Aïe aïe aïe & youpi !

AÏE AÏE AÏE ET YOUPI à la fois, aurais-je du temps?
Témoignage de confinement / 3
par Maguelonne de base 9 en survie

Durant les trois premières semaines du confinement, mon sous-type survie, a pris le dessus… au point d’étouffer les caractéristiques de ma base 9. Je me suis retrouvée mère de famille, comme au bon vieux temps, lorsque j’avais mes trois enfants à la maison… pas évident après sept années sans.

Tous ne sont pas venus s’installer chez nous, deux sur trois. Mes réflexes d’antan m’ont éclaté au visage! Nourrir ma famille, que personne ne souffre du manque. J’étais, en ce temps là, organisée en conséquence, dans une routine rassurante.

Et me voilà partie en croisade, cherchant tous les bons plans pour acheter ce dont nous avions besoin, selon mes critères (et ce ne sont pas ceux des miens qui sont plutôt cools), pour que chacun.e puisse continuer son travail, sans avoir à se préoccuper du quotidien… C’était mission impossible! Serait-ce l’exigence et le perfectionnisme de mon aile 1?

C’était pulsionnel, compulsif, occupant mon esprit jour et nuit… Mon corps en tension, et en même temps je faisais ce que je savais bien faire, ouvrir un supermarché chez moi et surtout gérer pour ne pas connaître de rupture de stock!!! Ah! Ah! Ah! Mission là aussi impossible! Les stocks cela descend toujours.

Je me voyais comme sur un écran de cinéma, cette représentation de moi projetée juste devant moi. Je me suis prise en flagrant délit de nombreuses fois… sans pouvoir intervenir pour m’apaiser, me pauser… moi qui en ai tellement besoin, pour prendre le temps, prendre mon temps… Car après tout je sentais bien qu’au fond de moi, c’était une occasion d’expérimenter un autre rythme, dans ma maison, dans une routine qui me va.

Par contre me retrouver en confinement chez moi, dans des conditions privilégiées puisque nous avons de la place pour que chacun.e ait son espace, avec un jardin qui s’épanouit chaque jour durant ce printemps si particulier… j’aime çà ! Observer les bourgeons qui éclosent sur les arbres, les uns après les autres, à l’unisson pour certaines variétés comme le liquidambar et les différentes essences de bouleaux; attendre que le hêtre pleureur qui est toujours le dernier, s’y mette enfin… Accueillir comme un cadeau les tableaux offerts par Dame Nature sous les rayons du soleil…

J’ai rêvé de commencer ma journée en m’étirant, en prenant le temps de faire une méditation et une cohérence cardiaque, puis écrire sur les sujets sur lesquels j’aimais aimé avoir du temps… puis tranquillement préparer un repas, m’alanguir dans une chaise longue, en plein soleil si généreux en ce moment… et regarder le bal des oiseaux, écouter les chants si particuliers de chacun… Mais là encore mission impossible pour moi! Les besoins de ma famille sont bien plus précieux que les miens…

Je vois que je ne sais pas, en moment de crise, entendre mes besoins. Et pourtant des signes commencent à apparaître… une grande fatigue, une lassitude, mon corps qui me fait mal de partout… la fibromyalgie dormante, se réveillant petit à petit… la tristesse m’envahissant… me sentir seule face à tout çà.

Et je marche dans notre jardin. Je croise mon mari ou un de mes enfants, qui viennent prendre un temps de respiration au milieu de leurs journées hyper denses pour deux d’entre eux… leur sourire et en même temps sentir leurs préoccupations, la densité qu’ils ont à vivre… Je me sens alors comme une éponge qui absorbe tout… cherchant ce que je peux faire pour les soulager… et c’est dur pour moi.

J’oscille d’une émotion à l’autre comme dans un punching ball. Je me sens crispée, parfois abattue, fragile et forte à la fois, agitée et calme tout au fond de moi, sur la défensive à l’extérieur et en sécurité chez moi… Je me laisse traverser, ce n’est pas trop désagréable… je m’en étonne.

Maintenant que ce confinement s’installe dans le temps, j’ai trouvé comment nourrir les miens sans que cela soit trop lourd pour moi… Les actions justes ont été posées. J’accepte que chacun.e prenne sa part, à sa mesure… je ne porte plus toute seule.

Je souhaite m’offrir les semaines qui viennent comme un temps bien mérité car en bon petit soldat j’ai, me semble-t-il, bien organisé le quotidien de la maison… Et là aussi je sens que c’est juste pour moi.

Je me sens plus paisible aujourd’hui, contactant cette paix que je sais toujours présente au fond de moi. Je mange sainement, et mon corps m’en remercie. Je sais comment nourrir ma vie spirituelle. Lorsque mon Jiminy Cricket viens taper sur l’épaule pour m’appeler à nourrir les besoins des autres… je lui souris et lui réponds qu’ils sont assez grands pour les nourrir eux-mêmes. Il est temps de nourrir mes besoins. Méditation, écriture, prière, marche dans le jardin, rêvasser, regarder le temps s’écouler… celui là j’adoooore! Je suis en contact avec moi et je sais qu’alors il émane de moi une certaine paix et que c’est ce que j’ai à apporter au monde.

Le lien social est pour moi simple à entretenir, les technologies actuelles nous permettent tant de choses… un thé festif avec trois amies pour fêter les cinquante ans de l’une d’elle, un apéro dînatoire avec mon mari et quatre couples de Moscou, Paris et Toulouse… un tête-à-tête avec différentes amies… Avoir très régulièrement ma fille aînée, rire avec mes trois petits-fils, m’émerveiller du dernier de quatre mois.

Et puis il a le rendez-vous tous les soirs à 20h pour applaudir tous ceux qui travaillent pour sauver nos vies, pour permettre que le quotidien soit vivable, je pense aux caissières de supermarché, aux éboueurs, aux livreurs, aux facteurs/factrices… et j’en oublie ! Temps de gratitude, de reconnaissance.

Et il y a le temps de soutien d’une voisine seule et en pleine dépression, d’une amie chère qui vient de perdre sa maman, m’associer par la prière le jour de l’enterrement, appeler tous les deux jours ma mère seule chez elle, veiller à ce que tout soit organisé pour qu’elle ne manque de rien… Prendre des grandes respirations… Continuer.

Actuellement je ne me sens pas en manque de liens. J’ai plutôt besoin de ne pas multiplier les rendez-vous… A un moment donné, c’était trop pour moi. Exercice de la vie, j’ai su parfois dire ce qui était possible pour moi, et ce qui ne l’était pas… Je continue à apprendre à dire de vrais Oui ou de vrais Non. Mon corps sait, à moi de l’écouter.

En fait c’est ma vie qui s’installe dans un rythme, je finis par m’y retrouver. Comme chez moi, l’ennui connais pas, j’ai confiance en mes capacités à traverser ce temps de confinement et à savoir vivre l’après… Après tout n’est-ce pas cela la vie?

 

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