Le lion : métaphore de la base 8

154953_145397025510588_5476222_nLE MONDE DU LION

par Axelle, de base 8

Au commencement, une affaire de territoires…

Nous les les lions, nous avons chacun un territoire, plus grand que celui des autres et bien défendu. Il est en effet entouré de hauts remparts en granit avec sur le haut des tourelles des catapultes. Au centre de son territoire, le lion règne. Il règne avec dans sa main droite un glaive brandi ou rangé dans son fourreau, c’est selon…

lionEn face, les autres animaux possèdent un territoire rikiki, mal défendu par des barricades en bois vermoulu et eux mêmes sont ridiculement armés d’un couteau à bout rond en plastique. Par conséquent nul ne peut envahir notre territoire mais il nous est aisé d’envahir le territoire d’autrui.

Si quelqu’un nous cherche noise, nous bondissons à la vitesse de l’éclair sur le territoire de l’autre afin de le neutraliser, de le mettre hors d’état de nuire. Sachez bien qu’un lion aussi apaisé et doux soit-il devenu, aussi saint, consacré à la protection des autres, aura toujours, toujours marqué sur son front : « tu ne peux pas envahir mon territoire, en revanche, si tu cherches à me nuire, je peux envahir le tien et te mettre en charpies ». Même quand nous nous promenons tranquillement dans la savane, en pattes de velours, saluant avec chaleur tous ceux que nous rencontrons, nos griffes rétractiles demeurent prêtes à sortir, au cas ou. Le postulat de base est simple et nulle vanité n’est à la source de ce constat : nous les bébés lions, nous naissons comme cela et nous nous sentons rassurés pas ce sentiment jouissif de puissance, cela nous donne l’impression de n’avoir peur de rien et que le monde nous appartient…

Les autres animaux nous reprochent nos fortes colères et nombre de gazelles se plaignent amèrement d’avoir été dévorées… Mais pourquoi aussi nous poussent-elles à bout ? Ce monde est peuplées de gazelles inconséquentes qui nous poussent à bout et viennent ensuite pleurnicher et jouer les victimes et parfois même se lancer dans des représailles d’une lâcheté pitoyable, ah là là !!! (Oui, c’est comme ça qu’un lion pense…)

Sérieusement, je vais vous dire ce qu’est une colère de lion : une colère de lion, c’est un boulet de canon qui part avant même que nous ne puissions l’interrompre. C’est un problème !

Dans un combat contre nous, l’autre est cruellement blessé parce que son territoire a été envahi et qu’il se retrouve griffé, voir dévoré, anéanti. Certains autres animaux en colère, d’une colère aussi forte, ne font que défendre leur territoire, ils se sentent ensuite blessés par le combat car on a attenté à leur intégrité. Ils se sentent justes, dans leur bon droit. Colère offensive contre colère défensive, ce n’est pas la même chose…

Le lion ressort indemne de sa colère car son territoire est demeuré inviolé et il se sent coupable car il sent qu’il a bafoué le territoire d’autrui…. Moi, lionne hypersensible, je ressens alors une forte culpabilité mais un autre lion plus éloigné de sa sensibilité peut juste ressentir un petit malaise… vite masqué par une nouvelle colère : il en veut à l’autre de l’avoir poussé à le blesser ! Car un lion gentil ne veut pas blesser. Si un lion se sent indifférent ou même satisfait après un combat, il faut faire attention : ce lion est en train de devenir dangereux, il risque de devenir un lion méchant, insouciant de sa force de frappe et jouissant de son pouvoir d’écrasement.

Le lion est blessé par les conséquences du combat : certaines gazelles ne veulent plus le revoir !!! Un lion gentil est souvent en train de demander pardon… Et par quoi est provoquée la colère du lion ? Bien souvent par un intolérable sentiment d’impuissance, aussitôt rejeté, toutes griffes dehors.

Nous les lions, nous savons bien qu’il se promène sur la Terre des créatures « armées » et des créatures « désarmées », des animaux qui ont des griffes et des crocs pour se défendre et d’autres qui n’ont que des poils et des plumes ou même qui sont nues !!! (abomination de la désolation…). Ceux qui ne peuvent pas se défendre sont la proie des panthères noires et cela arrive parce que la Terre est peuplée en grand nombre d’un certain animal qui laisse faire les panthères noires au lieu d’intervenir. Nous appelons ces animaux lamentables des « moules cuites ». Nous ne pouvons pas les sentir, nous les vomissons. Nous aimerions en faire de la chair à pâtée et les manger en sauce au poivre. Nous, nous sortons les griffes pour défendre la moindre créature sans défense qui a besoin d’aide devant nous et nous souffrons grandement de penser qu’il existe sur la Terre une si grande quantité de créatures nues qui n’ont pas de défenseurs.

On nous trouve courageux car nous prenons aisément des risques, parfois trop de risques aux yeux des autres mais nous somme très bien guidés par notre flair légendaire : nous sentons à qui nous avons affaire à chaque rencontre, nous sentons ou il y a de l’eau et si cette eau est toxique ou non, nous sentons quel chemin est le plus adéquat dans la savane…

Nous avons une grande faculté de neutraliser une créature féroce également par la douceur, eh oui ! En effet, surtout si nous avons appris à devenir maître de nos griffes et de nos bonds, nous sommes capables d’intervenir tranquillement au cœur d’une mêlée de loups déchaînés et de calmer le jeu. Rien de tel qu’un lion serein et maîtrisé pour imposer un calme souverain. Sauvages, nous savons apprivoiser les animaux sauvages.

Mais la plupart du temps, la vie se déroule en faisant patte de velours, dans la joie de se rencontrer et de vivre des choses fortes avec nos compagnons : aller chasser ensemble, manger, conquérir de nouveaux territoires, jouer, faire des petits et se prélasser au soleil… Oui, nous aimons la vie, nous aimons férocement la vie, nous aimons férocement aimer et tenir l’élu de notre cœur dans nos bras, nous aimons férocement jouir de notre liberté, nous aimons férocement manger, boire, acquérir de nouveaux savoirs, connaître de nouveaux mondes, nous avons faim, nous avons faim de tout. Inutile de dire que lorsque nous avons décidé de manger quelque chose, nous sommes prêts à tous les combats pour l’obtenir mais bien souvent il y a reddition avant même que nous ayons besoin de nous battre… Quant à ceux qui songent à se mettre en travers de notre route, il va sans dire qu’ils risquent gros.

Sommes-nous vraiment courageux ? Si le courage est de surmonter sa peur, bien souvent nous ne le sommes pas malgré les apparences car il est rare que nous sentions la peur à l’extérieur de nous. En effet, l’Ennemi est à l’intérieur. Oui à l’intérieur de nos solides murailles, demeurent une créature cachée qui nous terrifie.

Là se trouve notre peur véritable, celle que personne ne peut voir de l’extérieur et que nous mêmes ne regardons pas. Nous pensons qu’elle est tellement dangereuse que nous avons décidé d’ignorer totalement son existence.

Quant un lion est en quête de vérité, il décide de parcourir enfin son propre et vaste territoire et il découvre qu’il existe au cœur de chez lui une forêt inconnue ou habite une créature terrifiante. Là se pose le choix : pénétrer au cœur de la forêt touffue afin d’affronter cet Ennemi ou se détourner de l’aventure et rester tourné vers l’extérieur, en sécurité. Si le lion relève le défi de pénétrer à l’intérieur de lui-même, il découvre ce que c’est que le vrai courage, chaque pas vers l’Intérieur le terrifie d’avantage et il n’est pas rare qu’à ce stade le lion devienne plus agressif qu’il ne l’est à l’ordinaire ! Peu habitué à la sensation de peur, il réagit contre elle par la colère. C’est le temps du Vrai Combat.

Enfin, il arrive, il sent qu’il arrive au cœur et il se demande qui peut bien être cette créature si abominable qu’elle lui fait perdre toute sa superbe . Nous y sommes : c’est un agneau, un agneau faible et tremblant, transi de froid dans sa solitude et saignant des plaies causées par les coups de griffes du lion lors de ses crises enragées contre lui–même. Oh le regarder enfin, l’apprivoiser, panser ses plaies, le prendre dans ses bras, le lion et l’agneau l’un contre l’autre. Rien ne sera jamais plus comme avant.

Au commencement, un territoire. Au cœur, un Agneau. Nous les lions, nous avons vocation à prendre un agneau dans nos bras.

mardi 19 novembre 2013

 

 

 

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