
ENCANTO
Un Disney à la lumière de l’ennéagramme
A bien y regarder, certains dessins-animés ont la couleur d’un conte ou d’une fable. Comme eux, ils peuvent ouvrir à un sens que chacun peut librement chercher.
Hier soir, c’était Encanto de Disney, l’histoire de la fantastique famille Madrigal, une sorte de famille idéale, très unie et dont chacun des membres est doté d’un don particulier qu’il met au service de tous. A la tête de cette famille règne Abuela Alma, avec attention et jalousie, plaçant toute son énergie à mettre en valeur les talents de chacun, jusqu’à l’excès.

Chaque personnage est tellement campé, qu’il est amusant d’y reconnaitre chaque base de l’ennéagramme qui, je crois sont toutes représentées: Pepa fait la pluie et le beau temps en fonction de ses humeurs, comme les personnes de base 4. Luisa est dotée d’une force herculéenne et la met au service de tout le village, ne montrant jamais un signe de faiblesse, comme les personnes de base 8. Isabella s’adapte à ce que l’on attend d’elle comme une personne de base 3: elle est belle et répand des fleurs sur son passage. Bruno a le don de prévision et de vigilance, comme les personnes de base 6. C’est là que les choses se gâtent, car Abuela ne veut pas entendre de prédictions malheureuses dans la construction de son monde parfait. Par son sens du devoir, son souci de perfection et son air grave mais bon, elle fait furieusement penser aux personnes de base 1. Je vous laisse continuer les hypothèses pour les autres personnages, il y a certaines pépites…

Plusieurs aspects me semblent intéressants.
Tout d’abord, c’est à l’occasion d’une épreuve – la disparition d’Abuelo Pedro, laissant Abuela seule avec ses trois jumeaux, que les dons se manifestent.
Ensuite, quand ils sont absolutisés et exclusifs, ces dons deviennent tyranniques: Abuela, dont la qualité essentielle est la bonté (base 1), devient cruelle avec Mirabel quand celle-ci ne correspond pas à son idéal de perfection. Isabella (base 3), à vouloir correspondre à ce que l’on attend d’elle, se perd elle-même jusqu’à accepter d’épouser un homme qu’elle n’aime pas et devient prétentieuse et hautaine. Luisa (base 8), s’épuise dans les travaux de force et se forge une carapace qui ne laisse pas de place à la tendresse, dont elle est pleine.

Enfin, et c’est ce qui me semble le plus intéressant: c’est dans la mesure où ce que fuit le personnage devient son obsession, qu’il finit par provoquer ce qu’il craint. Ainsi Abuela qui, à force de volonté, a réussi à créer la famille idéale, finit par provoquer sa chute.
Il y a quelque chose de commun avec ce que nous transmettons via l’ennéagramme:
– C’est à l’occasion de la blessure, des blessures ou d’un climat insécure que la base se révèle – sans la créer. Car elle conduit à puiser dans des ressources qui, sans l’épreuve, ne seraient pas aussi nécessaires.
– La tentation pour chacun est l’excès: en creux (pour Bruno qui a peur de son don de projection et se cache avec lui) et en plein (Isabella la trop belle, Abuela la trop parfaite ou Luisa la trop forte). Ne voir le monde qu’à travers le filtre de son don particulier (réussite, perfection, force) peut faire occulter les autres dimensions du réel, en soi et autour de soi. C’est par le juste milieu, la vertu, que chacun peut donner toute sa mesure.
– Ce que je cherche à éviter à tout prix, je finis par le provoquer par l’attention exclusive que je lui porte. Nous le voyons en base 1 dans la fuite de l’imperfection d’Abuela. Ce peut être également le cas en base 9: à fuir la confrontation à tout prix, je peux provoquer un conflit. Ou en base 6: à douter de tout et de tous, je peux provoquer la trahison. Etc.

Le talent est un don, il se dénature quand je me l’approprie, que je le fais servir à mon propre compte, quand j’en fais mon tout; alors que je le reçois pour le faire servir au monde.
Quant au personnage principal, Mirabel, celle qui n’a pas reçu de don et qui finit par sauver sa famille pour être reconnue: mon discernement à son sujet n’est pas abouti. Serait-elle de base 2?
UNE VIE CACHÉE
WOMAN AT WAR
Toujours est-il qu’Halla va bientôt avoir tout le pays contre elle. On ne dévoilera pas ici l’intrigue mais notons que cette histoire se mêle de deux autres fils narratifs : l’adoption en vue d’une petite fille ukrainienne, remise en cause par son activisme politique, et la relation avec une sœur jumelle, professeur de yoga. Notons que (nous pourrions imaginer avoir affaire à un 6 contrephobique), Halla n’a pas de conflit de loyauté. Elle ne parle pas, ne doute pas. Elle avance, non sans peur et stress, mais avec une force irrépressible.
LA RÉVOLUTION SILENCIEUSE
Il est difficile de trouver beaucoup d’archétypes clairs dans ce film car d’une part la plupart des héros sont jeunes et leur motivation n’est pas très explicite, et d’autre part la terreur totalitaire infuse partout des réflexes de peur, de contrôle de sa parole et de discours préfabriqués qui contaminent les personnages. Pourtant, un des lycéens, qu’on peut considérer comme le héros du film, Theo, par sa fraîcheur et une décontraction surprenante, conjuguées à un paradoxal sens du devoir, pourrait offrir un superbe et lumineux portrait du 7 en social.
TERRENCE MALICK
SULLY
Sully/Hanks porte ce film par une présence physique hors du commun, à la fois puissante et sobre, calme et déterminée. Dans le rôle de ce pilote qui, une fois passé le temps où il est fêté en héros, se retrouve en butte à une enquête visant à lui faire porter la responsabilité de l’amerrissage, pour de sordides questions financières, il réagit à la façon d’une personne de base 9.
LE PONT DES ESPIONS
Tom Hanks qui joue l’avocat incarne à merveille, me semble-t-il, la base 9 dans ce qu’elle a de plus beau. Etre commis d’office est une habitude chez les personnes de base 9, qui ont du mal à faire des choix et à prendre position, mais qui savent mieux que personne se mettre à la place de l’autre. On sent à chaque instant l’énergie corporelle qui culmine dans un des derniers plans du film lorsque Hanks est sur le pont dans la position vittozienne de l’homme debout, ancré au sol, comme insubmersible.
LE PRÉNOM
Commençons avec le personnage de Vincent, superbement campé par Patrick Bruel, qui donne l’impulsion de l’histoire en annonçant à un dîner où il est invité par sa sœur et son beau-frère qu’il va appeler son fils Adolphe. Nous pourrions être en face d’un archétype de
Prenons les autres personnages dans l’ordre de rentrée en lice dans ce jeu de massacre comique et tragique. Pierre, le beau-frère, joué à la perfection par Charles Berling est le prototype du bobo intello de gauche, très certain de son appareil mental. On n’a pas de mal à reconnaître une
Claude, l’ami d’enfance de Vincent et de sa sœur, joué par Guillaume de Tonquédec, pourrait être un bel archétype de
Elisabeth, sœur de Vincent et femme de Pierre, est un personnage dont il n’est pas si facile de chercher la base car son rôle de mère de famille débordée et peu reconnue pour ce qu’elle fait vient parasiter l’analyse. On pourrait la voir en 2 à certains aspects, mais elle n’en n’a ni le côté structurellement envahissant, ni la part conjoncturellement agressive. Il se pourrait qu’elle soit de
Finissons avec Anna, femme de Vincent qui arrive un peu tard dans la soirée et dont le rôle est moins important, incarné par Judith El Zein. Celle que son mari appelle « la bombe » pourrait bien être de
WINTER SLEEP
Inspirée de nouvelles de Tchekov, Winter Sleep met en scène dans une intrigue aussi mince que tendue, un personnage principal, Aydin. Acteur de théâtre en retraite, il gère un petit hôtel troglodyte en Cappadoce, écrit quelques papiers pour le journal local et repousse au lendemain l’écriture d’une histoire du théâtre turc… A ses côtés sa jeune épouse Nihal, avec laquelle il ne partage plus grand-chose et qui se dépense sans compter dans les actions caritatives ; et sa sœur Necla, récemment divorcée, qui vit avec eux. Un jet de pierre sur une vitre de voiture, une lettre reçue par Aydin vont déclencher un séisme qui va faire tomber les masques.
Aydin nous apparaît comme un prototype du
Nihal, interprétée par la belle Melisa Sözen, pourrait bien être le prototype d’une
Quant à Necla, elle nous apparaît comme un archétype de