jour il a vu une anémone blanchir. Il lui a semblé qu’un petit parasite s’était faufilé sous son pied. Il en est pas sûr mais tout de même, une anémone ne blanchit pas comme cela. Et si ce parasite lorsqu’il en aura fini avec l’anémone blanche, venait lui rendre visite ?

Il a certes une coquille épaisse et une grosse pince qui garde son orifice. Mais cela suffira-t-il contre cet éventuel parasite dont il ignore le fonctionnement?

Un autre jour encore, il a vu une crevette au sol. Pas très en forme non plus. Dormait-elle ? Peu probable. Il lui manquait d’ailleurs une patte. Et lui, s’il perdait sa pince, comment ferait-il ?

Harmonieux cet oasis de paix ? Lui faire confiance? Oui bien sûr, mais… l’autre jour notre Bernard l’Hermite a discuté avec une palourde hyper sympa. Elle n’avait pas son pareil pour accompagner le flamenco. Qu’est ce qu’il a rit ! Qu’est ce qu’il a dansé ! Mais voilà: un faux mouvement ! Notre pauvre Bernard l’Hermite c’est cogné avec fracas contre un rocher. Résultat : coquille fissurée. Il va lui falloir trouver un autre refuge pour son drôle de petit derrière. La Palourde s’était bien excusée  et avait même pensé apporter un peu d’aventure à la vie de ce pauvre Oui, mais

Mais Oui mais… il en avait déjà suffisamment à son goût. Pas besoin d’aller à la surface pour avoir des vagues, lui les absorbe toutes à distance. Et croyez-le ou pas, dans les 50 km à la ronde, il y en a beaucoup !

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Accords parfaits

unnamedACCORDS PARFAITS
Métaphore du couple
par Anne-Claire, de base 7
et Marc, de base 5

C’est une belle mélodie qui émane et retentit dans ce salon XVIIIème.

En s’approchant doucement, on peut percevoir deux sons bien distincts et leurs accords parfaits.

Ces deux instruments à cordes s’accordent. Ils jouent parfois ensemble, parfois à contre-temps ou encore l’un après l’autre ; l’un laissant la place à l’autre le temps de l’écouter, d’admirer ses arpèges et d’essayer à son tour d’élever ses notes, plus hautes encore, pour finalement s’élever mutuellement.

violon,-rose-rouge,-piano-219257Le piano, lui, est stable, bien ancré sur le sol, imposant de prestance avec son bois bien poli. Il a belle allure dans ce salon! Mais attention, il ne joue pas pour tout le monde, son clavier est bel et bien verrouillé par une clé. Si vous regardez de plus près, il ne laisse rien paraître, mais sous son couvercle sont contenus tous ses arpèges. C’est assez rare qu’il laisse échapper ses harmoniques, celles qui lui permettraient de s’accorder avec l’extérieur.

Le violon, quant à lui, ne tient pas en place. Tantôt prêt à danser sur des airs celtiques, il aime à varier sans cesse et passer du classique au tzigane, de la complainte mélancolique à joyeuse. Sa table d’harmonie est légère et se laisse porter, amusée, par les consonances que lui fait découvrir son compagnon de pièce.

Voyez donc, ce petit instrument porte une attention toute particulière à tout ce qui peut attiser sa curiosité. Tout, pour ce jeune stradivarius au bois personnalisé, singulier et sculpté, peut être une source d’engouement, d’enthousiasme et d’idées nouvelles à apporter à sa volute. D’ailleurs, ce piano dans le coin de la salle, semble bien mystérieux parfois…

Les airs souffrotants ne sont point ses favoris, loin de là! Son archet préfère de beaucoup faire vibrer ses cordes pour égayer la mansarde qui l’entoure et faire valser son chevalet bien aiguisé. Ce n’est pas bien compliqué pour lui, il a plus d’une corde à son manche! Ses ouïes quant à elles, sont toujours bien ouvertes et recherchent sans cesse le sens profond de chaque vibration qui l’entoure. C’est notamment pour cela qu’il dispose d’une mentonnière, ceux qui l’approchent savent bien qu’ils peuvent se reposer sur lui.

Le piano à queue, pendant ce temps-là, observe. Parfois sans bouger une seule touche de son clavier. Craint-il que le violon ne s’approche trop près? Cherche-t-il à comprendre avec attention chaque mouvement qui l’entoure? Ou, pense-t-il,à ce moment-là,avec méthode, à la partition qu’il a sur son pupitre? Peu importe, mais bien qu’il utilise souvent sa pédale de sourdine, ce n’est pas un hasard qu’il possède une pédale de prolongation, pour sa patience légendaire, et une pédale forte, pour proclamer son désaccord, toutes dièses appuyées, quand cela semble nécessaire.

Mais, lorsque que ces deux instruments se retrouvent enfin, la résonnance ne fait plus qu’un.