Jacques Brel et la base 4

imgresJACQUES BREL
Un archétype* de base 4

Dans le regard fiévreux, on lit une passion extrême, un feu ardent mais aussi des voiles de mélancolie ou de détresse, qui prennent toute la place. Et cela, déjà, en dit long sur les tumultes intérieurs dont la parole ne peut livrer qu’une part.

C’est peut-être le secret de la douleur de la personne en base 4 : ne pouvoir exprimer ce qui se passe à l’intérieur, ou alors de façon approximative, dégradée, insuffisante: « je constate que je suis horriblement insuffisant par rapport à ce que j’ai envie de raconter » déclare Brel dans cette extraordinaire conversation de 1966, Comment parler aux gens:

 

D’où cette forme d’insatisfaction qui est un point commun des trois types idéalistes, 1, 4, 7. En 4, je focalise toujours sur ce qui manque: sur le décalage entre ce que je porte, ce à quoi j’aspire et ce que je vis, ce que je peux donner et ce que je veux faire. Mais aussi sur ce que l’autre possède et que je n’ai pas, sur ce qu’il est, que je ne suis pas et que j’idéalise largement.

Et pourtant, il faut dire ce que l’on porte en son cœur, de façon vraie et authentique, et ne pas être lâche et veule. Il faut dire quelque chose de singulier, être comme les autres ont résolu de ne pas être, totalement vivant dans des émotions à la fois plurielles, intenses, profondes et changeantes, jusqu’à la cyclothymie.

Choisir telle voie, tel langage, telle attitude, tel engagement sera souvent chez la personne de base 4 « purement sentimental, un choix arbitraire ». Au cœur de ce centre cœur, il y a la quête d’amour, le don de l’amour aussi. Un amour radical qui peut être perçu comme dur et exigeant pour les autres, à rebours de toute guimauve : « de la tendresse sans sanglots » dit Brel. Des sentiments qui n’ont pas peur de la douleur, de la mélancolie, de la tristesse, qui parfois les recherchent. Une manière de « tenir debout » par des émotions dont il se nourrit, jusqu’à introjeter celles des autres, à deviner « un cri que les gens ne poussent même pas », avec cette conscience d’être à part, singulier, unique. La fameuse contradiction du 4 entre mésestime de soi et conscience de sa différence qui peut parfois s’exprimer comme une arrogance.

Passions dévorantes, logique du cœur et non de la raison, amour du symbole et des images qui permettent d’approcher une réalité indicible, feu qui brûle, eau qui murmure ou qui submerge: en 4 l’urgence vitale est la connexion, le lien, sans lesquels il n’a plus de valeur à ses propres yeux, il n’a plus de raison d’être. Le célèbre Ne me quitte pas de Jacques Brel en est la plus poignante expression.

 

* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son oeuvre. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *