Irréductible

IRRÉDUCTIBLE
Témoignage de confinement / 14
par Eléonor, de base 8 en tête-à-tête

A l’annonce des premières mesures, je me souviens avoir éructé contre ce monde imbécile qui s’y prend mal, ne comprend rien et saccage tout. J’ai vociféré contre ma liberté attaquée comme si quelqu’un me malmenait personnellement et malmenait personnellement chacun des êtres vivants de cette planète.

J’ai pleuré d’impuissance de ne pouvoir être sur le front – retranchée dans un appartement doré malgré mes envies de barricades – uniquement, Ô injustice, car mon métier – la danse – ne correspondait pas aux besoins (du coup, j’ai envisagé de changer de métier!). J’ai regretté d’être chargée de famille et de ne pouvoir me consacrer aux autres (flèche 2) car trop accaparée par les miens.

J’ai réalisé combien mon besoin de dépenser mon énergie était ordonné à un combat, fut-il intérieur, car dépenser et recharger mon corps physique sans sens ni but ne suffit pas, et n’a jamais suffit. La dépense vient avec une cause, une colère – et la kyrielle d’émotions qui l’accompagnent, un horizon, sans quoi je me retrouve tel un lion en cage, qui tourne et tourne encore, des ronds trop petits dans une cage trop petite et je ne dors plus. Trop d’énergie sans combat. Il y a un plus grand que moi au dedans de moi qui veut tout embrasser, toujours. Je me sens géante et ogre emprisonnée (ironie de la chose pour un petit gabarit d’un mètre 60 😉

Rien de nouveau sous le soleil. Ces ressentis, habituels hier et aujourd’hui, cohabitent par fulgurances ou l’un s’installe plus longuement, selon. C’est l’objet de leur manifestation qui a changé, leur densité. Cette fois, l’ennemi a du poids (un peu) et la lutte offre des perspectives (ou pas), enfin!

Mon ennemi n’est pas le Covid 19 en tant que tel. Je n’en ai pas peur. Cette peur ne s’est jamais présentée. Par déni peut-être (mécanisme de défense du 8) mais plus profondément, je le sens, car dans cette adversité (celle de la mort qui rôde de manière plus avouée qu’à l’accoutumée dans les esprits) il y a quelque chose qui me met en vie, quelque chose qui est la vie en vrai.

Mes ennemis sont tous ceux qui à la suite du Covid 19, par leurs regards, leurs dires, leurs actions, petits et grands, gouvernements et voisins confinés, entravent mes rêves de refonte de nos modes de vie. Et me revoici à éructer contre ce monde imbécile… Privée d’agir immédiat, l’après aspire mon attention. Lire, questionner, étudier, échanger deviennent mes ressources (flèche 5). Je continue d’impacter le monde et d’être impactée par lui par la réflexion et les idées.

Lorsque je me sens démunie, je me laisse guider par les paroles du Pape François prononcées durant la dernière cérémonie Urbi et Orbi: « La prière est notre service silencieux, elle est notre arme victorieuse ». Le Pape aurait-il lu mon cœur? La prière depuis, seule et en famille, prend pour moi un goût de résistance! Lorsque la frustration me monte au nez – et me descend dans les poings par la même occasion, je m’octroie de désobéir, tout simplement, et quelle jouisssance. J’envoie tout valser. Je ris, je crie, je cours, je m’insurge pour rien si ce n’est par plaisir, je joue, je me bagarre – physiquement – ou me lance dans une joute verbale avec qui passe par là, je bois, je marche sans fin sous la pluie, je chante, je danse, bref. Je froisse un peu le trop lisse, trop édulcoré, trop sécurisé; je souffle du mouvement dans l’apathique.

Avec ce rythme au long cours qui s’engage, le confinement apporte de la douceur. Moins de sollicitations engendre moins de réactivité et dans mon quotidien dénudé de ses trop (j’arrive encore à en créer), l’ego de mon type s’apaise et un essentiel affleure, comme une lame de fond. Je me sens branchée sur l’irréductible de la vie, cette puissance inviolable et humble, toujours présente, infime et infinie. Dans ces moments-là je suis invincible la garde baissée, sereine, sans hier ni demain, géante et ogre à la fois et légère (jusqu’à ma prochaine grogne 😉 Je chéris la douceur. Et je n’oublie pas les armes, au contraire. Je les choisis.

Un cadeau

UN CADEAU
Témoignage de confinement / 13
par Sophie, de base 2

J’aborde ce confinement comme un canard qui débattrait ses pattes pour ne pas qu’on les lui coupe! C’est ce que je ressens alors dans mon corps; déstabilisée par ce changement, ce changement subi…

J’avais bien compris intellectuellement l’évolution que devait emprunter ma base 2 vidée, épuisée par ses propres travers… Cependant, éprise de liberté, d’évoluer à mon rythme (sans précipitation pour une fois), pas à pas, ce coup d’arrêt fut déroutant.

Mais voilà, les premiers jours passés s’est esquissé en moi la douce impression qu’une personne de base 2 ne s’arrête que forcée. Comme une injonction bienveillante… « Aidez les autres, restez chez vous! » Non mais comme si tout cela avait été organisé pour m’obliger à changer de lunettes!!! J’ai donc décidé que la situation actuelle était en fin de compte un cadeau que je devais apprendre à recevoir. Pour moi. Pour moi??!! Oui c’est un don. J’ai voulu donner du temps aux autres, je reçois ce temps. J’ ai voulu anticiper les envies des autres, je vais apprendre à savourer les miennes.

Spirituellement, c ‘est un vrai cadeau aussi: je vais, comme une enfant, offrir mes émotions heures après heures, jours après jours, approfondir ce que je vis par la lecture, creuser des sujets qui me tiennent à cœur, faire oraison sans avoir la pensée d’avance qui me pousserait à penser à telle ou telle personne. Contempler. Contempler la beauté de ce monde meurtri. Mais contempler aussi la beauté de mes faiblesses. « Bien tard je t’ai aimée ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée! Et voici que tu étais au-dedans et moi au dehors et c’est la que je te cherchais », retentit cette méditation de saint Augustin si chère à mon cœur.

J’ai décidé de ne pas mettre ma base 2 entre parenthèse comme ça aurait pu être un réflexe frustrant il y a peu encore. Ou bien de m’engouffrer dedans en cherchant mille moyens d’être utile et de soulager les souffrants. Mais l’évolution de ces derniers mois voit ce confinement comme le point d’orgue du ressourcement. Cette contrainte n’en a que l’apparence. Enfin, plus exactement, je décide chaque jour de la nommer liberté: liberté d’apprendre à être soi, de se nourrir, de s’aider soi-même, les miens, la douceur des heures, l’unique urgence de l’instant présent. Il s’agit d’un vrai combat pour la base 2 que je suis. Une sorte de mise en coulisse pour mieux aimer, se réajuster. En fin de compte, c ‘est pour mieux aimer, on ne se refait pas…

J’ai décidé de m’occuper de moi comme si je m’occupais de mon propre enfant. Le bichonner, le consoler, écarter la culpabilité de laisser le monde se dépatouiller sans moi. De n’être indispensable à aucune cause si ce n’est moi (corps et âme), Dieu et mon devoir d’état, comme on rangerait de vieux dossiers par priorité. Non pas que l’analyse des enjeux économiques, politiques ou spirituels du moment ou que la situation sanitaire du monde m’indiffèrent, non pas comme si j’avais laissé mon empathie pour ceux durement touchés à la porte du confinement. Mais parce que le temps est venu de recevoir les choses telles qu’elles sont, mon mari et mes enfants tels qu’ils sont, et mes envies telles qu’elles sont. Quelle douceur de retrouver des joies simples comme chanter, jouer de la guitare, lire, lire et lire et boire, boire, boire et cuisiner!

Une frustration: j’ai horreur du téléphone qui ne remplace pas ce regard échangé , ce trait d’esprit illuminant la personne en face de moi, où mon grand plaisir est de deviner ce cœur palpitant, ce regard joyeux, ces confidences partagées dans la chaleur d’un tête-à-tête.

C’est le temps de l’accouchement dans la douleur de moi-même, dans la douleur, mais de moi-même…

Et un petit aveu: j’ai une envie furieuse de fête, d’apéro entre amis et de danser sur les tables comme « à l’époque où il n’y avait pas le coronavirus » comme me susurre à l’oreille mon fils… et de lui répondre: « non en beaucoup mieux… »

 

Dire non !

DIRE NON !
Témoignage de confinement/ 12
par Yannick, de base 9 en tête-à-tête

Caméléon toujours prêt à sauter de branche en branche, adoptant naturellement la couleur de son environnement, toujours à l’écoute (tête-à-tête/cœur-à-cœur), toujours en réponse (base 9),
Vous me parlez de quoi ?
De confinement !

Quelle drôle d’invention !
Rester monochrome, restreindre les têtes-à-têtes et les cœurs-à-cœurs, vous plaisantez, Monsieur l’Agent?
Ah non !
Alors, au secours, donnez-moi le mode d’emploi!

Et puis, il a bien fallu s’y faire, passé la première semaine d’effroi.
Ranger les voiles extérieures , déployer les voiles intérieures.
Rechercher, puiser, ce que JE veux faire, vraiment.

Curieusement , au contact des co-confinés, cela a commencé par l’expression de ce que je ne voulais pas faire, par la défense de mon territoire,  l’affirmation de mes désirs, de mes attentes. Ah non mais!
Sans doute, le fait que la situation de confinement empêche tout évitement, toute dispersion…

Heureusement, une session sur la communication non violente s’était opportunément glissée début mars: Inspir/Expir (3 fois , au moins !), Observer, Accueillir ses émotions, Discerner ses besoins, Exprimer sa demande…
Vous connaissez… Mais quelle violence pour une personne de base 9!
Quelle expérience: je peux dire non, et je l’exprime!

Du coup les couleurs du caméléon étaient plutôt à l’intérieur…

Finalement, ce confinement, un bon apprentissage, certes un peu contraint, mais ô combien nécessaire!

 

La peur en vacances

LA PEUR EN VACANCES
Témoignage de confinement / 11
par Mathilde, de base 6

Quatrième semaine du confinement. Je m’interroge: en la période la plus anxiogène que le pays a peut-être traversé depuis des décennies, la peur, moteur de ma base 6 et ma fidèle compagne du quotidien, semble avoir pris des vacances. Mon moulin à stress intérieur s’est tu, et quand la plupart de mes amis racontent leurs difficultés à dormir, je n’ose dire que de mon côté, d’habitude insomniaque chronique, je dors (à quelques cauchemars près) comme un bébé, tranquille. Suis-je en plein déni de la situation? Ai-je un problème? Peut-être, finalement, ne suis-je pas une vraie 6?

C’est le bon moment que choisit Valérie pour me partager le témoignage vidéo d’un panel de 6, et là, soulagement, je me découvre normale (un rêve de 6, les 4 ne peuvent pas comprendre ;-)). Je ne suis donc pas seule à apprécier d’être enfermée dans le lieu le plus sécurisé qui soit: chez moi. Il faut préciser que mon appartement est prêt depuis que j’ai vu la situation s’aggraver en Italie, en février: en comptant sur le fait que je n’enlevais rien à personne puisque les circuits de production et de distribution étaient alors en parfait état, j’ai fait à cette époque provision de conserves, de livres et de dolipranes (non, pas de PQ, ça, je n’ai pas compris ;-)). Car si je tombe malade, il n’y aura sans doute personne pour m’apporter tout cela (anticipation du pire, ma vieille amie). Comme d’autres 6, j’étais prête pour l’apocalypse zombie ou environnementale, que j’anticipe depuis longtemps déjà, avec plus ou moins d’humour. Alors en plein pic de la crise, je suis rassurée: la situation est grave, mais bien moins pire que je ne l’avais imaginée.

Je me répète, et répète autour de moi les paroles de sainte Claire dans le roman Sagesse d’un pauvre d’Éloi Leclerc: elle y explique que si une novice brise une carafe, il lui incombe de la reprendre, de nettoyer les dégâts… mais si une novice met le feu au monastère… là, ce n’est plus son problème: à ce stade-là, c’est dans les mains du bon Dieu. Je n’ai aucune prise sur les événements actuels; il ne m’est donc pas difficile, pour une fois, de les remettre entre les mains de l’Autorité compétente.

Seule chez moi, je ne sors presque jamais. J’avoue que je n’ai pas besoin de trop me forcer: la sécurité de mon cocooning appart est inégalable (et ne vous inquiétez pas, j’ai un vélo d’appartement, plus de 300 kms au compteur depuis le 16 mars). Je crains surtout, non d’attraper la maladie (je ne fais pas partie des personnes à risque), mais de la transmettre à mon insu. J’ai rarement autant ressenti mon appartenance au corps social dont j’ai la responsabilité, à ma faible mesure, de préserver. Les comportements qui ne respectent pas les règles du confinement m’indignent au plus haut point.

Bien que la solitude soit une compagne que j’apprécie d’ordinaire, son expérience extrême en ces circonstances me pèse, et des vagues de tristesse me submergent parfois, avec une immense fatigue. Pour autant, ma chère aile 5 fait que je limite les contacts: le téléphone qui ne cesse de sonner, les envahissantes chaînes whatsapp m’insupportent, tout comme l’érosion de la limite entre vie privée et professionnelle qu’implique le télétravail. Je dois lutter contre la tentation d’un deuxième confinement : le repli sur soi.

Mais tous les confinements n’empêchent pas la souffrance de notre pauvre monde de frapper à ma porte. J’essaie de prier avec elle.

Septième semaine de confinement: le flou artistique qui entoure le déconfinement et les prochains mois perce la sécurité de mon cocon. Je sais qu’avec une certaine forme de retour à la réalité, l’angoisse reprendra ses droits. L’avenir de ma famille, de notre société et du monde me semble sombre. Si je méprise les discours qui parlent de réussir son confinement, comme s’il s’agissait d’un exercice de développement personnel, je reconnais qu’il m’aura quand même appris quelques trucs: il n’est pas d’angoisse que le vélo d’appartement ne remette à sa juste place; rien ne vaut le visage d’un être aimé en 3D; et si vous permettez à ma flèche en 3 de se vanter publiquement: j’ai aussi appris à faire des omelettes.

 

Un temps de moine

UN TEMPS DE MOINE
Témoignage de confinement / 10
par Katie, de base 9

L’aubaine pendant cette période de confinement est la nature du printemps qui m’émerveille et me ressource. La forêt vit pleinement et tranquillement en ce moment, et même si je n’ai pas la possibilité d’entrer dedans, je peux faire des balades tout près. Je découvre de jolies ruelles fleuries à deux pas de chez moi que je ne savais pas exister! Pour une personne de base 9, la nature est très importante. En plus le soleil nous accompagne tous les jours et mes chats me tiennent bonne compagnie aussi!

Le piège est de m’habituer au confinement et le calme. Je crains le retour à la bruit dans les rues, la vie sociale avec du bénévolat et des activités. J’ai appris à me contenter de peu – je fais les courses une fois tous les quinze jours, je n’achète plus de vêtements et j’ai dû soigner mes plantes de l’année dernière – pas possible d’en acheter d’autres! Je me suis adaptée assez facilement à ce temps et j’ai pu tisser des relations harmonieuses avec mes voisines qui peuvent être une force. Pour mes faiblesses je me rends compte que je deviens égoïste. Si je ne fais pas attention je deviens submergée par toutes les informations alarmantes venant des deux pays de la Manche (je suis britannique!) et tout ce qui circule en Social Media. Je n’arrive pas à choisir entre stations de radio ou faire le tri entre toute la nourriture spirituelle offerte par l’église catholique et l’église anglicane.

Ma première réaction était la peur d’attraper le virus et de me trouver dans l’hôpital de Fontainebleau ou de mourir. Il y a avait aussi un sens de soulagement d’avoir un agenda beaucoup plus calme parce que je n’arrivais pas à faire le tri moi-même et d’être libérée de certaines obligations.

Au début du confinement, j’étais déboussolée mais au fils du temps, j’ai trouvé une routine et les restrictions de sortie m’ont imposé une certaine structure dans ma journée. Normalement je fuis la solitude mais le fait qu’il y a beaucoup des personnes dans le même bain et que je sais que c’est pour me protéger, je l’accepte. Dans mes relations, je vois mes voisins tous les jours et je reste connectée avec mes amis par texte. Nous avons commencé à se téléphoner de nouveau. Je me sens plus proche à mes cousins en Angleterre avec des échanges quotidiens par la création d’un groupe WhatsApp. Dans un sens ce temps de moine me protège des relations trop prenantes. Le confinement a crée plus d’espace dans une certaine relation et a laissé développer une relation plus naturelle.

Je pense que nous sommes impuissants dans cette situation et nous devons tourner vers Dieu pour nous guider et nous guérir. Le pape François et monseigneur Aupetit sont des vraies lumières et me réconfortent. Leur foi, leur humanité, leur compassion, leur bon sens et leur parole toujours juste soutiennent et éclairent ma vie spirituelle. C’est nouveau de passer autant de temps à la maison et de prendre soin de moi. Je me rends grâce pour ma petite maison et terrasse où je me sens bien et je peux échanger avec mes voisins. Je prends plaisir à faire la cuisine en écoutant la radio et j’ai même semé des graines et les petites pousses qui apparaissent sont de vrais bonheurs.

Je participe très modestement dans cet esprit de solidarité qui est présent en ce moment. Par exemple j’ai utilisé mes talents d’informatique à créer des affiches pour l’EHPAD et j’essaie d’être à l’écoute de mes amis, et de rendre service à mes voisins âgés.

Voilà, j’espère de tout cœur que cette période nous a appris une nouvelle et meilleure façon à vivre…

Over the blues

OVER THE BLUES
Témoignage de confinement / 9
par Magali, de base 4 en tête-à-tête

Chers amis confinés, je suis de profil 4. Cette base 4 me réjouit aujourd’hui, elle est un pays d’accueil et une terre de lancement.

Cette période de confinement est une surprise. Si je suis honnête, je la craignais, je l’attendais. « Enfin! C’est l’heure du cœur. » Période intense? Certainement. Nouvelle? Évidemment. Au-delà de l’aventure, qui est un trait, voire un piège que je connais particulièrement bien et souvent prêt me jouer des tours, l’expérience que je vis est un tournant.

Je découvre combien je porte un trésor en moi, dont je ne soupçonnais pas la force: la puissance créative. Le tempérament du profil 4 me montre depuis longtemps cette essence animée. Sauf que je goûte nouvellement son sel: je ne fais pas mumuse avec des activités récréatives qui font marrer, je suis capacité créante.  Je suis. Je prends le temps de plonger dans ma couleur d’origine. Chanson, couture, texte, pain, mouvement, parole… Chaque geste ordinaire devient occasion de création, un prolongement que ma conscience visite.  Mon sous-type tête-à-tête colore ou précise cette forme de créativité: il s’agit d’une créativité qui s’incarne et tisse des relations. Elle crée du lien, lève du potentiel, jusqu’à une solidarité teintée de compassion. A partir de l’ombre, je peins des arcs-en-ciel.

Ces semaines confinées, je me suis mise à écrire et chanter devant mon ordinateur, osant poster mes créations douces, émouvantes ou fofolles, sans hésitation: oui, je partage cette suave folie. Plus elle sort, moins ça bout: libre, ça fait mouche et libère. Elle vient d’un cœur – volcan plein d’amour caché. Par ailleurs, je me suis mise à coudre pour les soignants avec le jeune mouvement bénévole, Over The Blues: coudre point à point des blouses avec cœur, pour des cœurs de soignants au bord du blues, penchés sur les cœurs souffrants… Pour une dame de cœur, piquer dans la matière est une aubaine: je place, je couds, je serre, je réalise. Chaque point, manche, repli, couleur et blanc sont des traces énergiques dans la matière, d’un cœur qui donne vers un autre qui se donne. Nous sommes une armée de couturiers, cuisiniers, dessinateurs, enchantés de l’expérience solidaire à l’hôpital.

Chers amis masqués, je fais l’expérience de mon âme originelle, démasquée: nue, vulnérable, habitée. Au cœur, la puissance aimante, iconoclaste, créatrice. Je suis une étincelle vivante, incarnée, relationnelle: des ténèbres à la lumière, une énergie connectée et joyeuse qui agit. Plus j’y consens, plus ça bouge: enfants, amis, cercles professionnels, et tant de nouvelles personnes dont je ne soupçonnais pas l’élan!

Chers amis troublés, j’expérimente l’espérance. Tandis que la mort rode avec la peur, la tristesse ou la colère, confiante, je fais ma part, contribuant à l’éveil des consciences; dans l’espérance d’un monde, le même et nouveau. Mes émotions sont fortes, mais elles circulent, fluides, et les vagues de l’âme s’apaisent. La joie prime, à mesure que j’ose le courage. J’expérimente une voie sans linceuls, une Pâques! A partir d’une vie ordinaire, je fais l’expérience de l’extraordinaire:

D’une liberté intérieure au temps du confinement,
De la fraternité au temps de la solitude,
Du sens de la vie, au temps de l’éclatement,
De la vie au milieu de la mort,
De Dieu Présence au cœur des choses, passionné d’amour pour ici, maintenant, avec nous.

Chers frères et sœurs démasqués, je me sens avec vous appelée; en ce qui me concerne, à déployer ce cœur-à-cœur: de soi jusqu’au cœur du monde. Une mission d’éveil, passionnante, ordinaire.

Je pense à vous, c’est l’heure du cœur !

 

https://www.facebook.com/magali.deforesta/videos/2880348622055381/

 

Les bases de l’ennéagramme

LES BASES DE L’ENNEAGRAMME

A l’occasion de l’enquête Ennéagramme et confinement, J 41*
Premier volet 

« Dieu fait à l’âme une grande miséricorde lorsqu’il lui permet de se connaitre. »
Sainte Thérèse d’Avila,
Les Demeures

Huit jours, huit témoignages pour mieux comprendre les enjeux de l’Ennéagramme.
En guise de rappel pour les anciens, de découverte pour les nouveaux.
Quatre femmes, quatre hommes qui font un arrêt sur image en période de confinement.
Six profils, sur les neuf que compte l’outil, qui nous dévoilent un peu de leurs ressorts intérieurs, leurs combats, leurs ressources, leurs talents et leur liberté de les mettre au service.

Pour ce premier point d’étape, quelques mots en guise de balises:

  • ÉMERVEILLEMENT: Ce qui me frappe à la lecture de ces témoignages, c’est la beauté de l’âme humaine, la simplicité et l’humilité des remises en question, la vérité vers laquelle ils tendent. Chaque personne est unique comme les empreintes digitales et demeure un mystère, c’est heureux. Ces témoignages évitent les caricatures et les généralisations de la typologie, en approchant un peu la complexité et la richesse des personnalités. Du dehors, on peut entendre par exemple que les personnes de base 3 sont opportunistes, mais lorsqu’on lit Nathan ou Barbara, on voit bien que leur intention est dirigée vers la vérité de la relation et que, dans la mesure où ils prennent conscience du piège de la confusion faire/être, ils peuvent mettre leur talent au service. En ce sens, un des challenges de l’Ennéagramme est l’accueil de chacun tel qu’il est, en commençant par soi, sans jugement. Et quand arrive une légère irritation devant tel ou tel trait de tempérament, de se demander ce qui, chez moi, est interrogé, en quoi cette personne qui m’agace a quelque chose à m’apprendre.
  • DIVERSITÉ: Le fait que nous soyons tous à la même enseigne dans cette période de confinement offre un terrain d’observation: nous n’y réagissons pas tous de la même manière et cela dit déjà quelque chose des bases de l’Ennéagramme. Cependant la méthode ne suffit pas pour embrasser la personnalité dans son ensemble. Nathan est cadre dans un hôpital, Catherine mère de famille, Barbara thérapeute, Christian retraité; et cela change la donne. Et puis il y a l’histoire de chacun, le contexte socioculturel, l’éducation reçue, à prendre en compte. D’autres outils peuvent compléter l’investigation, notamment thérapeutiques, comme la Psychogénéalogie ou la méthode Vittoz.
  • RESSEMBLANCES: Pour autant certains points communs se dégagent, notamment dans les témoignages croisés de Pascal et Alexandra en base 6: leur orientation positive de départ est la même: la fiabilité, qu’ils cherchent à vérifier en toutes occasions, via leur passion (neutre) d’inquiétude. Pour cela, ils anticipent sans cesse (nous voilà loin, au passage, de la conjugaison du présent de Catherine, en base 8), pour le meilleur et le moins bon; repérant les failles, notamment de l’autorité, se préparant au pire, dans le but d’assurer la sécurité de chacun. Leur piège commun: les scénarii catastrophes, la période y est propice… Leur talent: une vision si large qu’ils sont prêts à toute éventualité et peuvent développer une loyauté à toute épreuve.
  • MOTIVATION: Ainsi nous voyons qu’au même endroit se trouve le talent et le combat, les forces et les faiblesses. Pour chacun, le risque c’est le trop, l’excès, penser que ma manière de voir les choses, moi-même et le monde, est la seule manière. A trop vouloir l’harmonie, Maguelonne en base 9 en oublie ses propres besoins;  à chercher l’action à tout prix, Nathan en base 3 peut s’y épuiser; à voir toujours le bon côté des choses, François en base 7 risque d’occulter une partie de la réalité. Et chacun peut ainsi en arriver à l’effet inverse de celui recherché: rupture de l’harmonie, burn out, superficialité…
  • CONSCIENCE : En stage, je n’ai jamais rencontré une personne de mauvaise volonté. En revanche, j’y entends souvent: « c’est plus fort que moi ». C’est bien souvent parce que la personne n’a pas conscience de son moteur, de ce qui la rend réactive de manière récurrente. La simple conscience de ce moteur permet d’apprendre à se garder de ses travers, de ses trop, de ses excès. Il s’agit selon l’expression de Maguelonne, de se prendre en flagrant-délit pour faire stop, oser un pas de côté et s’ajuster aux événements de manière plus libre. Rencontrer en stage des personnes qui ont les mêmes ressorts que nous et ont pu mettre en place certaines pare-feux, peut aussi être une aide précieuse.
  • VERTU: La conscience pourtant ne suffit pas si aucun acte n’est posé pour changer les habitudes. C’est là que la vertu, juste milieu entre deux excès, peut prendre le relais. Ainsi, le courage est la vertu de la base 6, juste milieu entre la témérité et la couardise. Un jour après l’autre, à petits pas, elle permet de créer de nouveaux circuits neuronaux qui rendent la liberté plus facile et plus agréable. Car « le signe de la vertu, c’est le plaisir », dit Aristote.  Encore faut-il connaitre la vertu tête-de-pont qui est la nôtre, et qui entraîne les autres avec elle, selon le principe thomasien de la connexion des vertus. Pour laisser moins de prise au découragement en nous battant sur tous les fronts.
  • TALENT: Et cette vertu permet l’accès à notre talent propre. Pour Christian, offrir ses connaissances, par la vertu de générosité, au risque de l’intrusion; pour Catherine, développer son énergie vitale au service de sa famille, en « domptant son dragon intérieur » par la vertu de douceur; pour Maguelonne, œuvrer à l’harmonie en apprenant à dire non, par la vertu de l’action juste etc.

Nous avons besoin de chacun pour que le monde tourne et soit beau, à nous la liberté de mettre au service les talents que nous avons reçus.

Nous reviendrons dans d’autres articles sur:

– Les POINTS TECHNIQUES que certains stagiaires évoquent, comme les flèches et les ailes.
Les sous-types ayant été traités ici , les centres d’intelligence ici, les vertus ici.

– La relation qu’il peut y avoir entre CONNAISSANCE DE SOI & VIE DE FOI

– La place du corps et le choix de la MÉTHODE VITTOZ comme moyen d’évolution.

* L’Ennéagramme est une méthode de connaissance de soi et de compréhension des autres qui se transmet en groupe, par tradition orale. Il ne peut se réduire à une étude mentale qui en figerait les manifestations et  sa fécondité se trouve dans le mouvement, l’expérience, les échanges. C’est par eux que quelque chose de moi peut se révéler, qu’une prise de conscience peut jaillir.
En ce sens, le confinement est une frustration – les échanges humains qui sont au cœur de la méthode ne sont plus possible pour le moment. Mais il peut aussi se révéler une opportunité car la situation particulière peut-être un révélateur: ma réaction première et son développement dans le temps peuvent me surprendre moi-même. En tous cas, ils parlent de moi, de mon intérieur, de mes ressorts, de mes motivations profondes, parfois inconscientes.
C’est pourquoi l’idée d’un panel virtuel a germé et nos stagiaires y ont trouvé l’occasion de témoigner de leurs découvertes, un grand merci à eux! Le panel est la spécificité de la tradition orale et consiste à témoigner concrètement de ce qui se passe au-dedans et qui ne correspond pas toujours à ce que l’on voit au-dehors. Repérer ses points de blocage, ses ressources inutilisées en temps normal, ses voies de progression, ses talents. 
Sans doute ces témoignages peuvent présenter certaines parts d’incompréhensions pour qui n’a pas entrepris la démarche, qui ne saurait se faire sans le groupe hic et nunc. Cependant, la diversité des témoignages peut faire émerger quelque chose de cette démarche et c’est l’objectif de cette enquête.

Oser la vulnérabilité

OSER LA VULNÉRABILITÉ
Témoignage de confinement / 8
par Alexandra, de base 6 en tête-à-tête

A l’heure où le confinement n’est encore qu’une éventualité, je fais preuve d’anticipation raisonnable. J’achète quelques biens nécessaires au bon fonctionnement de la maison pour une longue période mais également de la peinture en vue de travaux décoration d’intérieure, des livres, des achats secondaires au cas où…

La peur d’un virus inconnu est présente. Ma crainte se porte moins sur le fait de l’attraper que sur l’éventualité de contaminer des personnes plus fragiles. Le confinement est imposé. Me retrouver isolée physiquement dans la maison avec mari et enfants est une situation plutôt confortable pour mon profil 6 qui considère son foyer comme un havre de paix et se sent en sécurité entouré des siens. Le respect des règles légitimes et œuvrant pour le bien commun: facile! Respecter celles qui manquent, à mon avis, de cohérence et qui sont prises dans l’urgence: moins facile!

Début du confinement, mon centre mental est très occupé à collecter des informations (mon sous-type tête-à-tête a rendez-vous tous les soirs avec le JT), à scruter les incohérences dans la gestion de l’épidémie, à observer le manque de bons sens dans les décisions prises par les autorités. Je suis à la recherche de clarté et de certitude. J’observe que le gouvernement navigue à vue, ce qui ne me rassure pas sur la suite des événements. Flottements dans les actions à mener et discours ambigus sont loin de satisfaire mon esprit toujours en alerte. Je réfléchis à l‘évolution de la société, aux répercussions sanitaires, économiques et politiques, au monde d’après: les prises de consciences porteront-elles du fruit? J’ai du mal à m’abandonner à la Providence et à baisser la garde.

Arrive le temps de la Semaine Sainte, les yeux rivés sur le Christ, je coupe les sources d’informations et me recentre dans la prière. Alors, une certaine tranquillité d’âme s’empare de moi. Une confiance m’envahit, j’éprouve une solidité intérieure. Je suis vivante et ancrée dans l’ici et maintenant. La réactivité de mon profil est moindre; je prends le temps d’apaiser mon mental, de contempler la nature qui s’éveille sous mes yeux, de profiter des moments familiaux empreints de joie et d’amour.

Mon sous-type est à l’œuvre: longs moments d’échanges, de rire et de contemplation avec mon époux. Temps passé à écouter et discuter avec chaque enfant, prendre en compte leurs besoins en fonction de leur tempérament. A ma mesure, j’apporte ma pierre à l’édifice du bien commun en confectionnant des blouses pour les équipes médicales. Le dépassement de soi des personnes qui sont en première ligne, la solidarité et l’entraide révélés par la crise sanitaire m’enchantent et m’apaisent.

Une aile 7 permet de me connecter aux plaisirs de la vie confinée et à l’ébullition d’une multitude de projets après confinement. Une aile 5 apporte prise de recul et approfondissement de sujets psychologiques, philosophiques et théologiques qui m’intéressent. Une flèche en 9 permet de m’inscrire dans un temps long, de contempler la nature, de m’émerveiller des petites choses. J’ai la sensation de faire partie d’un grand tout, d’être reliée à l’humanité qui vit une épidémie à échelle mondiale. J’accepte cette situation exceptionnelle en me disant qu’elle s’inscrit dans le cours des choses. Une flèche en 3 me ramène au centre cœur. Par deux fois, une vague de tristesse profonde et intense semblable à une lame de fond m’envahit. En temps normal, je suis en lien avec les autres essentiellement en pensée: je ne suis pas adepte de coups de fil multiples et variés. Le lien étant coupé par la contrainte de l’isolement, alors le besoin de me relier aux autres se fait sentir, j’ai besoin de voir amis et famille, leur visage en visio et d’entendre leur voix.

Prise de conscience par rapport à mon profil 6: Je me révèle dans l’adversité et les difficultés. Alors me revient la parole de Saint Paul aux Corinthiens : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort ». Je suis un soutien indéfectible pour les miens en temps difficile. Je suis la vigie sur le pont du bateau dans la tempête qui permet de garder le cap. Mon centre mental bien utilisé permet d’organiser et de gérer la vie de famille afin d’essayer que tout se passe sans heurt. Il me permet également de réinventer le quotidien, de faire preuve de créativité, d’humour, de joie et de légèreté dans des circonstances insolites. Mon esprit est toujours en éveil, de nombreuses questions se bousculent encore et toujours dans mon esprit. Je sais que les Et si… ne sont jamais bien loin. Alors j’accepte les incertitudes et l’inconnu des lendemains. J’ai foi en l’avenir, en la capacité de l’homme à rebondir après les difficultés et à se transcender. Et si cette foi et cette confiance permettaient au profil 6 d’accéder au courage d’affronter les épreuves? Je prends conscience que la vie est un don et je rends grâce à Dieu pour ce don merveilleux!

Même pas mal ?

MÊME PAS MAL ?
Témoignage de confinement / 7
Par Christian, de base 5 en tête-à-tête

Je savais bien que l’incertitude régnait dans ce monde et qu’il n’était finalement qu’un patchwork de terra incognita d’où pouvaient surgir à tout moment des phénomènes qui augmentent dangereusement votre dépendance.

Dépendre immédiatement de ce que font les autres, de ce qu’il savent et que vous ne savez pas, voilà une situation délicate pour une personne de base cinq. Observer que même des médecins ont pu, dans les premiers temps de la crise que nous vivons, présenter des croyances comme des vérités, il n’en faut pas plus pour vous mettre en tension.

Alors vite, se mettre à la recherche d’une information suffisamment factuelle et froide, voilà une piste utile pour éviter une intrusion qui peut vous mettre en pièces. Car, quand on y songe (et on y songe beaucoup), quoi de plus intrusif qu’un virus imperceptible par nos sens qui agit à votre insu et qui se nourrit de votre intimité?

Alors le confinement devient une solution facilement acceptée quand on n’est pas sans repères dans cette forme de détachement. Ce temps entre parenthèses m’a permis, par exemple, d’écrire à mes petits enfants pour qu’ils puissent lire plus tard un témoignage de leur grand-père sur la crise sanitaire en cours. D’usage plus immédiat, j’ai également écrit pour eux un petit conte illustré qui met en scène un méchant microbe minuscule et tout noir. Un peu de connaissance pour la route.

Le monde continue à s’activer et de très belle manière. On ne perçoit aucun renoncement, bien au contraire. J’y participe à distance. Quelle nourrissante émotion! Et puis, il faut bien l’avouer, être en tête-à-tête avec la femme de sa vie, quelle aubaine!

Je cite pour finir le poète Jean-Pierre Siméon qui commentait récemment le chemin de croix: « La pire des ruines: quand la ruine est en nous et que la lumière est impossible ».

 

La conjugaison du présent

LA CONJUGAISON DU PRÉSENT
Témoignage de confinement / 6
par Catherine, de base 8

Si je tenais un journal pour cet étrange moment, je crois que c’est le titre que je lui aurais donné. Voici plus d’un mois que nous sommes assignés à résidence… Une chose est sûre, j’ai très vite assimilé le fait, de la même manière que j’ai encaissé les quelques coups que la vie m’a déjà donnés. Résilience doit être mon deuxième prénom!

J’ai vite réalisé que mon rapport au temps s’était comme condensé: les journées passent à la fois très vite et très lentement, mais je les prends toutes comme elles viennent, sans revenir sur hier, sans penser à demain.

Le rythme s’est imposé de lui-même; se lever tôt pour être la première à la boulangerie, puis aller marcher dans la campagne , seule ou avec mon mari. Tôt parce qu’on y croise personne (non par souci d’hygiène ou peur du postillon, mais je l’avoue pour ne pas faire comme tout le monde…), et tôt parce que le matin est un festival sensoriel; l’odeur des aubépines mouillées, le chant des oiseaux, la rosée du matin qui trempe les chaussures…

Puis la journée est par alternance soit très active; il faut nettoyer, balayer, astiquer (après tout je suis flamande!) mais la frustration est forte; je ne peux pas faire autant de bruit que d’habitude. Parce que oui, c’est vrai je caricature un peu mais j’adore le bruit de l’aspirateur sur fond de musique poussée au maximum! Et je ne sais pas pourquoi mais mari et enfants préfèrent le silence pour travailler au calme… Soit très active donc (le travail que je fais en télétravail est vite et bien fait ); soit… merveilleusement paresseuse. Mon moment de la journée préféré est celui où je vais m’asseoir sur la terrasse et laisser le soleil me réchauffer, ne pas penser, ne pas réfléchir, juste… être là.

J’essaye de ne pas trop être branchée à l’information, parce que je l’avoue , la colère monte vite. C’est vrai que c’est difficile pour moi qui n’en ai jamais fait qu’à ma tête, de me soumettre à ces autorisations, à ce régime contraignant , parfois ça m’étouffe presque… Mais quand je lis ici ou là par exemple, la relation des abus de quelques représentants de l’ordre, la rage monte et le drapeau noir de l’anarchie n’est pas loin!

Spirituellement, je découvre, sans surprise que décidément je ne suis pas mystique. Plus que la prière, ce qui résume ce en quoi je crois c’est la formule: aime ton prochain, ce n’est pas très facile quand on est enfermé chez soi se dit-on… Et puis finalement, cela peut être sourire à la boulangère grognon, laisser passer une vieille personne devant soi au supermarché, prendre le temps d’appeler ou d’envoyer des SMS à ses amis, appeler les dames de la maison de retraite que je vais d’habitude visiter, faire envoyer des fleurs à nos mamans… Et puis prendre soin de mes enfants, de mon mari, essayer de dompter mon dragon intérieur pour qu’ils ne reçoivent pas une flammèche trop vite partie, faire de la maison un endroit agréable…

Je n’accomplirai aucun exploit pendant cette drôle de guerre, je reste une simple mère de famille, mais ce que je fais c’est moi, libre et indépendante qui le décide et ça ça ne changera pas !