LA VIE C’EST MAINTENANT
Témoignage de confinement / 15
par Constance, de base 1 en social
Que dire sur la base 1 qui s’exprime peu, assez pudique dans la révélation des sentiments: Cela ne se fait pas!
Bien avant le confinement, mon instinct m’a dirigé vers le sous-type survie afin de régler au mieux l’intendance de la maison (ou alors l’organisation bien réglée des 1, au choix: courses non périssables en tout genre ont été faîtes par ordre de priorité nourriture, hygiène, entretien; puis les produits frais et congélateur remplis. Au moins ça c’est fait, ce qui est fait n’est plus à faire, sans compter mon mari en base 6 on peut tenir un siège!
Le confinement est arrivé, j’avais du temps donc pour mettre à profit rangements et nettoyage (de tout: placards, vêtements, argenterie). Le temps étant propice au jardinage, allons-y: le jardin devenait une forêt vierge, ni beau ni harmonieux (flèche en 4). J’ai continué à lire, source d’évasion. Le tête-à-tête, peu exploité, m’a donné l’occasion de faire beaucoup de parties de Scrabble avec le seul enfant avec nous à la maison, et même si j’ai perdu à chaque fois, nous avons bien ri et passé de bons moments (il m’a également aidé à jardiner, à deux c’est mieux!).
J’en ai profité pour faire des siestes, regarder le jardin, fermer les yeux au soleil, revoir certains films, la détente fait du bien. L’aile 2 est peu mise en exercice, mes propositions d’aide ne portant pas toujours leurs fruits, je ne veux forcer personne. Mon aile en 9 m’a permis de remettre à plus tard les choses moins fondamentales, même si j’avais mauvaise conscience. Pour toutes ses raisons, j’étais satisfaite tout était amélioré dans la pratique, en tout cas à la maison et donc je suis très sereine sur ce point.
Venons au plus compliqué. Aïe ! Les choses étant faites, ma flèche 7 et mon sous-type social sont à l’arrêt total et en berne, ouille… Que faire ? Prendre son mal en patience, vertu que j’exploite à fond, tant je ne dois pas me mettre en colère. Il y a un virus terrible (pas plus que la grippe, les guerres), tout est à l’arrêt. Période de Pâques oblige, je pense à la Sainte Croix, puis la famille et les amis, pas vus depuis longtemps, mais avec un lien jamais rompu. Les coups de téléphone se succèdent, une demi-heure, trois-quart d’heure, une heure…. On parle famille, religion, politique, nous refaisons le monde dans un esprit de bonne humeur. Pas tous les jours, il faut garder quelques appels pour plus tard, sinon je vais m’ennuyer… Petit apéro le soir en pensant aux enfants non présents, à la plancha repoussée (ce n’est pas grave, parties remises!)
La messe, en VRAI, commence à me manquer. On ne voit personne, la colère, telle la moutarde, commence à monter, face à cette fermeture, alors que d’autres commerces sont ouverts, Snif… Je pense peu à hier, même si on peut le garder dans un coin de la mémoire (à quoi bon c’est fait), le futur est un peu en tête (on verra bien, une chose à la fois, on aura le temps d’y penser au bon moment, chaque chose en son temps, mais on regarde devant soi pour ne pas trébucher), et le présent c’est maintenant.
Une certaine impuissance me gagne parfois, il faut que les choses bougent, rien ne va, mais j’essaie de positiver. La tristesse m’a gagné lorsque que le papa d’une très bonne amie est parti. J’ai bravé les interdictions (une fois n’est pas coutume pour une base 1) pour l’accompagner et dire le chapelet chez lui avec la famille; c’est complètement dingue de penser tout le temps à l’économie et ne pas se soucier des dévotions. Une grande frustration et colère m’habitaient parce que je ne pouvais me rendre à l’église pour la messe de funérailles, j’aurais voulu me mettre dans un petit coin.
Je n’ai pas peur, je suis vigilante, je ne veux pas me mette la rate au court bouillon, faisons
confiance à la Providence. Cet instinct, me parlant et me guidant si souvent et régulièrement me dit que finalement c’est bien de m’être un peu dévoilée, un certain plaisir m’envahit d’avoir essayé de bien rédiger cette prose.
Comme disait Sainte Thérèse :
« Il n’y a pas de plus grande joie que de faire bien les choses du quotidien. »
« Je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire. »
EN TOUT CAS EN AVANT, LA VIE C’EST MAINTENANT !!
IRRÉDUCTIBLE
UN CADEAU
DIRE NON !
LA PEUR EN VACANCES
UN TEMPS DE MOINE
Le piège est de m’habituer au confinement et le calme. Je crains le retour à la bruit dans les rues, la vie sociale avec du bénévolat et des activités. J’ai appris à me contenter de peu – je fais les courses une fois tous les quinze jours, je n’achète plus de vêtements et j’ai dû soigner mes plantes de l’année dernière – pas possible d’en acheter d’autres! Je me suis adaptée assez facilement à ce temps et j’ai pu tisser des relations harmonieuses avec mes voisines qui peuvent être une force. Pour mes faiblesses je me rends compte que je deviens égoïste. Si je ne fais pas attention je deviens submergée par toutes les informations alarmantes venant des deux pays de la Manche (je suis britannique!) et tout ce qui circule en Social Media. Je n’arrive pas à choisir entre stations de radio ou faire le tri entre toute la nourriture spirituelle offerte par l’église catholique et l’église anglicane.
OVER THE BLUES
Ces semaines confinées, je me suis mise à écrire et chanter devant mon ordinateur, osant poster mes créations douces, émouvantes ou fofolles, sans hésitation: oui, je partage cette suave folie. Plus elle sort, moins ça bout: libre, ça fait mouche et libère. Elle vient d’un cœur – volcan plein d’amour caché. Par ailleurs, je me suis mise à coudre pour les soignants avec le jeune mouvement bénévole, Over The Blues: coudre point à point des blouses avec cœur, pour des cœurs de soignants au bord du blues, penchés sur les cœurs souffrants… Pour une dame de cœur, piquer dans la matière est une aubaine: je place, je couds, je serre, je réalise. Chaque point, manche, repli, couleur et blanc sont des traces énergiques dans la matière, d’un cœur qui donne vers un autre qui se donne. Nous sommes une armée de couturiers, cuisiniers, dessinateurs, enchantés de l’expérience solidaire à l’hôpital.








OSER LA VULNÉRABILITÉ
MÊME PAS MAL ?