
SAINT AUGUSTIN
Un archétype* de base 7 en social
Nous sommes nombreux à penser que saint Augustin pourrait être un bel archétype de la base 7. On connaît sa vie: jeune homme brillant, il fréquente les rhéteurs et mène une vie dissolue, au désespoir de sa mère, sainte Monique. Et puis, après un détour par le manichéisme, ce fut la rencontre avec saint Ambroise et la conversion qui va le mener à l’épiscopat d’Hippone en Afrique du Nord, et à produire une des œuvres les plus magistrales de l’humanité: théologien, philosophe, prosateur, mystique… Augustin est au sommet de ce que l’humanité a produit de plus génial.
Je ne m’attarderai pas ici à dire en quoi Augustin pourrait être un archétype de 7, mais plutôt à voir en quoi il constitue un modèle d’évolution pour les 7 d’aujourd’hui. Ce n’est pas tant qu’il ait mené une vie dissolue. Elle le fut sans doute moins que ce qu’il en a dit: comme saint Paul, il manie bien la rhétorique et sait accentuer ses turpitudes pour mettre en valeur sa conversion (on a là un joli signe de son sous-type social que sa capacité à sacrifier son plaisir propre pour exercer sa charge d’évêque confirmera).
C’est plutôt cette quête insatiable de nouveauté, cette fuite de l’ennui, cette recherche permanente de nouveau, d’excitation intellectuelle, et cet évitement de la souffrance qui nous orientent vers le 7. Combien de fois a-t-il ouvert la Bible et l’a-t-il refermée car cela l’ennuyait? Tout cela, au service d’un centre mental préféré (et d’autant plus impressionnant que nous sommes en présence d’un génie) qui lui rend difficile l’accès à ses émotions. Jusqu’à ce que le cœur s’ouvre, enfin.
Ce qui est admirable dans le chemin d’Augustin, c’est que les mots de plaisir et de désir demeurent des notions clef du début à la fin. Mais Augustin est passé de l’excès de passion de la base 7, la gloutonnerie (intellectuelle au moins autant que charnelle) à la sobriété (vertu de la base 7); de la dispersion à l’unification. Non pas que le désir ait été éteint, que la passion du plaisir (qui constitue, comme toute passion neutre moralement, un moteur) ait été étouffée: Augustin ne sombre pas dans le défaut de passion du 7 qui serait l’austérité. Pour une personne de base 7, il est plus facile de s’abstenir de boire que de boire modérément. Or, son chemin n’est pas l’abstinence, mais la tempérance: en goûtant et partageant le plaisir plutôt que de l’engloutir. Jusqu’au bout, Augustin n’aimera rien tant que ces soirées d’été où l’on parle avec des amis autour d’un verre de vin que le soleil a rendu aromatique et généreux. Il le dira dans les Confessions (4.8) : « Causer et rire en commun, lire ensemble de bons livres, être ensemble plaisants et sérieux. » Mais son désir est purifié, réorienté vers le seul objet de désir qui puisse étancher sa soif : Dieu.
C’est ce que l’on trouve dans ce magnifique extrait tiré du Commentaire de l’Évangile de Jean, une conception renouvelée du plaisir: « Être attiré par le plaisir, qu’est-ce que c’est? Mets ta joie dans le Seigneur, il comblera les désirs de ton cœur. Il y a un certain plaisir du cœur, lorsqu’il trouve délicieux le pain céleste. Si le poète a pu dire : Chacun est attiré par son plaisir — non pas la nécessité mais le plaisir, non pas l’obligation mais la délectation — à combien plus forte raison nous-mêmes devons-nous dire que l’homme est attiré vers le Christ : l’homme qui prend sa joie dans la vérité, sa joie dans la béatitude, sa joie dans la justice, sa joie dans la vie éternelle. Or, le Christ est tout cela. » Commentaire de l’Évangile de Jean
Tout cela est bien joli me direz-vous. Mais qu’est-ce qui fait que moi, pauvre 7 en 2020, je peux espérer atteindre cette liberté dans le plaisir, liberté que je recherche au plus profond de moi-même alors que je fais le mal que je ne voudrais pas et que je peux devenir esclave de mes plaisirs, jusqu’à l’idolâtrie? À mon sens, l’ennéagramme comme tel ne donne pas de réponse à la question: il donne juste une boussole qui permet à chacun de trouver son propre cap en fonction de ses finalités propres.
Celui que propose Augustin est le plus sûr, le plus passionnant, mais aussi le plus difficile pour une personne de base 7 connue pour son côté généraliste, son génie du zapping et, à son pire, pour sa superficialité: celui de la plongée en lui-même, celui de l’intériorité. Car à force de chercher, de chercher jusqu’à en pleurer de rage, un jour, son cœur s’est brisé et il s’est ouvert: c’est le bouleversant texte des Confessions au chapitre 27 :
« Tard je t’ai aimée, beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t’ai aimée.
C’est que tu étais au-dedans de moi, et moi, j’étais en dehors de moi !
Et c’est là que je te cherchais ;
ma laideur se jetait sur tout ce que tu as fait de beau.
Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi.
Ce qui loin de toi me retenait, c’étaient ces choses qui ne seraient pas, si elles n’étaient pas en toi.
Tu m’as appelé, tu as crié, et tu es venu à bout de ma surdité ;
tu as étincelé, et ta splendeur a mis en fuite ma cécité ;
tu as répandu ton parfum, je l’ai respiré et je soupire après toi ;
je t’ai goûtée et j’ai faim et soif de toi ;
tu m’as touché, et je brûle du désir de ta paix. »
Au bout du chemin se trouve pour la personne de base 7 l’objet de sa quête, ce pour quoi il est fait et son talent propre à mettre au service du monde : la joie. Mais cette joie ne repose plus sur le sable des plaisirs, souvent bons et légitimes, mais éphémères et qui portent dans leurs délices la promesse amère de leur inéluctable disparition. Cette joie repose sur le roc de Dieu, celui de sa parole, celui de son eucharistie, celui du cœur à cœur de l’oraison, celui du corps de l’Église. Alors cette joie peut être sans voile, parce qu’elle est aussi solide que la promesse de Dieu.
« Donc, mes frères, soyez joyeux dans le Seigneur, non selon le monde. C’est-à-dire : soyez joyeux dans la vérité, non dans l’iniquité ; soyez joyeux dans l’espérance de l’éternité, non dans l’éclat fragile de la vanité. C’est ainsi qu’il vous faut être joyeux: en tout lieu et en tout temps où vous serez ainsi, le Seigneur est proche, ne soyez inquiets de rien. » Sermon 171
Augustin, par son évolution, montre qu’au cœur de la personne de base 7, se trouve tapie une immense soif d’absolu (certains parlent d’une flèche cachée – mystique – entre le 7 et le 4) que la plupart du temps, il ne s’autorise pas à accueillir par peur de lâcher les plaisirs éphémères dont il a fait des remèdes illusoires contre la souffrance. Car au fond, il a peur de cette plongée en eaux profondes qui, inévitablement, va le faire traverser ces ténèbres qu’il fuit, parfois depuis la petite enfance. Mais c’est le chemin nécessaire, celui de la Samaritaine – autre archétype de base 7 évoquée par Monseigneur de Roo – symbolisé par la profondeur du puits de Jacob, pour arriver à trouver au-dedans de lui Celui qui l’attend pour lui donner la joie qui ne passe pas.
* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son œuvre.
LA CLOCHE
MARCHE CONSCIENTE DE NUIT
LA CHENILLE ET LE PAPILLON
Oui, je sens en moi cette âme qui désire si fort s’envoler, qui se sent appelée à goûter aux joies du ciel et à n’aimer que Dieu…
RÉ-ÉPOUSÉ !
PROFOND ET SIMPLE
BRUTUS ENNEATOZ
AU-DELÀ DE NOS DIFFÉRENCES
CULTIVEZ VOTRE CERVEAU !
Voilà comment cela fonctionne : Imaginez que votre cerveau est un jardin, sauf qu’au lieu d’y faire pousser des fleurs, des fruits et des légumes, vous développez des connexions synaptiques entre les neurones. Ce sont les connexions que les neurotransmetteurs comme la dopamine, la sérotonine et d’autres utilisent. Les cellules gliales sont les jardiniers de votre cerveau – ils agissent pour accélérer les signaux entre certains neurones. Mais il y a d’autres cellules gliales qui enlèvent les détritus, arrachent les mauvaises herbes, tuent les parasites, ratissent les feuilles mortes. Les jardiniers d’élagage de votre cerveau sont appelés cellules micro gliales. Elles taillent vos connexions synaptiques.
C’est alors que je l’aperçois! J’en doute, je rêve? Sa haute silhouette se dessine et s’approche doucement, vient de la lumière, Il est la lumière. Vient-il pour moi? Mon cœur bondit, mes pattes faiblissent. Il s’approche, Son visage sublime rayonne d’un amour infini… Il irradie, me sourit. Je suis agonie, je voudrais m’avancer mais je me découvre si noire et sale, soudain si laide! Je crois mourir d’indignité. Il ne peut m’aimer. Je m’effondre… et au fond de ma faiblesse il se penche et me caresse et me prend sur son cœur ; enfin je vis! Je n’étais pas et je deviens aujourd’hui. Les battements de mon cœur, cris dans le vide, sordide mécanique, soudain trouvent leur sens… simple écho de la source, si faible réponse à l’infini.