Métaphore de l’émotion

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QUAND L’ÉMOTION FRAPPE A TA PORTE
Métaphore de l’émotion
par France
au retour du Module 4 de l’Ennéagramme sur les émotions

L’as-tu déjà vraiment rencontrée l’étrange dame qui vit à la porte de chez toi ? Et qui entre quelquefois ? Tu sais bien celle dont je veux parler, celle dont tu as tendance à te protéger, celle que peu finalement, accueillent en pure simplicité. Il est vrai qu’elle est déconcertante, inconvenante, sous ses multiples visages, ses mille et une manières et ses plus surprenantes apparences.

Tu le sais déjà, mais je te le redis une fois. Elle n’a pas d’heure. Elle se présente chez toi à l’improviste, de jour, de nuit, matin ou soir, par tous les temps et en tout lieu. Habillée de tendresse ou trempée de larmes, revêtue de beauté ou froquée d’habits sales, fulminante ou caressante, paisible ou tonitruante, elle est feu, elle est flamme, elle est vague, elle est vent, étincelle ou bien volcan. Elle est source ou océan, jaillissante ou déferlante, elle est lac, elle est pluie, elle est vigueur pour bâtir ou force pour anéantir. Elle est taureau vigoureux ou fine gazelle, lionne rugissante ou coquine sauterelle, rhinocéros enragé ou léger papillon, truie qui se vautre ou tendre marmotte. Elle frappe à ta porte….

Ouvriras-tu ? La laisseras-tu longtemps seule sur le palier dehors, au risque de la voir frapper plus fort ?… Tu hésites ?… Tu n’as pas le temps ? … Tu prétextes quelques autres affaires, plus sérieuses, plus sûres, moins aléatoires… Tu cherches un exutoire…

Elle frappe encore, doucement… fortement, énergiquement ! Par la fenêtre, tu risques un regard, tu tends une oreille. Elle crie, elle supplie, elle pleure, elle enrage, elle chante, elle rit, elle vomit, elle hurle, elle frappe, tambourine… Vue d’ici, de la terrasse de ta chambre haute, tu la crois tout simplement folle.

Mais voilà-t-il pas qu’elle entre ! Non mais quel culot, sans permission, sans autorisation, elle prend toute la place, dévaste, inonde, brûle, détruit, attendrit, envahit, adoucit, étreint, réjouit… Tu ne sais pas, tu ne sais plus ! Elle a gagné, tu es submergé…

Alors la prochaine fois, quitte ta tour de contrôle, descends à sa rencontre, ouvre-lui ta porte, avant qu’elle ne s’emporte, accueille là, telle qu’elle se présente à toi. Ne cherche pas à l’embobiner ou à lui imposer ta façon de voir, ta façon de faire. Toi, laisse-toi faire! Consens à sa surprise, au rayonnement de son être. Regarde-la, écoute-la, sens-la, touche-la, goûte-la. Laisse-toi surprendre, conduire par ses chemins. Fais connaissance, apprivoise ton amie. Car en réalité, oui cette étrange dame est bel et bien ton amie, une amie fidèle, franche, lucide… Cette apparente folle étrangère n’est pour toi qu’une humble messagère.

Elle vient te révéler ce pour quoi tu es fait, ce pour quoi tu es. Quel que soit son visage du moment et ses bizarres accoutrements, ses intrusions passagères, elle te livrera toujours, à condition que tu l’écoutes, un message pour la route. De mille manières, elle te fera comprendre ce qui te dérange, te bouscule, t’agace, t’égare, te dégoûte ou t’attire, te réjouis ou t’attriste, te donne envie de fuir ou d’approcher… et ainsi tu sauras… Tu sauras enfin… Tu sauras qu’il est vrai ton rêve le plus fou, celui qui de tout temps est inscrit au plus profond de toi. Tu es créé pour être, pour vivre et demeurer, dans la joie, dans la paix, dans l’amour, et ce, pour l’éternité. Laisse-toi faire, consens à sa venue, accueille cette souveraine inconnue et alors, comme le sel se dissout et donne saveur aux aliments, elle se fondra dans ta vie tout simplement et manifestera ta splendeur inlassablement.

Un nouveau regard

UN NOUVEAU REGARD
Par LucieIMGP9048

Un immense merci pour toute l’énergie et le temps que vous nous avez consacré, lors de ces deux jours journées de formation.

Formation lumineuse qui est un tremplin magnifique dans le chemin de la connaissance de soi et qui donne envie de poursuivre sur cette voie.

Je suis sortie de ces deux journées avec un nouveau regard sur moi-même et plus les jours passent, plus je prends conscience de toute la portée de votre enseignement.

C’est apaisant de connaitre son port d’attache et motivant de savoir qu’il existe de nombreuses clés pour progresser.

 

 

Malick et la base 4 en survie

4ddce54a63c72-terrencemalicknegotiatingtostartshootinginm260x307jpegTERRENCE MALICK
Un archétype de base 4 en survie*
par François

Je ne connais pas personnellement Terrence Malick, mais son cinéma oui ! Depuis longtemps, pour moi, une hypothèse 4 en survie se dégage de ses films. La très belle analyse en images de Frédéric Bas pour Blow-up sur l’histoire du cinéaste (https://www.youtube.com/watch?v=wjLKG8tNtOw), me renforce dans cette hypothèse.

De tous les cinéastes majeurs de notre temps, Malick est peut-être le moins cérébral, le moins rationnel, celui qui défit toutes les logiques, mais aussi un de ceux qui procurent les émotions les plus fortes. Sans doute est-ce un de ceux dont l’œuvre est la plus symbolique, où chaque plan est gorgé de sens, où le montage, par ses ellipses ou ses fulgurants rapprochements, dit ce que la parole ne saurait exprimer et ce que le plan lui-même ne saurait épuiser. Les personnes de base 4 aiment le symbole, sans doute parce qu’il leur permet d’exprimer une profondeur d’émotion que le langage rationnel ne saurait atteindre sans la dégrader.

Autre caractéristique du cinéma de Malick : la beauté formelle. Celui qui ne réalisa que trois films en 25 ans, cinq en 38 ans avant d’accélérer le rythme en 2011, attache plus que tout autre une importance essentielle à la beauté de chaque plan, à celle de la photo, sans parler du rythme du montage et de la musique. Tordons le cou définitivement à une idée reçue : tous les artistes ne sont pas 4 ! Il y a tant de 5 ou de 6 notamment qui sont de formidables écrivains, musiciens ou cinéastes ! Mais, en 4, le sens du beau et de son harmonie ont une place vitale parce qu’il s’agit de sublimer une réalité qui serait autrement invivable. Là où le 5 ira l’expliquer – y compris par l’art, et le 6 la provoquer. Ce sens de la beauté n’a évidemment rien à voir avec la joliesse ou toute sorte de mièvrerie esthétique (même si, pour des raisons éducatives et culturelles, un 4 peut aussi y succomber). Au contraire, il s’agit le plus souvent d’un rapport radical à la beauté du monde, par exemple, ainsi que le montre l’auteur de cette belle analyse, dans l’emploi d’un raccord radical qui fait naître d’un choc extrême, une beauté insoupçonnée, comme dans Tree of life (il y a ici quelque chose qui se passe entre le 4 et le 5, et qu’on retrouve chez Kubrick, vraisemblable représentant de la base 5).

On retrouve chez Malick un rapport très particulier à l’histoire. Non pas d’interrogation entre admiration et soupçon, fidélité et rupture comme en 6, mais dans ce que l’auteur de cette analyse appelle un « rapport mélodique à l’histoire » où « le passé est une matière sensible ». Il y a chez Malick une problématique du temps retrouvé (comme chez Proust), une notion du paradis perdu, une quête d’un retour aux origines qui est consubstantiel à la base 4. Il s’agit de retrouver un idéal impossible à atteindre, dont la quête est le seul moteur qui permet d’avancer, mais dont la certitude de ne jamais l’atteindre crée un manque, une envie. C’est le soldat qui regarde les autochtones dans leur vie simple et joyeuse avec envie au début de La Ligne rouge. Chez Malick, le paradis est la condition première de l’homme, mais il en est expulsé : d’où ce manque existentiel qui n’est ni la peur du 6, ni le vide du 5, mais un manque à la fois destructeur et constructeur, essentiel à la création artistique et pourtant douloureux et tragique. Face à ce manque, il n’y a plus comme possibilité que la catastrophe : la violence, la révolte des éléments, la guerre, le crime, et quand la catastrophe a eu lieu, il reste la mélancolie, basse continue et fixation du centre mental des personnes de base 4.

Les films de Malick nous donnent aussi à voir une problématique en survie. La nature est omniprésente chez lui. Le fleuve est un lieu source dont tout découle ; la forêt est pleine de mystères, menace ou refuge ; l’arbre, qu’il soit planté par le père en symbole de vie, ou qu’il se projette vers le ciel en contre-plongée, est le symbole de la respiration du monde entre le créateur et sa créature. Il semblerait bien que nous soyons ici en sous-type survie, au cœur d’une problématique 4. Les GI’s dans La Ligne rouge font une vraie rencontre avec la jungle. Partout, chez Malick, l’amour prend ses racines dans la nature bienveillante où les corps peuvent être libres dans la nature jusqu’à ce que la civilisation y mette fin.

Le sous-type survie donne au 4 un ancrage et un sens du concret que l’on ne retrouve pas dans les deux autres sous-types. Le mot que l’ennéagramme lui rattache est celui d’intrépidité. Il suffit de connaître un peu l’histoire de Malick pour y rattacher cette manière de filmer des heures de pellicules sans savoir ce qui restera dans le film, de tout réinventer au montage, de recruter des stars qui auront la mauvaise surprise de se retrouver trois petites minutes dans le film abouti… Le sous-type survie donne aussi au 4 émotionnel une qualité corporelle, une incarnation assez rare. Parfois, les images de Malick, sans paroles, donnent à voir le pur langage du corps, mais immédiatement, par le plan, la photo, la musique, le montage, sublimé en émotions.

Qui est l’homme Terrence Malick si discret et caché qu’une aile 5 en cas d’hypothèse 4 serait assez probable ? On ne saurait évidemment le conjecturer. Mais son cinéma mérite d’être archétypal de ce que les 4 en survie apportent au monde, dans un registre émotionnel d’une profondeur qui leur est propre, conjugué à un ancrage très survie dans la nature et dans les corps: une alchimie douce-amère, explosive et unique, qui fait tout son génie et tout son charme…

* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son oeuvre. 

Saint Louis et la base 1

saint-louisSAINT LOUIS
Un archétype* de base 1

Il est le modèle du monarque saint et droit et l’image d’Epinal nous le montre rendant la justice sous un chêne à Vincennes. Saint Louis, roi à la morale rigoureuse, sobre jusqu’à l’austérité, appelle assez naturellement l’hypothèse de cette base 1 de l’ennéagramme qui, ne l’oublions pas, forme avec la base 4 et la base 7 la triade des idéalistes.

Rien n’est jamais trop bien fait ni trop élevé pour une personne de base 1 qui poursuit un idéal de perfection, comme celles de bases 4 recherchent l’absolu et celles de base 7 le plaisir: de manière insatiable et, du coup, toujours insatisfaite. Un exemple: sa volonté de rendre à l’Angleterre certaines terres qu’il aurait pu garder suite à ses victoires guerrières. Par son attitude, saint Louis se veut toujours exemplaire.

Il dérange dans l’univers de la cour. Il mange sobrement, ne boit presque pas, s’habille de manière simple et s’il n’y avait un rang royal à tenir pour l’honneur de la couronne, il vivrait pauvrement à la manière franciscaine. Il y a là une ascèse familière à la base 1, un respect aussi des règles de l’Eglise : il jeûne, peut assister à trois messes par jour, récite la liturgie des heures avec les moines. Parfois, cela peut l’amener jusqu’au scrupule: quand il visite un monastère, il demande à genoux aux moines de prier pour le salut de son âme. Comme s’il n’en faisait jamais assez.

Et pourtant, il ne se contente pas d’être un parfait chrétien: il gouverne et il réforme. Notamment les mœurs de son temps. Il interdit que ses représentants s’enrichissent dans l’exercice de leur mission. Il y a chez lui une intransigeance qui va jusqu’à l’excès. Il est terrible avec les blasphémateurs qu’il punit avec une sévérité extrême. On lui doit aussi le tristement célèbre port de la rouelle par les Juifs: d’ailleurs, en cela il n’innove pas mais il suit les consignes du concile de Latran. En base 1, on applique les règles à la lettre, et souvent de manière maximaliste.

Cette hypothèse de la base 1 ferait de saint Louis un représentant de la triade instinctive, avec la base 8 et la base 9: le corps est premier. Ce qui ne signifie pas qu’il fût dépourvu de cœur et de raison, loin s’en faut, mais c’est par le corps d’abord et à travers des gestes concrets qu’il entend agir sur le monde. Il lave les pieds des pauvres à genoux, à l’exemple du Christ. Il aime s’asseoir à même le sol pour écouter une méditation et vénère les reliques. Il porte un morceau de silice en carême, bien que, sur ordre de son confesseur auquel il obéit, il se limite car ce n’est pas l’usage pour un roi. L’action est première chez lui. Pour preuve les Croisades: il y passe la moitié de son règne, ce qui pour un roi est peu sensé (il est vrai cependant qu’il trouve en sa mère Blanche de Castille une régente parfaitement fiable). Saint Louis agit et il agit de la manière la plus parfaite qui soit.

C’est de cette intelligence corporelle que pourraient venir son apparence souvent paisible et cette puissance tranquille. Pourtant, tapie au cœur de la base 1, le secret de l’énergie est bien la même colère qu’en base 8. Regardons comme il sait s’opposer aux tentatives d’ingérence de la papauté dans ses affaires temporelles: il s’y oppose avec force. La grande différence avec la base 8, c’est que chez saint Louis cette colère est rentrée, elle ne s’exprime que très rarement car se mettre en colère ne se fait pas… d’où une indignation permanente qui lui fait vomir blasphémateurs, voleurs et surtout ceux qui oppriment les faibles. La plupart du temps, rien n’apparaît et il pourrait manquer de spontanéité car il a une totale maîtrise de lui, qui fera d’ailleurs dire à son compagnon Joinville qu’il ne sait pas témoigner assez d’affection à sa femme.

Homme de devoir, amoureux de la simplicité et de la tâche quotidienne, sobre et humble, le cœur de la quête de Saint Louis est de participer – à sa mesure – à l’amélioration du monde, au risque de l’intransigeance et jusqu’à y laisser sa vie. Chaque personne de base 1 peut trouver en lui un modèle et un frère, avec les mêmes combats et les mêmes talents, dans leur ordre: c’est en cela que les archétypes peuvent être une lumière et un soutien. L’Eglise demande à tendre à toutes les vertus mais à ne pas imiter les saints. Serait-ce aussi qu’à prendre pour modèle un saint ou une sainte qui n’aurait pas les mêmes ressorts que nous, nous prendrions le risque du découragement?

Vous pouvez retrouver le portrait développé de Saint Louis et d’autres figures archétypales dans Les grandes figures catholiques de la France de François Huguenin, chez Perrin, 2016.

* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son oeuvre. 

L’intelligence du corps au cinéma

425022-jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxxSULLY
Un film de Clint Eastwood, 2016

Un archétype de la base 9*

Avec Sully, Clint Eastwood livre un de ses plus beaux films, déroutant les codes du film du dimanche soir pour proposer un miracle de sobriété et de justesse. Tom Hanks, dans le rôle de Sully, le pilote qui, il y a quelques années, posa son Airbus sur l’Hudson en sauvant tous les passagers, est absolument magistral de présence et de précision.
A voir en famille !

v1Sully/Hanks porte ce film par une présence physique hors du commun, à la fois puissante et sobre, calme et déterminée. Dans le rôle de ce pilote qui, une fois passé le temps où il est fêté en héros, se retrouve en butte à une enquête visant à lui faire porter la responsabilité de l’amerrissage, pour de sordides questions financières, il réagit à la façon d’une personne de base 9.

Face aux questions agressives de ses interlocuteurs, il ne rentre pas dans le conflit. Face à l’injustice qui lui est faite, il intériorise, incapable de partager son angoisse avec sa femme (quelques personnes de base 9 sauront de quoi je parle…) et finit même par douter de lui-même. Seuls ses rêves diront la violence de ce qu’il traverse et la réalité de ce qu’il vit.

Face aux analyses des ingénieurs et aux calculs des machines, il oppose opiniâtrement le facteur humain, c’est-à-dire ce qu’il sent. On lui dit que le second moteur fonctionnait, il répond seulement : « ce n’est pas ce que j’ai senti ». Les personnes de base 9 sont au cœur de la triade instinctive de l’ennéagramme, celle dont le centre d’intelligence préféré est le corps. C’est de lui qu’elles reçoivent d’abord les informations pour l’action et non celles de l’intellect ou de l’émotion. Il y a en base 9 une capacité spécifique à sentir l’environnement, à faire corps avec lui. Le plan bouleversant où, alors que l’avion menace de couler, Sully arpente seul le couloir de l’avion alors que tous les passagers ont été évacués, est emblématique de cette présence qui fusionne avec l’environnement. Là où la précipitation serait compréhensible, le calme règne.

Le cœur du film, dont la scène est judicieusement fragmentée par Eastwood, est celle de l’amerrissage. Sully prend la décision de ne pas rejoindre l’aéroport La Guardia, contrairement aux conseils qu’il reçoit. Il sait, parce qu’il le sent, qu’il n’y arrivera pas. Il n’a pas le temps de la réflexion mentale, qui le mènerait à s’écraser contre les immeubles  (terrible réminiscence des attentats du 11 novembre 2001), comme le montre la simulation finale. Le corps est plus rapide que la tête en situation d’urgence.

Il choisit donc de tenter de se poser sur l’Hudson, dans le plus grand calme et avec la plus implacable détermination. C’est l’action juste par excellence, celle qui ne résulte pas de savants calculs mais d’une présence réelle aux choses et à soi : l’action juste, cette vertu de l’ennéagramme si mystérieuse et dont les personnes de base 9 ont le secret quand elles vont chercher le meilleur d’elles-mêmes. Une action juste qui n’a rien de brillant et qui ne cherche pas le spectaculaire – Sully n’est pas à l’aise avec l’encensement des médias, mais qui trouve son épanouissement dans le fait même. Difficile d’en parler… Eastwood nous permet de le vivre un peu avec son héros, c’est la parole du cinéma.

Est-ce un hasard ? Je faisais la recension il y a tout juste un an d’un autre film avec Tom Hanks, Le Pont des espions de Steven Spielberg, où une fois de plus l’acteur se retrouvait en posture 9… Que cela veut-il dire de l’acteur, des réalisateurs, des personnages mis en lumière ? Ce serait l’objet d’un autre article.

* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son oeuvre. 

 

 

Métaphore de la base 2

7477-0w600h600_canne_sucre_orge_uniteLA FEMME SUCRE D’ORGE
Métaphore de la base 2
Par Elvire Debord
alarecherchedutempspresent.fr

La femme sucre d’orge est absolument étonnante à mes yeux car elle a un centre émotionnel à fleur de peau et, avant d’apprendre à la comprendre, elle était de nature à profondément me déstabiliser, comme si vous rentriez dans un magasin de porcelaine avec un bouledogue.

La femme sucre d’orge a en effet un système lacrymal très développé et peut dans le même instant de raison, comme nous disions sur les bancs de la fac de droit, se mettre à pleurer et rire. Au début, vous cherchez l’horreur que vous avez pu sortir pour provoquer une telle réaction, vous cherchez un trou de souris où vous cacher, vous farfouillez fébrilement dans votre sac à main à la recherche d’un kleenex, mais pas du tout, elle est juste émue par une parole, un moment partagé, un gâteau sec, une bougie qui flambe, un témoignage d’affection.

La femme sucre d’orge est dotée d’une émotion à manifestation immédiate, sans voile ni pudeur, capable de vous parler les larmes aux yeux d’un événement qui vous a semblé totalement insignifiant sur l’instant mais qui semble à ses yeux absolument extraordinaire. Ses enthousiasmes débridés n’ont d’égal que son besoin addictif de se sentir aimée et valorisée dans le regard des tiers.

Redoutant la solitude, même entourée d’une ribambelle de gamins, la femme sucre d’orge est une personne infiniment généreuse de son temps et de ses sentiments.

Vous avez à peine franchi le pas de sa porte, qu’elle vous dit déjà que vous lui manquez, au point de se dire dans votre for intérieur est-ce moi qui manque de cœur ou elle qui en a trop : le nougat face à la pomme d’amour.

Quand vous dites à la femme sucre d’orge  que vous avez besoin de temps pour vous et que vous aimez la solitude, elle vous appelle quinze fois en pensant que vous êtes dépressive. Débordant d’affection à déverser, elle anticipe vos désirs même ceux qui n’existent pas, aime qu’on vienne la voir à l’improviste, vous saute au cou à vous en étouffer, ne se lasse pas de vous dire que vous comptez pour elle, et s’angoisse de ne pas vous voir réagir de la même manière.

Un « je t’aime » non fébrile et exalté résonne à ses oreilles comme un « je te le dis parce que tu l’attends », il n’est pas crédible.

La femme sucre d’orge n’est jamais aussi heureuse que lorsqu’elle est entourée, que ça s’agite, qu’on soit quinze à table et n’est pas rebutée pour parler de choses profondes même entourée d’enfants qui se disputent.

Elle est capable de vous appeler en se lavant les dents pour vous demander conseil tout en vous disant qu’elle vous aime avec des grelots dans la voix. Vous pouvez la voir débarquer chez vous pour vous déposer par surprise des lasagnes préparées la veille avec amour à 8h  du matin alors que vous êtes à peine réveillée.

Indispensable femme sucre d’orge qui oblige à faire bouger les lignes et à marier plus subtilement cerveau et cœur.

J’ai compris grâce à elle que les kleenex ne servaient à rien, qu’il ne fallait pas s’inquiéter plus que de raison de ses envolées enthousiastes ou mélancoliques, qu’une force tranquille et bienveillante suffisait à la remettre sur les lignes ou à canaliser les émotions trop fortes :  la femme sucre d’orge est juste toute émotion.

P.S : mon amie sucre d’orge que j’aime, j’adore tes lasagnes, elles sont fabuleuses, mais je profite de ce billet pour te dire : pitié pas à 8h du matin et oui oui oui je te confirme que quand j’aime être seule ce n’est pas parce que je suis au fond du gouffre…

Trump ou la grande confusion

imagesDONALD TRUMP
Hypothèse contradictoire en 8 ou 6 contrephobique

L’élection de Donald Trump a secoué le landernau médiatique. Passons sur les aspects politiques de la question et intéressons-nous à cette personnalité contestée et hors norme.

L’homme provocateur, grossier, n’hésitant pas à faire des plaisanteries en-dessous de la ceinture, étalant sa richesse, simplificateur et caricatural, farouchement indépendant peut faire penser à une base 8 dans ce côté brut de fonderie et dominateur. Sa biographe Laure Mandeville souligne qu’il a toujours été un rebelle et une forte tête, bombardant ses instituteurs de gommes, tirant les cheveux des filles, et que le coin où les élèves turbulents étaient envoyés avait été baptisé de ses initiales, DT ! A 13 ans, son père l’envoie d’ailleurs en internat car il le surprend en train de préparer une descente à Manhattan avec des lames de rasoir ! Contrairement à son frère aîné, mort dans l’alcoolisme, Trump a décidé de ne jamais exposer ses faiblesses. C’est l’évitement de la base 8 qui cache sa vulnérabilité car il croit en la force.

Tout serait simple si quelques éléments ne venaient troubler la logique de ce tableau. En petit comité, le provocateur laisse place au pragmatique qui écoute ses conseillers et ne choisit pas systématiquement l’option la plus extrême. Au contraire, en politique étrangère, Trump s’affirme prudent et pragmatique, jugeant que le statut de gendarme du monde a fait commettre des erreurs aux Etats-Unis. Par rapport à Daesh, il est prêt à s’allier avec Poutine et même à lui laisser faire le travail s’il le sent mieux placé que lui pour le faire. Bref, de nombreux indices semblent montrer que l’homme est bien plus complexe qu’il ne le montre, comme s’il cachait son jeu.

L’autre hypothèse expliquant ce sens de la provocation serait une base 6 de type contrephobique, réagissant à la peur par l’attaque, testant, déstabilisant l’adversaire par une virtuosité verbale très aiguisée (tandis que le 6 phobique est plutôt dans l’effacement et l’expression de la peur). Si cette hypothèse était avérée, et elle a aujourd’hui ma préférence, il rejoindrait la cohorte des provocateurs de la politique, 6 tellement contrephobiques qu’on les prend pour des 8 où je verrais bien Georges Marchais, Jean-Marie Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

C’est souvent dans le verbe que l’on peut discerner un 6 contrephobique car pour l’énergie puissante et brutale la confusion est totale avec le 8. De même que la défense des faibles (Trump a un discours de protection des pauvres qui est aux antipodes du libéralisme contrairement à ce qui a été souvent dit) qui réunit 6 et 8, le premier par devoir, le second par instinct de protection.

Pour compliquer encore la donne, trois petits éléments. Le premier est que 6 ou 8 , Trump a vraisemblablement une aile 7 qui lui donne tant d’aisance dans les pitreries. Le deuxième est le sous-type certainement social, tant les notions de prestige et d’image semblent présentes. Enfin, n’oublions pas qu’il est américain et qu’une super-couche de base 3, propre aux Etats-Unis vient en rajouter dans le côté bling-bling et la passion du challenge.

Pas si simple l’ennéagramme…

Métaphore de la base 6

Islande-Vikings-LE VIKING

par Elisabeth
de base 6

Le Viking, tout comme les preux chevaliers, les spartiates, les fiers highlanders, les Spartacus et autres forces de la nature sont pour moi le symbole du courage.

Et le courage, c’est la vertu de la base 6.

Le Viking des temps modernes n’est pas nécessairement de base 6 mais le Viking de base 6 est un alliage indestructible de traits de caractère complexes, parfois opposés, parfois changeants, parfois lumineux, parfois ternes mais fondés sur un socle solide.

ElisabethLe Viking de base 6 a besoin de réfléchir, de comprendre et d’analyser avant de se lancer dans l’action mais quand il y va, il est d’une force et d’une endurance à toute épreuve. Si la cause lui paraît juste, il part au combat en première ligne et n’hésite pas à prendre des coups ou à donner sa vie.

Doté d’un grand sens de l’honneur, le Viking est loyal et fidèle à la parole donnée.

Rapidement désarçonné face à un environnement hostile, il peut avoir la volonté de prendre la fuite ou de se cacher la réalité mais à force de volonté, il mettra cependant tout en oeuvre pour comprendre comment atteindre son but et par de petits coups de hache à droite et à gauche, arrivera à tracer son chemin.

Le Viking de base 6 est un bon vivant. En confiance, entourée d’amis bienveillants, de personnes chères à son cœur, il rit à gorge déployée, il sait faire fort honneur à la bonne ripaille et au bon vin, il aime les bons mots, il prend de la place et on le remarque. Pudique cependant sur tout ce qui a trait à ses émotions, il manie l’humour avec facilité pour ne pas avoir à se dévoiler impunément et peut sembler inaccessible.

Le Viking de base 6 est tiraillé par un esprit fantasque, complexe, qui le pousse dans toutes les directions, mais il est dans la vie concret, sincère, authentique, sans artifice et a le souci de plaire sauf à ceux qu’il admire.

Le Viking a besoin d’un idéal à suivre, il aime les belles missions et son âme aspire à vivre de grandes choses. Il n’hésitera pas à se mettre en danger mais il aura toujours le souci des siens, même à son propre détriment.

Le Viking de base 6 a le sens des responsabilités qui lui incombent et ne cherche pas à s’en dédouaner. Mais il ne se met pas spontanément en avant car il trouve souvent que les autres Vikings sont plus méritants.

Il aime être entouré de personnes dignes d’être admirées, dans lesquelles mettre ses pas, et s’il trouve un chef de confiance, il le suivra aveuglément. La trahison d’un être proche le détruit de l’intérieur mais si son cœur crie vengeance, son esprit analytique le gardera de grandes envolées qu’il regretterait.

Sa fiabilité en fait une personne sur qui compter, de confiance.

Le Viking des temps moderne a la trouille au ventre mais si sa peur est maîtrisée, si elle est identifiée et canalisée, c’est un être exceptionnel, doté de ce talent extraordinaire, le courage.

Viking de base 6, restez vigilants et tenez les rangs. Les autres bases comptent sur vous.

Une plus grande assise

young-woman-1119479_960_720UNE PLUS GRANDE ASSISE
par Raphaëlle

Je voulais te remercier pour les deux jours exceptionnels que vous nous avez fait vivre.

Vraiment j’en ressors avec une plus grande assise – et que je ressens physiquement !

Et surtout une forme de pudeur à ne pas chercher typer les autres.

Elle doit beaucoup à votre délicatesse à démêler avec ceux qui étaient présents, leur propre type.

Pour cette justesse je voudrais te dire merci.

Louis XIV et la base 3

louis-xivLOUIS XIV
un archétype* de base 3

La plupart des spécialistes de l’ennéagramme le situent en base 8, faute de connaître sa vie. Pourtant, il me semble que le Roi-Soleil est bien loin de cet archétype. En dépit de sa responsabilité dans certaines guerres qui ont épuisé la France et de son robuste appétit sexuel, il me paraît beaucoup moins correspondre à la simplicité et à la colère qui émanent de la base 8 que de la complexité des personnes de base 3.

D’ailleurs, il le dit lui-même : l’amour ni la guerre ne sont les grandes affaires de sa vie : « L’amour de la gloire va assurément devant toutes les autres [passions] de mon âme ». Nous sommes au cœur de la thématique de la base 3 pour laquelle il est question d’image et de réussite.

Louis XIV est bien sûr un homme d’image. C’est un des premiers souverains à se mettre en scène avec une maestria rare : parfait danseur, excellent cavalier, bon musicien, il est l’immense mécène que l’on sait, le bâtisseur de Versailles, le protecteur de Lully, l’homme qui met en spectacle la royauté du lever au coucher avec un tel éclat qu’on l’appellera le Roi-Soleil ! Les fêtes du début du règne magnifient la fonction royale, les opéras et les victoires sur les champs de bataille célèbrent la gloire du roi.

C’est le deuxième grand thème de la base 3 : la réussite. Louis XIV qui a enduré l’humiliation de la Fronde alors qu’il était enfant, n’aura de cesse de grandir la couronne et d’assurer la suprématie royale. Il veut être un grand roi, le plus grand des rois, et il le sera. Aujourd’hui encore, pour nommer la France de son époque, on parle du Grand Siècle….

Ce souci d’image et de réussite peut faire apparaître la personne de base 3 comme coupée de ses émotions, ce qu’elle est souvent alors qu’elle est au cœur de la triade émotionnelle. Louis XIV ne cille pas sous la douleur physique ou morale, il apparaît distant et majestueux en public (mais sait être cordial en petit comité). Rien de ce qui est à l’intérieur ne transparaît : cela risquerait de nuire à l’efficacité et à l’image glorieuse du monarque.

Contrairement à la base 8, la personne de base 3 fait preuve d’une immense faculté d’adaptation et d’une grande souplesse. Contrairement aux idées préconçues, c’est le cas de Louis XIV : il joue l’équilibre entre les clans rivaux (Colbert et Louvois), oscille entre le modernisme du premier et le conservatisme du second. Louis XIV n’impose rien par la force. Il est au contraire en osmose avec la société de son temps. Cela explique d’ailleurs certaines de ses erreurs les plus graves, notamment la révocation de l’Edit de Nantes : il suit en cela l’opinion publique. Il ne tranche brutalement que lorsque l’autorité et prestige de la couronne sont menacés : avec Fouquet, ou avec les jansénistes. Parfaitement en phase avec son temps, Louis XIV aura somme toute manqué de génie visionnaire : l’absolutisme qu’il a mené à son acmé n’a pas su anticiper sur les nécessaires réformes du pays et a joué un rôle dans l’émergence quelques décennies plus tard du mouvement révolutionnaire.

ob_539489df1dc81542dc59a9f9547f24db_symbole-roi-soleilQuand on étudie le personnage de Louis XIV on constate une totale confusion entre l’être et le paraître, une sorte d’engloutissement de la personnalité dans la fonction. Ainsi dans ses relations amoureuses : au terme d’un rude combat intérieur, il sacrifie son amour pour Marie Mancini à sa fonction royale. Ce sera ensuite l’enchaînement des maîtresses dont on peut dire qu’elles participent au prestige de la couronne. Et puis, avec Madame de Maintenon, le roi s’assagira durablement, conscient du fait que ses errements affectent l’image du roi. Au cœur de la base 3, il y a l’angoisse de ne pas être reconnu, et la croyance qu’il est aimé pour ce qu’il fait et qu’il montre et non pour ce qu’il est. Le Roi-Soleil aura couru derrière cette reconnaissance avec une remarquable efficacité…

Vous pouvez retrouver le portrait développé de Louis XIV et d’autres figures archétypales dans Les grandes figures catholiques de la France de François Huguenin, chez Perrin, 2016.

* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son oeuvre.