UN OPINEL
par Anselme
de base 3 en survie
Après 5 modules de l’ennéagramme sur presque 3 ans, qui me permettent de me découvrir de base 3 en survie, voilà que je réalise enfin le projet d’apporter mon témoignage à nos chers Maillot.
En anticipation du module 5, il nous est demandé de rapporter un objet qui m’est cher. La réponse s’est imposée à moi. Facile: il est déjà dans ma poche.
Mon objet? Un opinel taille 10 qui comprend, en plus de sa lame, un tire-bouchon intégré. J’aime cet objet. Il est tout simple. Il est humble. Il est en bois, un matériau que j’aime. Il est lourd. Il est gros. On le sent puissant. Je le sens infaillible. Je le sens dur à la tâche. Il peut s’attaquer à n’importe quel travail: couper du bois, écraser un clou, trancher la côte de bœuf (dont la cuisson sera évidemment parfaite), découper un sanglier à la chasse… etc. Il est le compagnon nécessaire à l’ouverture des bouteilles que les copains pensent à rapporter mais en ayant oublié le saint tire-bouchon… Il sauve de cette frustration face à la bouteille fermée. En ça, ou pour couper le saucisson, il est le compagnon de la convivialité. Il vit bien dans sa poche, fermé en attendant son heure, en tête à tête avec son usager, et est utile voire indispensable au groupe. Il est adaptable et efficace.
Il n’a pas de valeur à proprement parler. Sa valeur réside dans son usage, dans ce que l’on en fait. On a pas peur de l’abîmer le cas échéant, pourvu qu’il vive. Si on le casse ou le perd, on lui gardera une certaine nostalgie (à la fois pour les moments partagés avec lui mais aussi pour l’affection que l’on a placé en lui), mais on le remplacera… par le même.
On l’aura compris, cet opinel c’est un peu moi-même. Ca fait longtemps que j’ai fait ce parallèle. Au M1 j’écrivais dans ma devise: Tu es ce que tu fais. J’éprouvais une fierté immense à déclamer cette phrase qui me semblait d’une évidence lumineuse et d’une énergie extraordinaire. Déjà à l’époque cet opinel me représentait: je me sentais aimé et indispensable pour ce que je faisais. Tout se résumait en ce mot : FAIRE.
Depuis, j’ai personnalisé mon opinel en le gravant moi-même (à l’aide d’une dremel avec son arbre flexible et une micro fraise de bijouterie). Là encore c’était un projet en soi. J’ai gravé une croix celtique plutôt bourguignonne aux motifs minutieux et pensée de longue date. Sous la croix, j’ai gravé une vouivre qui s’enroule sur elle-même. Peu importe le modèle, ce qui compte c’est sa source d’inspiration: la vouivre du Pape des escargots, ou des Etoiles de Compostelle de Henri Vincenot. La croix semble l’écraser non pas au sens ou elle vaincrait la vouivre mais plutôt comme si elle devait la remplacer. C’est aussi pour cela que la croix se situe au-dessus. La signification de ces gravures me direz-vous? La vouivre, par les romans qu’elle incarne, représente mon coté survie. Un ancrage terrien inscrit dans le réel. Elle symbolise ce qui m’anime en profondeur: la terre, la billebaude, la chasse, les anciens, le vin, la nature, une forme de quête. Elle me représente, moi, profondément. La croix, quant à elle, incarne l’idéal vers lequel je sais devoir tendre même si je ne sais pas comment y parvenir (pour le moment).
Je lisais à un autre endroit sur ce blog que, en 3, il y a une vraie difficulté à habiter son intérieur. Je me sens concerné par ce constat qui embrasse aussi bien l’aspect spi que psy du 3. De façon plus large, cette gravure, c’est mon intériorité qui était présente dans le volume du bois, au fond de moi et que j’ignorais, préexistante, et que j’ai faite émerger. Partiellement tout du moins. Aimer c’est être sans repos devant le mystère de l’autre, nous a dit le prêtre qui nous a fiancés. J’affirme que cette phrase peut être applicable à soi-même. C’est une des grandes leçons que je tire de ces dernières années: je me suis découvert. Je me suis découvert en tant qu’ÊTRE.
5 modules de l’ennéagramme et un burn out plus tard, je suis toujours tenté de ne voir cet opinel (et donc moi-même) uniquement par le prisme du FAIRE. Mais j’ai appris. J’ai grandi. J’ai grandi par moi-même, par la force des choses, par les autres, et grâce à certains. C’est avec une certaine mélancolie que, désormais, quand je le regarde, j’y vois davantage. J’y perçois le chemin parcouru, ce qu’il représente et surtout, son envie d’ETRE. Et je l’aime encore plus.

Abba c’est ensuite un premier duo: Björn Ulvaeus et Benny Andersson qui composent ensemble une poignée de chefs d’œuvre à la fin des 60’s et qui s’enferment des semaines en studio vivant une intimité musicale rare.
DU BURN OUT AU PETIT PRINCE
Dans ce désert, soudain, comme mon frère d’arme Saint-Exupéry, l’avion construit de cuirasses en cuirasses de l’oubli du passé se brisa en rencontrant la réalité du sol. C’est alors que je découvris mon premier stage ennéagramme qui me permis de voir dans le chapeau, un serpent qui avait mangé un boa!
KALEIDOSCOPE
Ces différentes facettes, me demanderez-vous peut-être, peuvent-elles être amies et se conjuguer dans la tendresse? Avec le temps et l’enracinement, la tempérance et le respect, un peu de sagesse, qui ne peut naître que de la brisure dé-couverte, cela peut donner naissance à une belle symphonie! C’est accepter d’être simplement un petit vase d’argile qui se laisse façonner, creuser, vider… et finalement trouver par la divine lumière.
L’ARBRE ET LE ROCHER
Et lui est cet arbre, vivant et robuste au milieu des rochers. Il se bat au cœur de la vie. Il veut être fort, il veut être remarqué parmi tous ses congénères! C’est le genre de défi qu’il affectionne particulièrement: s’adapter à son environnement pour réussir, et quoi de plus difficile que de s’épanouir au milieu des rochers, planté dans du sable… Cette énergie lui donne du courage, pour persévérer dans sa recherche de soleil et de ciel bleu, et grandir, ainsi, encore et toujours. Son objectif: pouvoir parler à ses voisins et leur dire j’y étais, et je l’ai fait ! Il fera face à la tempête et ploiera tant et plus, au risque de se mentir à lui-même sur sa force de résistance. Sa quête de la vérité est intacte; rompre lui est interdit !
LE VOLCAN ET LE FEU
Pendant ce temps la lave a coulé : le feu majestueux et noble s’est emparé de la nature pour l’illuminer. Il a couru sans s’arrêter, entraînant tout sur son passage. Il ne peut s’empêcher de passer d’arbre et arbre, réchauffant plus qu’il ne faut la nature impuissante à résister. Quelques oiseaux inquiets d’une telle énergie voudraient bien, si possible, pouvoir se reposer. Mais le feu continue sa course méthodique, se laissant tout à la fois admirer et craindre, non sans une certaine fierté…
Un jour, peut être, le mariage du volcan et du feu ressemblera à ce paysage reposant des volcans d’Auvergne, ronds et verts, paisibles et reposants, où l’on viendra puiser une eau fraîche et pure, où le seul feu sera celui de modestes brindilles…
L’ABEILLE
O pauvre petite butineuse, arrête-toi, écoute-toi. Que te dit ce corps que tu plies sans cesse à ta volonté, que tu domptes pour qu’il soit le miroir de ton hypothétique toi, toujours en adéquation avec ce que l’on en attend.
RETROUVER MA LIBERTÉ
LA CHENILLE ET LE PAPILLON
Oui, je sens en moi cette âme qui désire si fort s’envoler, qui se sent appelée à goûter aux joies du ciel et à n’aimer que Dieu…
LOUIS XIV
Quand on étudie le personnage de Louis XIV on constate une totale confusion entre l’être et le paraître, une sorte d’engloutissement de la personnalité dans la fonction. Ainsi dans ses relations amoureuses : au terme d’un rude combat intérieur, il sacrifie son amour pour Marie Mancini à sa fonction royale. Ce sera ensuite l’enchaînement des maîtresses dont on peut dire qu’elles participent au prestige de la couronne. Et puis, avec Madame de Maintenon, le roi s’assagira durablement, conscient du fait que ses errements affectent l’image du roi. Au cœur de la base 3, il y a l’angoisse de ne pas être reconnu, et la croyance qu’il est aimé pour ce qu’il fait et qu’il montre et non pour ce qu’il est. Le Roi-Soleil aura couru derrière cette reconnaissance avec une remarquable efficacité…