Une carafe

UNE CARAFE
par Isabelle
de base 4 en tête-à-tête

Je suis une carafe.

Ce texte est pour toutes mes sœurs les carafes 4 qui cherchent la lumière au milieu des émotions qui les emplissent, et aux carafes des autres bases qui m’ont si bien montré le chemin.

Je me remplis de boissons et j’espère qu’elles seront appréciées ou plus exactement que je serai appréciée car je suis ce qui me remplie… Je suis mon émotion.

Je me remplis de ce qui est chez mes consœurs les carafes. Je prends leurs boissons et je fais des assemblages. Je voudrais que chacun d’eux soit à l’origine de dégustations appréciées. Que je sois reconnue pour mon originalité et que je me sente unique et aimée plus que les autres.

Certains de ces breuvages sont des vrais élixirs et ils ne passent pas inaperçus. Mais je me lasse vite, je veux du plus intense encore, de l’exceptionnel, du Woua.

Vincent Van Gogh
Table de café avec absinthe

Dans mon histoire, ces assemblages n’étaient que des mélanges. C’était le mélange de ce que je pouvais capter de mes consœurs les carafes. Ces mélanges qui m’emplissaient devenaient de plus en plus forts et disharmonieux. Les dégustations s’espaçaient. Les buveurs s’éloignaient. Ce que je portais pouvait être ressenti comme excessif, désagréable et à la longue, éventuellement dangereux. Pendant ce temps les autres carafes étaient recherchées. Leurs mornes boissons attiraient et semblaient procurer de l’agréable chez les buveurs.

J’étais jalouse. Pour moi, la souffrance était intense. J’aimais l’intensité mais quand même. Là, c’était trop. Il fallait trouver une autre voie.

Alors j’ai imité mes consœurs. Je me suis remplie d’eau plate. j’ai fait l’expérience de l’eau…. plate et donc de la platitude et de la monotonie. J’avais l’impression de ne pas vivre, d’être dans le rien. Cela a généré une nouvelle souffrance. Elle était différente et les boissons que je portais se sont alourdies.

Petit à petit j’ai découvert que toutes les eaux étaient différentes. Chacune avait sa particularité, sa richesse et j’en découvrais les subtilités. Toutes m’intéressaient et ma vie perdait en intensité alors que d’une façon incroyable apparaissait la densité. Le banal devenait passionnant… On ne se change pas… Heureusement, il y avait toujours de la passion.

Et puis j’ai goûté à la Source vive. Sa beauté et sa transparence étaient d’une pureté absolue et elle l’est toujours. Elle est tellement belle qu’il peut m’arriver parfois de nettoyer mon cristal pour qu’on la voit et qu’on m’oublie.

L’expérience est lumineuse, encore fugitive, mais lumineuse.

Avec tout mon amour de carafe

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