Archives de catégorie : Base 3

Un opinel

UN OPINEL
par Anselme
de base 3 en survie

Après 5 modules de l’ennéagramme sur presque 3 ans, qui me permettent de me découvrir de base 3 en survie, voilà que je réalise enfin le projet d’apporter mon témoignage à nos chers Maillot.

En anticipation du module 5, il nous est demandé de rapporter un objet qui m’est cher. La réponse s’est imposée à moi. Facile: il est déjà dans ma poche.

Mon objet? Un opinel taille 10 qui comprend, en plus de sa lame, un tire-bouchon intégré. J’aime cet objet. Il est tout simple. Il est humble. Il est en bois, un matériau que j’aime. Il est lourd. Il est gros. On le sent puissant. Je le sens infaillible. Je le sens dur à la tâche. Il peut s’attaquer à n’importe quel travail:  couper du bois, écraser un clou, trancher la côte de bœuf (dont la cuisson sera évidemment parfaite), découper un sanglier à la chasse… etc. Il est le compagnon nécessaire à l’ouverture des bouteilles que les copains pensent à rapporter mais en ayant oublié le saint tire-bouchon… Il sauve de cette frustration face à la bouteille fermée. En ça, ou pour couper le saucisson, il est le compagnon de la convivialité. Il vit bien dans sa poche, fermé en attendant son heure, en tête à tête avec son usager, et est utile voire indispensable au groupe. Il est adaptable et efficace.

Il n’a pas de valeur à proprement parler. Sa valeur réside dans son usage, dans ce que l’on en fait. On a pas peur de l’abîmer le cas échéant, pourvu qu’il vive. Si on le casse ou le perd, on lui gardera une certaine nostalgie (à la fois pour les moments partagés avec lui mais aussi pour l’affection que l’on a placé en lui), mais on le remplacera… par le même.

On l’aura compris, cet opinel c’est un peu moi-même. Ca fait longtemps que j’ai fait ce parallèle. Au M1 j’écrivais dans ma devise: Tu es ce que tu fais. J’éprouvais une fierté immense à déclamer cette phrase qui me semblait d’une évidence lumineuse et d’une énergie extraordinaire. Déjà à l’époque cet opinel me représentait: je me sentais aimé et indispensable pour ce que je faisais. Tout se résumait en ce mot : FAIRE.

Depuis, j’ai personnalisé mon opinel en le gravant moi-même (à l’aide d’une dremel avec son arbre flexible et une micro fraise de bijouterie). Là encore c’était un projet en soi. J’ai gravé une croix celtique plutôt bourguignonne aux motifs minutieux et pensée de longue date. Sous la croix, j’ai gravé une vouivre qui s’enroule sur elle-même. Peu importe le modèle, ce qui compte c’est sa source d’inspiration: la vouivre du Pape des escargots, ou des Etoiles de Compostelle de Henri Vincenot. La croix semble l’écraser non pas au sens ou elle vaincrait la vouivre mais plutôt comme si elle devait la remplacer. C’est aussi pour cela que la croix se situe au-dessus. La signification de ces gravures me direz-vous? La vouivre, par les romans qu’elle incarne, représente mon coté survie. Un ancrage terrien inscrit dans le réel. Elle symbolise ce qui m’anime en profondeur: la terre, la billebaude, la chasse, les anciens, le vin, la nature, une forme de quête. Elle me représente, moi, profondément. La croix, quant à elle, incarne l’idéal vers lequel je sais devoir tendre même si je ne sais pas comment y parvenir (pour le moment).

Je lisais à un autre endroit sur ce blog que, en 3, il y a une vraie difficulté à habiter son intérieur. Je me sens concerné par ce constat qui embrasse aussi bien l’aspect spi que psy du 3. De façon plus large, cette gravure, c’est mon intériorité qui était présente dans le volume du bois, au fond de moi et que j’ignorais, préexistante, et que j’ai faite émerger. Partiellement tout du moins. Aimer c’est être sans repos devant le mystère de l’autre, nous a dit le prêtre qui nous a fiancés. J’affirme que cette phrase peut être applicable à soi-même. C’est une des grandes leçons que je tire de ces dernières années: je me suis découvert. Je me suis découvert en tant qu’ÊTRE.

5 modules de l’ennéagramme et un burn out plus tard, je suis toujours tenté de ne voir cet opinel (et donc moi-même) uniquement par le prisme du FAIRE. Mais j’ai appris. J’ai grandi. J’ai grandi par moi-même, par la force des choses, par les autres, et grâce à certains. C’est avec une certaine mélancolie que, désormais, quand je le regarde, j’y vois davantage. J’y perçois le chemin parcouru, ce qu’il représente et surtout, son envie d’ETRE. Et je l’aime encore plus.

Abba, le retour

ABBA, LE RETOUR
par François

 

 

A l’occasion de la sortie du nouvel album d’Abba, Voyage, quarante ans après le précédent, retour sur une success-story pop plus complexe en réalité qu’au premier abord.

Il est délicat de se lancer dans des hypothèses quant aux types et sous-types des quatre membres d’Abba de leur vivant. Je prends donc le parti de laisser à chacun son mystère et de me risquer à une hypothèse de groupe, comme on peut le faire d’un pays ou d’une communauté par ce qui se dégage de leur histoire et de leur musique; par analogie. Ici, clairement, c’est l’hypothèse 3 en survie qui m’apparaît.

Tentative d’explication.

Abba c’est d’abord un pays, la Suède. Notre base de l’ennéagramme est influencée par l’environnement dans lequel elle s’est développée (cf pour nos stagiaires les trois cercles horizontaux de la personnalité): ne pas oublier que la culture suédoise est gentille, lisse, très social-démocrate, bref sans aspérités (avec d’heureuses exceptions comme le cinéma de Bergman). Et que la base 3 s’adapte à son environnement.

Abba c’est ensuite un premier duo: Björn Ulvaeus et Benny Andersson qui composent ensemble une poignée de chefs d’œuvre à la fin des 60’s et qui s’enferment des semaines en studio vivant une intimité musicale rare.

Et puis Abba, ce sont deux couples: Björn épouse Agnetha (la blonde) et Benny Frida (la brune). Deux couples avec enfants, qui vivent une vie bien rangée à la maison et en studio. Pas de drogue, pas d’alcool, du sexe mais seulement en couples, mariés. Tout cela tranche avec la permissivité sans limite des 70’s. Un ensemble qui fait assez penser au sous-type survie.

Abba c’est surtout une machine à tubes, une entreprise incroyable. Avec leur manager Stig Andersson qui est un copain et participe parfois à la composition des arrangements, le groupe enchaîne les succès. Mais Abba c’est aussi une machine à fric qui révulse à l’époque le monde du rock. Prises de participation dans des entreprises pétrolières, construction d’un petit empire économique. Pas de souci, les familles sont bien à l’abri. Le mot sécurité du 3 en survie résonne allègrement.

Ce qui est passionnant c’est de considérer leur musique sous cet aspect-là également. Le côté kitsch, le mauvais goût des arrangements qui se veulent absolument grand public, consonnent avec celui des tenues, paillettes et autres fanfreluches. C’est d’autant plus intéressant que les premiers morceaux du duo, certes composés dans les 66-68, âge d’or d’une pop baroque à l’orchestration de haut-vol, faisaient montre d’une grande finesse de réalisation. Il faut se rendre à l’évidence: ce kitsch a été un choix, un choix pour toucher le plus grand nombre, des lycéennes fleur bleue aux ménagères en blouse. Et ça a marché. Et cette capacité à assimiler les codes de la mode disco et de la variété internationale, traduisent une exceptionnelle faculté d’adaptation. Mais pas dans un sous-type social car Abba n’est absolument pas concerné par le prestige. Le monde de la musique les regarde de haut: eux, ils vendent des disques, le reste leur est indifférent.

Mais on ne saurait en rester là. Les émotions sont très présentes dans la musique d’Abba, mais elles doivent passer au crible de la mise en mots, de la mélodie, mais aussi des arrangements qui viennent la recouvrir, la masquer, voire la contredire pour qu’elle ne soit jamais à nu. Comme si Björn avait volontairement travesti ses pépites mélancoliques derrière un voile de kitsch et de mauvais goût, pour que la tristesse insondable des morceaux ne soit pas repérée. Le trésor est caché, inviolable, peut-être même au groupe lui-même: accéder à l’émotion telle qu’elle est pourrait entraver l’efficacité. L’émotion est le moteur, mais elle est réprimée.

Le paradoxe est donc que, par goût d’une certaine réussite et d’un certain conformisme, mais aussi par souci de cacher ce qu’ils avaient de plus intime à livrer, les membres d’Abba ont déguisé leurs pépites pop en ritournelles de supermarché. Ils ont atteint ainsi leur objectif de réussite matérielle, à travers les émotions les plus profondes, sans dévoiler leur intimité. Et, réussite ultime, le monde du rock qui a méprisé Abba pendant des années reconnaît la beauté indémodable et la profondeur de leurs mélodies.

Pour finir, une anecdote frappante. Un des tubes d’Abba, une de leurs chansons les plus poignantes est The Winner takes it all qui évoque la séparation du couple Björn-Agnetha. Et bien, Agnetha ose la chanter les larmes aux yeux à côté de son mari dont elle se séparait, tandis que lui a toujours nié que leur histoire avait inspiré la chanson, contre toute évidence…

NB
Sans doute ne suis-je pas objectif mais quand ma fille, de base 8 en tête-à-tête, chante cette chanson avec pour seul accompagnement sa guitare acoustique, c’est comme si l’émotion d’Abba pouvait s’autoriser à se manifester sans artifice, avec force et douceur.

 

 

 

 

 

Du burn out au petit prince

DU BURN OUT AU PETIT PRINCE
par Yves
de base 3 en survie

Une adolescence perturbée pendant de longues années par un cyclone relationnel. Il faut se relever à 20 ans, se pencher pour ramasser son cœur en miette et son âme en lambeau car la vie est devant moi. Et la vie renaît comme un printemps permanent et en accéléré, mariage, enfants, armée de l’air… Je décolle donc. Mais pas à n’importe quelle place: dans le cockpit s’il vous plait! De projets en projets, rien ne pouvait plus me stopper à présent. En avant, il faut suivre! Et le plus beau, c’est que mes réalisations dans lesquelles je mettais toute mon énergie réussissaient, et j’aimais en montrer les succès. C’était le kérosène de mon réacteur intérieur qui paraissait ne jamais craindre la panne sèche! A vive allure donc, trop vite, trop longtemps, jusqu’au mur du burn-out à 50 ans!

Dans ce désert, soudain, comme mon frère d’arme Saint-Exupéry, l’avion construit de cuirasses en cuirasses de l’oubli du passé se brisa en rencontrant la réalité du sol. C’est alors que je découvris mon premier stage ennéagramme qui me permis de voir dans le chapeau, un serpent qui avait mangé un boa!

Moment inoubliable de découverte de la planète 3! Une grosse planète (la plus grosse, enfin, c’est ce que je crois!) Il y fait un grand soleil pour qu’on la voit mieux. Un tas de gens bien habillés vont et viennent, avec, bien sûr, le business man. Je m’approche de l’un d’eux:

« – Holà, pourquoi avez-vous une si grosse montre au poignet?

Ici, les gens ont besoin de vous prouver que leur montre est signe extérieur de richesse et le temps est précieux chez nous. Excusez-moi, j’ai des projets qui m’attendent, à moins que votre présence soit efficace! »

J’y ai passé deux jours de stage M1 pour découvrir que cet apparat, ces réussites magnifiées, masquaient des fragilités dont je prenais conscience désormais et l’histoire de ma jeunesse pouvait enfin être revisitée par ces questionnements salvateurs!

Cette énergie d’entrainement, de réussites, qui m’a toujours habitée, je pouvais désormais l’ajuster sans rendre aveugle celui qui me regarderait par un éclat immodéré! Sur ma planète 3, j’avais le droit d’être désormais moi-même, vu avec mes fragilités. Quel élan d’inaction j’ai découvert! Je peux être aimé sans être obligé d’en mettre plein la vue et de m’épuiser. Quelle libération! Mon être profond et ma conscience, comme le renard et son petit prince ont décidé de se rapprocher pas après pas  pour s’apprivoiser.

C’est alors que mon voyage a pu reprendre vers d’autres planètes devenues amies et complémentaires, de rivales qu’elles avaient été pour moi autrefois. J’ai trouvé très sympathique l’allumeur de réverbère en 7, le roi en 8 et tant d’autres. Ma planète n’est plus la meilleure à mes yeux, mais placée dans un bel équilibre harmonieux.

De stages en stages, j’ai reconstruit mon avion. Il est devenu plus léger et j’ai retrouvé des ailes portées par le vent de la liberté intérieure…

Bon voyage à ceux et celles qui veulent tenter l’expérience, vous ne reviendrez plus comme avant!

 

Kaléidoscope

KALEIDOSCOPE
Par Sœur Louise
De base 3 en tête-à-tête

Je me sens parfois comme un cheval un peu sauvage, qui s’emballe facilement, prêt à se lancer dans une grande aventure, une traversée, avec tous ceux qui sont prêts à s’embarquer, sûr qu’il aura la force nécessaire pour atteindre son but, que rien ne pourra l’arrêter ou les empêcher. Il faudra peut-être parfois un peu ruer ou faire quelques écarts à gauche et à droite, voire même bousculer l’un ou l’autre en passant…

S’arrêter, prendre le temps d’une pause sera toujours difficile… seulement s’il faut! Mais pas trop longtemps! Il faut avancer!

Étonnamment le soir, à l’étage, notre cheval laissera peut-être la place au petit oiseau, une mésange, qui sera heureuse de partager un repas au coin du feu, avec d’autres, connus ou de préférence inconnus, et même peu considérés. Ecouter, chanter, prendre du bon temps ensemble et se rappeler d’où nous venons : tout cela sera très bon.

Régulièrement c’est aussi la petite ermite qui montre le bout de son nez: elle a un besoin farouche de se retrouver face à elle-même et à son Dieu qu’elle aime et dont elle se sait aimée depuis toujours. Maître de ce silence qui la refait, reprendre un contact prolongé avec notre mère Nature, qui l’engendre et l’enseigne, l’accueille toujours les bras grands ouverts, avec ses arbres si solides et uniques, la nourrit par sa pâque permanente, sa vie foisonnante et silencieuse, son chant gracieux et virevoltant, sa danse délicate et enivrante.

Ces différentes facettes, me demanderez-vous peut-être, peuvent-elles être amies et se conjuguer dans la tendresse?  Avec le temps et l’enracinement, la tempérance et le respect, un peu de sagesse, qui ne peut naître que de la brisure dé-couverte, cela peut donner naissance à une belle symphonie! C’est accepter d’être simplement un petit vase d’argile qui se laisse façonner, creuser, vider… et finalement trouver par la divine lumière.

Ou… un gruyère, après en avoir patiemment et douloureusement vidé les trous, qui se rend au Père dont il reçoit son si bon goût. Et finalement, les petits trous, ce n’est pas laid du tout ! La place est de nouveau libre pour recevoir, faire fructifier et rendre grâce: une nouvelle dynamique s’enclenche peu à peu.

La vie qui s’était un moment affaiblie… jusqu’à trembler de peur et frôler la mort et son pouvoir destructeur… la vie peut de nouveau dévaler mais maintenant doucement canalisée, comme un ruisseau qui bondit joyeusement dans son lit, comme une agnelle toute confiante dans le troupeau près de sa mère. Le mouvement des saisons continue, dans une nouveauté qui surprend toujours: c’est la bonté de notre Dieu, qui fait toute chose nouvelle, quand elles sont remises dans ses mains paternelles, par l’enfant caché en nous qui s’éveille… jusqu’au jour du Face-à-face éternel.

Le couple comme forêt vivante

L’ARBRE ET LE ROCHER
Métaphore d’un couple
par Florence de base 6 et Benoît de base 3

La forêt de Fontainebleau respire la nature et la vie! Merveille des merveilles… On s’y ressource, on s’y promène, on y discute, on y court, on y aime. Déjà vingt ans qu’ils se sont installés à sa lisière…

Elle, de son côté, doit être un de ces rochers de grès qui surplombent la forêt. Quel point d’observation formidable, offrant une vue inégalée sur tout type d’obstacle qui pourrait survenir… On n’est jamais trop prudent. Allons en haut du rocher pour voir au loin; et si un cerf bramant surgissait? Et si une biche nous offrait ses bonds les plus splendides? Surplomber et voir au loin: voilà la mission du rocher vigie, qui a besoin de se rassurer pour ne pas risquer d’être trahi par son environnement. A travers ses formes tout autant surprenantes qu’impressionnantes, le rocher s’émerveille chaque jour de son ancrage improbable dans le sable blanc, illustration de sa force apparente. Solide et fidèle, ils’intègre harmonieusement à la forêt qui l’entoure.

Et lui est cet arbre, vivant et robuste au milieu des rochers. Il se bat au cœur de la vie. Il veut être fort, il veut être remarqué parmi tous ses congénères! C’est le genre de défi qu’il affectionne particulièrement: s’adapter à son environnement pour réussir, et quoi de plus difficile que de s’épanouir au milieu des rochers, planté dans du sable… Cette énergie lui donne du courage, pour persévérer dans sa recherche de soleil et de ciel bleu, et grandir, ainsi, encore et toujours. Son objectif: pouvoir parler à ses voisins et leur dire j’y étais, et je l’ai fait ! Il fera face à la tempête et ploiera tant et plus, au risque de se mentir à lui-même sur sa force de résistance. Sa quête de la vérité est intacte; rompre lui est interdit !

C’est là, au sommet de cette belle forêt, que l’arbre et le rocher se sont rejoints, unis par le même désir, celui de partager une même aventure ensemble.

Volcan et feu pour un mariage

unnamedLE VOLCAN ET LE FEU
Métaphore d’un mariage
par Anne-Sabine de base 8 et Patrick de base 3

Qui le premier du volcan ou du feu a  commencé ?

Certainement le volcan : de ses entrailles est monté brutalement un nuage de fumée, instantanément suivi d’explosions de pierres, d’étincelles et de crépitements… Il voudrait bien se calmer mais, trop tard ! Le couvercle a sauté… Une fois de plus, ce Vésuve bouillonnant de colère a fait des ravages, la nature est blessée…

Lui qui aime tant abriter sur ses flancs forêts, fleurs et quelques habitants, il n’a su s’arrêter. Tristement un nuage de cendres grises s’est ensuite déposé à ses pieds…

ob_3c61f0_volcan-de-fuego-eruption-july-28-2016Pendant ce temps la lave a coulé : le feu majestueux et noble s’est emparé de la nature pour l’illuminer. Il a couru sans s’arrêter, entraînant tout sur son passage. Il ne peut s’empêcher de passer d’arbre et arbre, réchauffant plus qu’il ne faut la nature impuissante à résister. Quelques oiseaux inquiets d’une telle énergie voudraient bien, si possible, pouvoir se reposer. Mais le feu continue sa course méthodique, se laissant tout à la fois admirer et craindre, non sans une certaine fierté…

Et le volcan gronde toujours.
Et le feu, toujours, poursuit sa course effrénée.

Quelle idée Dieu a-t-il inventée, que de laisser se croiser le volcan et le feu ?
Quelle chaleur, quel bruit, quelle énergie ! Tout y est démultiplié…

Puy de Pariou et puy de Dome, Chaine des puys, vue aerienne, 63, Auvergne, franceUn jour, peut être, le mariage du volcan et du feu ressemblera à ce paysage reposant des volcans d’Auvergne, ronds et verts, paisibles et reposants, où l’on viendra puiser une eau fraîche et pure, où le seul feu sera celui de modestes brindilles…

Allons,  ne rêvons pas… une vie n’y suffit pas…

Mais comme rien n’est impossible à Dieu, l’Eau Vive pourrait un jour calmer leurs ardeurs : Espérons !

 

L’abeille : métaphore de la base 3

unnamedL’ABEILLE
par Lucie
de base 3 en survie

La nature est  resplendissante en cette tendre matinée de printemps. Tous mes sens sont en alerte dans cette campagne verdoyante. Le soleil offre une douce chaleur qui se répand délicatement dans tous mes membres, la légère brise fait chanter les fougères, une délicieuse odeur d’humus envahit l’espace. Je m’approche de la forêt. Le muguet se cache aux yeux des rares promeneurs qui osent sortir à la rencontre du renouveau. Le paysage est d’une beauté à couper le souffle. Nature vertigineuse. Je vagabonde au gré de mes pas quand soudain, au détour d’un chemin mes oreilles captent un timide bruissement. Je m’approche à pas de velours, curieuse de connaître l’origine de ce bourdonnement.

Je perçois alors une activité intense, un mouvement effréné, des va-et-vient incessants.

Mes sens ne m’ont pas trompé dans cette forêt ensommeillée, je découvre un monde virevolté.

Les abeilles s’activent. Inépuisables. Que d’énergie dépensée. Il faut assurer la survie de la colonie. Hyper performante, rapide, efficace, compétente. La reconnaissance de la Reine leur donne des ailes. Toujours plus haut, toujours plus loin, rien ne peut les arrêter. Il faut plaire à Mère Abeille. Il faut briller.

Ton pelage jaune et noir scintille. Tu le sais, tu sais plaire et tu cherches à plaire.

16406920_1753167711661900_2537506853636346636_nO pauvre petite butineuse, arrête-toi, écoute-toi. Que te dit ce corps que tu plies sans cesse à ta volonté, que tu domptes pour qu’il soit le miroir de ton hypothétique toi, toujours en adéquation avec ce que l’on en attend.

Que te disent ces émotions qui parfois t’envahissent ?  Incapable de les maîtriser, elles te submergent. Pour ne pas être ralentie tu les refoules instantanément. Tu leur jettes ton dard…

Arrête-toi, écoute-toi, prends le temps. N’oublie pas ;  cette piqûre te sera fatale.

Petite abeille, je te promets, tu es aimée telle que tu es. Nul besoin d’un rythme effréné, d’un monde émerveillé. Prends le temps de te connaître.

Recherche la vérité. Abandonne toi. Sois libre. Ose vivre.

Retrouver ma liberté

FullSizeRender-04-02-18-12-22RETROUVER MA LIBERTÉ
par Bénédicte

Avant toute chose, je tenais à vous remercier encore, toi et François, pour les deux jours que vous m’avez permis de vivre.

Je suis rentrée hyper bien (tête, cœur, corps!), confiante, sereine et pleine de joie.

Vous m’avez permis de retrouver ma vraie liberté. J’ai encore compris beaucoup de choses sur mes choix, mes erreurs et mes réactions. Je crois même que je me suis pardonnée à moi-même certaines choses.

Et tout çà sans violence, dans l’accueil de ma personnalité dans laquelle j’étais en train de m’enfermer. La reprise a été un peu hard, je dois bien avouer. Et la suite me parait un peu floue même si je sais par quoi commencer… La prière et la confiance me guideront pour la suite…

Mais sans vous, sans votre approche si juste et si respectueuse de notre personne, je n’y serai pas arrivée, pas si vite et pas si calmement.

Et puis ça a été aussi l’occasion de faire de magnifiques rencontres et je suis sûre que je garderai des liens avec certains et certaines…

Alors MERCI…

J’ai hâte de continuer même si je sais que je vais encore creuser et travailler sur mon type d’ici là.

La chenille et le papillon

unnamedLA CHENILLE ET LE PAPILLON
par Dorothée
de base 3 en social

Avez-vous déjà vu le dessin-animé 1001 pattes ?

Un des personnages principaux est une énorme chenille qui tout au long de l’histoire se lamente de ne pas encore être un papillon.

Finalement, le temps (ou la volonté !) fait son œuvre et elle peut enfin s’exclamer : « Je suis devenue un magnifique papillon ! ». Sauf que son corps n’a vécu aucune transformation et seulement deux ailes minuscules, incapables de soulever ce poids, sont apparues.

Quel lien avec l’ennéagramme ?

J’y viens. Mais parce que c’est un outil de connaissance de soi, il faut bien que je vous parle de moi… parce que cette chenille, c’est moi !

14344321_1506706142688178_2284939190376479121_nOui, je sens en moi cette âme qui désire si fort s’envoler, qui se sent appelée à goûter aux joies du ciel et à n’aimer que Dieu…

Sauf que je veux le faire sans voir ou accepter mes limites, sans l’humilité de la transformation lente et qui dépend de la grâce.

Quelle étrange situation que de désirer être maintenant ce que l’on sera un jour…

Je veux, je peux ! J’ai le désir d’être, alors il faut que je le fasse…

Vous commencez à voir la base 3 ?

Ouais, la volonté c’est bien, mais il manque l’abandon, l’humilité et le lâcher-prise ou plutôt le laisser-faire !

Et le sous-type social alors ?

C’est la partie la plus délicate à vous livrer de moi…

Ce sont les 3 modules suivis de manière rapprochée qui ont permis l’affleurement de cette découverte et c’est au cours de la messe du lendemain du dernier stage que j’ai fini par comprendre…

Difficile de vous en faire part car j’en éprouve une grande honte, mais je pense que cela peut m’aider à avancer, à évoluer…

Au cours des deux jours du module 3, le mot prestige de la base 3 sous-type social ne me parlait évidemment pas !

Être reconnue dans les multiples groupes auxquels j’appartiens, oui ! J’aime pouvoir rendre ce que je reçois en étant utile à ceux qui me donnent là où je suis compétente, logique ! 🙂 Mais pas besoin de paillettes, de titres et de médailles…

Mais finalement, et c’est là où c’est dérisoire, c’est bien au sein de la communauté qui me paraît la plus essentielle que je cherche ce prestige.

Allez, je prends ma respiration : Je-désire-être-sainte-mais-pas-n’importe-laquelle:une-grande-sainte-qui-puisse-rayonner-de-l’amour-de-Dieu-pour-le-monde-entier!

Voilà c’est dit ! Ah ! elle est belle cette chenille, n’est-ce pas ?

Je préfère en rire qu’en pleurer parce que je connais votre bienveillance et la miséricorde de Dieu, mais bon, le Seigneur a du boulot !

Et puis, au fond, je l’aime cette chenille qui un jour deviendra papillon.

 

Louis XIV et la base 3

louis-xivLOUIS XIV
un archétype* de base 3

La plupart des spécialistes de l’ennéagramme le situent en base 8, faute de connaître sa vie. Pourtant, il me semble que le Roi-Soleil est bien loin de cet archétype. En dépit de sa responsabilité dans certaines guerres qui ont épuisé la France et de son robuste appétit sexuel, il me paraît beaucoup moins correspondre à la simplicité et à la colère qui émanent de la base 8 que de la complexité des personnes de base 3.

D’ailleurs, il le dit lui-même : l’amour ni la guerre ne sont les grandes affaires de sa vie : « L’amour de la gloire va assurément devant toutes les autres [passions] de mon âme ». Nous sommes au cœur de la thématique de la base 3 pour laquelle il est question d’image et de réussite.

Louis XIV est bien sûr un homme d’image. C’est un des premiers souverains à se mettre en scène avec une maestria rare : parfait danseur, excellent cavalier, bon musicien, il est l’immense mécène que l’on sait, le bâtisseur de Versailles, le protecteur de Lully, l’homme qui met en spectacle la royauté du lever au coucher avec un tel éclat qu’on l’appellera le Roi-Soleil ! Les fêtes du début du règne magnifient la fonction royale, les opéras et les victoires sur les champs de bataille célèbrent la gloire du roi.

C’est le deuxième grand thème de la base 3 : la réussite. Louis XIV qui a enduré l’humiliation de la Fronde alors qu’il était enfant, n’aura de cesse de grandir la couronne et d’assurer la suprématie royale. Il veut être un grand roi, le plus grand des rois, et il le sera. Aujourd’hui encore, pour nommer la France de son époque, on parle du Grand Siècle….

Ce souci d’image et de réussite peut faire apparaître la personne de base 3 comme coupée de ses émotions, ce qu’elle est souvent alors qu’elle est au cœur de la triade émotionnelle. Louis XIV ne cille pas sous la douleur physique ou morale, il apparaît distant et majestueux en public (mais sait être cordial en petit comité). Rien de ce qui est à l’intérieur ne transparaît : cela risquerait de nuire à l’efficacité et à l’image glorieuse du monarque.

Contrairement à la base 8, la personne de base 3 fait preuve d’une immense faculté d’adaptation et d’une grande souplesse. Contrairement aux idées préconçues, c’est le cas de Louis XIV : il joue l’équilibre entre les clans rivaux (Colbert et Louvois), oscille entre le modernisme du premier et le conservatisme du second. Louis XIV n’impose rien par la force. Il est au contraire en osmose avec la société de son temps. Cela explique d’ailleurs certaines de ses erreurs les plus graves, notamment la révocation de l’Edit de Nantes : il suit en cela l’opinion publique. Il ne tranche brutalement que lorsque l’autorité et prestige de la couronne sont menacés : avec Fouquet, ou avec les jansénistes. Parfaitement en phase avec son temps, Louis XIV aura somme toute manqué de génie visionnaire : l’absolutisme qu’il a mené à son acmé n’a pas su anticiper sur les nécessaires réformes du pays et a joué un rôle dans l’émergence quelques décennies plus tard du mouvement révolutionnaire.

ob_539489df1dc81542dc59a9f9547f24db_symbole-roi-soleilQuand on étudie le personnage de Louis XIV on constate une totale confusion entre l’être et le paraître, une sorte d’engloutissement de la personnalité dans la fonction. Ainsi dans ses relations amoureuses : au terme d’un rude combat intérieur, il sacrifie son amour pour Marie Mancini à sa fonction royale. Ce sera ensuite l’enchaînement des maîtresses dont on peut dire qu’elles participent au prestige de la couronne. Et puis, avec Madame de Maintenon, le roi s’assagira durablement, conscient du fait que ses errements affectent l’image du roi. Au cœur de la base 3, il y a l’angoisse de ne pas être reconnu, et la croyance qu’il est aimé pour ce qu’il fait et qu’il montre et non pour ce qu’il est. Le Roi-Soleil aura couru derrière cette reconnaissance avec une remarquable efficacité…

Vous pouvez retrouver le portrait développé de Louis XIV et d’autres figures archétypales dans Les grandes figures catholiques de la France de François Huguenin, chez Perrin, 2016.

* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son oeuvre.