LE HOMARD
ou les vertus de l’inconfort
Françoise Dolto utilisait la métaphore du homard pour évoquer ce que l’on nomme communément crise d’adolescence. Anselm Grün de son côté a parlé de la crise du milieu de vie (CMV). Crises de couple, difficultés relationnelles, insatisfactions professionnelles, burn out, baby-blues… certaines périodes de nos vies sont moins sereines que d’autres. Elles ont de commun ce malaise diffus, souvent manifesté par le corps, qui engendre un inconfort, des misères corporelles, des émotions à fleur de peau. Et s’ils étaient les signes avant-coureur d’un changement en cours, les prémisses d’une évolution, un précieux stimulus pour grandir?
Le homard grandit tout au long de sa vie et se retrouve régulièrement à l’étroit et dans l’inconfort dans sa carapace. Quand le temps est venu, il se réfugie sous une pierre, à l’abri des prédateurs pour y effectuer sa mue. Il y restera le temps que sa nouvelle carapace puisse être aussi dure et résistante que la précédente. Ainsi, un homard peut croître toute sa vie, le plus grand jamais pêché mesurait plus d’un mètre de long.
Et si, quand la vie ne correspond pas à nos attentes, quand nos adolescents nous déroutent, quand l’imprévu s’invite et bouscule notre plan de vie bien construit, nous nous mettions à l’école du homard: nous retirer, prendre du recul pour élargir notre champ de vision, et accueillir l’inconfort comme une opportunité de croissance?
Jean Vanier dans La Communauté, lieu de la fête et du pardon, écrit: « J’ai appris que, en chinois, le mot crise veut dire : occasion et danger. Toute tension, toute crise, peut devenir une occasion de vie nouvelle si nous l’abordons avec sagesse; sinon, elle peut apporter la mort et la division. »
Et Roger Vittoz, de répondre comme en écho dans Notes et Pensées: « Il faut savoir faire le silence en soi, s’ouvrir pour recevoir. C’est bien là que nous avons tout à recevoir. Mais il faut savoir attendre, nous mettre simplement dans la disposition de recevoir ce que nous ne pouvons nous donner nous-même. »
LE VOLCAN
J’estime que chaque émotion a le droit d’exister et que l’on doit la laisser s’exprimer. Je vis chacune d’elle que ce soit la joie, la tristesse, la peur ou encore la colère. Au quotidien mon cœur est mon meilleur allié. Il me guide et je le suis. Bien sûr j’essaie de l’apprivoiser pour contrôler les éruptions afin qu’elles soient moins violentes, moins effrayantes, moins agressives.
LE CACTUS EPIPHYLLUM

DAPHNE
La violence est ma pire ennemie. Elle atteint ma sensibilité à un tel degré que mon cœur ne s’y habitue jamais et la peur du mal que projettent certaines personnes me tiraille les entrailles. Par conséquent tout ce qui relève du faux m’effraie et me dégoûte. Le mensonge, les faux-semblants, la manipulation… Je suis en constante recherche de vérité. Si tu n’es pas vrai avec moi tu n’auras aucune chance de découvrir la jeune Daphné qui se cache en moi.
KALEIDOSCOPE
Ces différentes facettes, me demanderez-vous peut-être, peuvent-elles être amies et se conjuguer dans la tendresse? Avec le temps et l’enracinement, la tempérance et le respect, un peu de sagesse, qui ne peut naître que de la brisure dé-couverte, cela peut donner naissance à une belle symphonie! C’est accepter d’être simplement un petit vase d’argile qui se laisse façonner, creuser, vider… et finalement trouver par la divine lumière.
L’ARBRE ET LE ROCHER
Et lui est cet arbre, vivant et robuste au milieu des rochers. Il se bat au cœur de la vie. Il veut être fort, il veut être remarqué parmi tous ses congénères! C’est le genre de défi qu’il affectionne particulièrement: s’adapter à son environnement pour réussir, et quoi de plus difficile que de s’épanouir au milieu des rochers, planté dans du sable… Cette énergie lui donne du courage, pour persévérer dans sa recherche de soleil et de ciel bleu, et grandir, ainsi, encore et toujours. Son objectif: pouvoir parler à ses voisins et leur dire j’y étais, et je l’ai fait ! Il fera face à la tempête et ploiera tant et plus, au risque de se mentir à lui-même sur sa force de résistance. Sa quête de la vérité est intacte; rompre lui est interdit !
UN ESCARGOT CURIEUX
Protégé par sa coquille, son antre, son foyer, dans lequel il est seul, l’escargot est bien. Il réfléchit, contemple les rayons du soleil à travers sa coquille, hume l’odeur qui remonte de la pelouse dans la spirale qu’il habite si complaisamment. Seulement voilà, l’escargot a, de temps à autre, une furieuse envie de partir à l’aventure du monde et, plein d’allant, après avoir mûrement réfléchi, il se lance et sort ses antennes, joyeux à l’idée de rencontrer cet autre, si semblable et si différent. L’idée est plaisante, l’envie furieuse.
LE VOLCAN ET LE FEU
Pendant ce temps la lave a coulé : le feu majestueux et noble s’est emparé de la nature pour l’illuminer. Il a couru sans s’arrêter, entraînant tout sur son passage. Il ne peut s’empêcher de passer d’arbre et arbre, réchauffant plus qu’il ne faut la nature impuissante à résister. Quelques oiseaux inquiets d’une telle énergie voudraient bien, si possible, pouvoir se reposer. Mais le feu continue sa course méthodique, se laissant tout à la fois admirer et craindre, non sans une certaine fierté…
Un jour, peut être, le mariage du volcan et du feu ressemblera à ce paysage reposant des volcans d’Auvergne, ronds et verts, paisibles et reposants, où l’on viendra puiser une eau fraîche et pure, où le seul feu sera celui de modestes brindilles…
OUI, MAIS… le Bernard l’Hermite
Oui mais… le Bernard l’Hermite lui ne le voit pas de cet œil. Oui, c’est bien un oasis de paix mais l’autre jour il a vu une anémone blanchir. Il lui a semblé qu’un petit parasite s’était faufilé sous son pied. Il en est pas sûr mais tout de même, une anémone ne blanchit pas comme cela. Et si ce parasite lorsqu’il en aura fini avec l’anémone blanche, venait lui rendre visite ?
ACCORDS PARFAITS
Le piano, lui, est stable, bien ancré sur le sol, imposant de prestance avec son bois bien poli. Il a belle allure dans ce salon! Mais attention, il ne joue pas pour tout le monde, son clavier est bel et bien verrouillé par une clé. Si vous regardez de plus près, il ne laisse rien paraître, mais sous son couvercle sont contenus tous ses arpèges. C’est assez rare qu’il laisse échapper ses harmoniques, celles qui lui permettraient de s’accorder avec l’extérieur.