Métaphore de la base 2

7477-0w600h600_canne_sucre_orge_uniteLA FEMME SUCRE D’ORGE
Métaphore de la base 2
Par Elvire Debord
alarecherchedutempspresent.fr

La femme sucre d’orge est absolument étonnante à mes yeux car elle a un centre émotionnel à fleur de peau et, avant d’apprendre à la comprendre, elle était de nature à profondément me déstabiliser, comme si vous rentriez dans un magasin de porcelaine avec un bouledogue.

La femme sucre d’orge a en effet un système lacrymal très développé et peut dans le même instant de raison, comme nous disions sur les bancs de la fac de droit, se mettre à pleurer et rire. Au début, vous cherchez l’horreur que vous avez pu sortir pour provoquer une telle réaction, vous cherchez un trou de souris où vous cacher, vous farfouillez fébrilement dans votre sac à main à la recherche d’un kleenex, mais pas du tout, elle est juste émue par une parole, un moment partagé, un gâteau sec, une bougie qui flambe, un témoignage d’affection.

La femme sucre d’orge est dotée d’une émotion à manifestation immédiate, sans voile ni pudeur, capable de vous parler les larmes aux yeux d’un événement qui vous a semblé totalement insignifiant sur l’instant mais qui semble à ses yeux absolument extraordinaire. Ses enthousiasmes débridés n’ont d’égal que son besoin addictif de se sentir aimée et valorisée dans le regard des tiers.

Redoutant la solitude, même entourée d’une ribambelle de gamins, la femme sucre d’orge est une personne infiniment généreuse de son temps et de ses sentiments.

Vous avez à peine franchi le pas de sa porte, qu’elle vous dit déjà que vous lui manquez, au point de se dire dans votre for intérieur est-ce moi qui manque de cœur ou elle qui en a trop : le nougat face à la pomme d’amour.

Quand vous dites à la femme sucre d’orge  que vous avez besoin de temps pour vous et que vous aimez la solitude, elle vous appelle quinze fois en pensant que vous êtes dépressive. Débordant d’affection à déverser, elle anticipe vos désirs même ceux qui n’existent pas, aime qu’on vienne la voir à l’improviste, vous saute au cou à vous en étouffer, ne se lasse pas de vous dire que vous comptez pour elle, et s’angoisse de ne pas vous voir réagir de la même manière.

Un « je t’aime » non fébrile et exalté résonne à ses oreilles comme un « je te le dis parce que tu l’attends », il n’est pas crédible.

La femme sucre d’orge n’est jamais aussi heureuse que lorsqu’elle est entourée, que ça s’agite, qu’on soit quinze à table et n’est pas rebutée pour parler de choses profondes même entourée d’enfants qui se disputent.

Elle est capable de vous appeler en se lavant les dents pour vous demander conseil tout en vous disant qu’elle vous aime avec des grelots dans la voix. Vous pouvez la voir débarquer chez vous pour vous déposer par surprise des lasagnes préparées la veille avec amour à 8h  du matin alors que vous êtes à peine réveillée.

Indispensable femme sucre d’orge qui oblige à faire bouger les lignes et à marier plus subtilement cerveau et cœur.

J’ai compris grâce à elle que les kleenex ne servaient à rien, qu’il ne fallait pas s’inquiéter plus que de raison de ses envolées enthousiastes ou mélancoliques, qu’une force tranquille et bienveillante suffisait à la remettre sur les lignes ou à canaliser les émotions trop fortes :  la femme sucre d’orge est juste toute émotion.

P.S : mon amie sucre d’orge que j’aime, j’adore tes lasagnes, elles sont fabuleuses, mais je profite de ce billet pour te dire : pitié pas à 8h du matin et oui oui oui je te confirme que quand j’aime être seule ce n’est pas parce que je suis au fond du gouffre…

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