Qu’est-ce que la conscience ?

QU’EST-CE-QUE LA CONSCIENCE ?

Beaucoup de courants de psychologie contemporaine, mettent la conscience au centre, comme moyen de connaissance de soi, des autres et du monde et comme moyen de progression. Nous aussi. Mais qu’est-ce que la conscience? Une instance subjective inviolable qui n’admet pas de règle extérieure/supérieure? Une conviction intime qui rejoint le réel mais ne peut être confirmée/infirmée de l’extérieur? 

La réponse de saint John-Henry Newman pensée par Benoît XVI me semble – pour utiliser des termes vittoziens – faire la différence entre une conscience emissive (la raison se projette sur l’objet) et une conscience réceptive (la raison reçoit sa forme de l’objet). Ainsi, l’obéissance à la vérité (pour soi, pour la relation à l’autre, pour le monde), ou je préfère dire la volonté de cheminer vers la vérité, emprunte toujours les voies de notre subjectivité, qui se laisse informer. Comme pour l’inspire-expire conscient de la respiration vittozienne, l’alternance subjectivité-objectivité de la conscience est un chemin vers la vérité toute entière, qui demeure un horizon. Autrement dit avec Gustave Thibon dans L’Ignorance étoilée : « L’étoile divine est intérieure et invisible; elle éclaire l’âme du voyageur et non le chemin où il marche; elle nous donne assez de foi pour aller au-delà de tout, mais elle ne dispense de rien.”

Discours du pape Benoît XVI à l’occasion de vœux à la Curie romaine, Salle Royale du 20 décembre 2010:

« En Newman, la force motrice qui le poussait sur le chemin de la conversion était la conscience. Mais qu’entend-on par cela ?

Dans la pensée moderne, la parole conscience signifie qu’en matière de morale et de religion, la dimension subjective, l’individu, constitue l’ultime instance de la décision. Le monde est divisé dans les domaines de l’objectif et du subjectif. A l’objectif appartiennent les choses qui peuvent se calculer et se vérifier par l’expérience. La religion et la morale sont soustraites à ces méthodes et par conséquent sont considérées comme appartenant au domaine du subjectif. Ici, n’existeraient pas, en dernière analyse, des critères objectifs. L’ultime instance qui ici peut décider serait par conséquent seulement le sujet, et avec le mot conscience on exprime justement ceci: dans ce domaine peut seulement décider un chacun, l’individu avec ses intuitions et ses expériences.

La conception que Newman a de la conscience est diamétralement opposée. Pour lui conscience signifie la capacité de vérité de l’homme: la capacité de reconnaître justement dans les domaines décisifs de son existence – religion et morale – une vérité, la vérité. La conscience, la capacité de l’homme de reconnaître la vérité lui impose avec cela, en même temps, le devoir de se mettre en route vers la vérité, de la chercher et de se soumettre à elle là où il la rencontre. La conscience est capacité de vérité et obéissance à l’égard de la vérité, qui se montre à l’homme qui cherche avec le cœur ouvert.

Le chemin des conversions de Newman est un chemin de la conscience – un chemin non de la subjectivité qui s’affirme, mais, justement au contraire, de l’obéissance envers la vérité qui, pas à pas, s’ouvre à lui. »

 

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