Archives de catégorie : Base 8

Apprivoiser ses ombres

APPRIVOISER SES OMBRES
Par Murielle
de base 8

C’est l’histoire d’une petite fille, puis une jeune femme, puis une femme, qui toutes avaient mis beaucoup de leur énergie à cacher leurs blessures. Et de l’énergie, elles en avaient, mais elles y ont beaucoup puisé. Sans toujours penser à reconstituer les réserves. Toutes les trois étaient certaines que, ainsi bien cachées sous une solide armure, personne ne s’apercevrait que, sous la cotte de maille, béaient des fêlures, fissures et crevasses gigantesques. Oh, ce n’était pas par volonté de dissimulation que le pont-levis était levé en permanence entre elles et les ennemis extérieurs. C’était simplement un rempart et une protection indispensables à leur homéostasie psychique. Du moins le croyaient-elles.

La vie allait leur apprendre, doucement, lentement, très lentement, à desserrer cet étau, à jeter l’armure -rouillée- à la rivière. Après de rudes chevauchées menées à se battre contre des moulins à vent, des expositions permanentes à se prendre pleine face les déferlantes de la vie sans même penser à se mettre de biais afin d’offrir ainsi moins de prise aux vagues, des révoltes conduites contre le monde entier, injuste avec les plus faibles, le bilan de toutes ces années de luttes était squelettique: la terre ne tournait pas plus rond, les pauvres étaient toujours pauvres, les guerres sans cesse rallumées, la paix intérieure et l’harmonie un horizon jamais atteint. La révolte, la rage et la colère allumées dans l’enfance étaient toujours prêtes à flamber à la moindre étincelle. C’est sûr, il fallait changer de méthode.

Chercher à se connaître, reconnaître en soi l’existence des traumatismes, remonter à l’origine, creuser, désinfecter, soigner, les panser. S’apprivoiser. Apprivoiser ses ombres comme ses fulgurances, apprivoiser des gros mots comme fragilités, vulnérabilités, hypersensibilité, confiance en l’autre. Recoudre, ravauder, réparer. Se réparer, s’adoucir, arrondir les angles, considérer l’existence de différences nuances, cesser de porter et de vouloir pour les autres, apprendre à consentir. Ralentir, lâcher prise, faire confiance. S’accepter, s’aimer. Laisser le temps faire son œuvre pour emprunter le chemin de la consolation, du pardon. Pardonner, et se pardonner.

Je suis comme un kintsugi, un bol japonais réparé à la feuille d’or. Réparée, couturée, balafrée, certes. Mes cicatrices sont apparentes, visibles à l’œil nu pour ceux qui savent les voir, les lire derrière les rebuffades, les tenues à distance, les emportements. Mais ces cicatrices font partie de moi, de celle que je suis aujourd’hui. Les Japonais disent même que, ainsi réparés, les objets révèlent une nouvelle beauté, et sont plus solides. Ne le répétez pas, c’est un secret.

L’arc en ciel des émotions

 

 

L’ARC EN CIEL DES EMOTIONS
par Marie, de base 8
et Etienne, de base 6

 

 

 

C’est une fillette qui se prenait pour une guerrière, et qui luttait, seule, sur son cheval fougueux Colère, au milieu de l’hostilité d’un paysage aride.

Mais tout à coup, ô joie, après de rudes chevauchées inutiles, elle aperçoit le pont des émotions, sa planche de salut, qu’elle commence à emprunter avec bonheur. Ce pont arc-en-ciel , il lui a semblé tout d’abord tellement volatile et aérien, qu’elle n’osait s’en servir, de peur de tomber dans le précipice. Mais sa chaude palette de couleurs l’a finalement séduite et rassurée, et ce n’est désormais plus un ennemi à combattre, mais un outil bienveillant qui va l’emmener vers les riantes et prometteuses rives de la sérénité, lumineuses et verdoyantes.

Au milieu des flots déchaînés de la mer Peur, surmontés d’un bel arc-en-ciel apaisant, un jeune matelot souriant tient fermement le gouvernail du bateau Émotions. Après de nombreux essais infructueux et douloureux, il est enfin heureux, car il commence à considérer les éléments en furie non plus comme de potentiels ennemis à fuir, mais comme des compagnons de route avec lesquels il est possible de composer pour atteindre paisiblement le rivage. La devise du garçonnet pourrait être : «  Dieu ne nous a pas promis une traversée facile, mais une arrivée à bon port ». Alors, haut les cœurs et duc in altum !!!

 

Le garçonnet et la fillette se retrouvent avec bonheur dans le symbole de l’arc-en-ciel, leur aile 7 commune: à l’aide de ses chatoyantes couleurs, ils ont ainsi deux ailes pour construire ensemble de beaux projets dans l’humour et la fantaisie.

Tendre doloire

TENDRE DOLOIRE
par Adrienne
de base 8

Sans rien y connaître, j’ai débarqué, en retard, au stage ennéagramme. Avant d’avoir repris mes esprits, me voici projetée en petit groupe, autour de cette question : Ce qui vous agace le plus? Les quatre premiers avouent, du bout des lèvres, que c’est pour l’une la lenteur, l’autre le travail mal fait, le troisième le temps perdu, la quatrième le mensonge. Tout le langage non verbal de l’irritation gronde en eux mais ils sont unanimes; ils prennent sur eux, leurs colères sont très rares mais alors cinglantes. J’ai l’impression d’être un ovni, ce qui m’énerve, moi, ce sont les colères si visibles et pourtant non verbalisées. Je n’ai alors rien de plus urgent que de les faire sortir. Deuxième atelier, proposer un objet. Pour commencer, une femme choisit la boucle d’oreille, ornement léger, si personnalisable, qui  illumine le visage. Suis-je vraiment un éléphant dans un magasin de porcelaine? Voici mon objet, mouvement de recul. Non ce n’est pas une hache!

Cet objet m’est venu comme une évidence, j’ ai véritablement une fascination tendre pour la doloire. Son fer à lui seul pèse plusieurs kilos et son tranchant mesure une bonne trentaine de centimètres, à première vue on croit reconnaître l’arme d’un bourreau. Une hache à abattre se manie avec des mouvements amples et puissants afin que la vitesse multiplie la force et que la frappe gagne en efficacité. Pour la doloire, rien de tel, elle n’a qu’un tranchant   ne peut utiliser que la force de sa masse, une force qui ne peut porter que vers le bas. Elle n’a vraiment rien d’une arme d’assaut.

Très lourde, assymétrique, avec son manche court; l’utiliser pour abattre serait au minimum épuisant et désastreux, probablement impossible. Elle sert à équarrir. A Guédelon, les charpentiers travaillant exclusivement à la main ont compris, par expérience, à quel point elle était plus appropriée que la scie. Par un travail maîtrisé et précis elle fait sauter l’aubier pour découvrir, aplanir et ajuster la partie noble et solide d’un tronc. Les poutres réalisées ainsi sont harmonieuses et plus solides; elles respectent le bois et ses fibres. Les poutres peuvent ne pas être droites, être non standard; elles n’en trouveront pas moins leurs places dans la structure d’une habitation.

La doloire peut travailler des pièces de bois courbes, mais est impitoyable pour les vices dissimulés.  Elle sert à faire des toits authentiques, solides, cohérents, d’une beauté brute; sous lesquels on se sent bien, protégé. C’est un outil simple, un peu effrayant, sans apparat, mais puissant, qui permet un travail délicat. Dans un chantier, la doloire ne réalise qu’une partie du travail. Que pourrait-elle sans la hache d’abattage et les roues, sans les ciseaux et marteaux, les équerres et les niveaux, les échafaudages et les cordes de levage… Chaque fonctionnement a sa cohérence et ses dangers, mais tous sont indispensables.

Dans les regards des autres participants, j’ai vu qu’une personne qui dévoile la colère, qui ne supporte pas les incohérences (qui finalement nuiront aux plus démunis), qui se présente sans détour, peut aussi avoir sa place.

Les grilles de lecture des comportements, fréquemment très genrés dans nos milieux cathos m’ont souvent laissée culpabilisée et perplexe; je ne me retrouvais pas dans les descriptions de La Femme. J’ai déployé énormément d’énergie pour changer de fonctionnement. Ce premier stage m’a fait découvrir des clefs pour mettre à distance les moralisations centrées exclusivement sur un mode de fonctionnement, jugeant les autres avec mépris et donnant des conseils étouffants. Des clefs, aussi, pour me réjouir de la diversité des approches de chacun, de la mienne.

 

Comme un puzzle

COMME UN PUZZLE
Par Renée Michèle
de base 8

L’ennéagramme, j’y suis arrivée par une amie qui m’a chaudement recommandé de suivre cette formation. Je n’ai rien lu sur le sujet.

J’ai fait beaucoup d’ateliers par le passé. J’y allais sans attente, en imaginant que ce serait pour moi un énième outil. J’étais loin de m’imaginer ce qui m’attendais.

Avec Valérie et François, j’ai découvert qui j’étais ou plutôt j’ai accepté de reconnaître qui je suis. Le déroulement de ces deux jours s’apparente pour moi un puzzle qui se construit pas à pas d’une manière naturelle. J’ai eu l’impression que ça n’allait pas assez vite (peut être ma base 8 qui a parlé au début), mais au final toutes les informations sont arrivées au moment où nous en avions besoin.

Ce puzzle s’est fait dans la bienveillance, la chaleur et une écoute comme j’en ai rarement vu. Comme si chaque mot avait son importance, comme si tout notre être était écouté. Durant ces deux jours, je me suis trouvée et j’ai commencé à comprendre les autres.

J’ai particulièrement apprécié deux choses: tout d’abord, cette volonté perpétuelle de nous laisser nous connaître par nous-même, sans jamais le faire à notre place. Puis, la liberté que nous donne cet enseignement: loin de nous enfermer dans une case, cela nous offre une multitude de possibilités pour le futur.

Je suis sortie de ces deux jours fatiguée mais une bonne fatigue; je dirais une fatigue libératrice. Qu’est-ce que ça fait du bien de laisser notre moi intérieur se révéler et de se sentir plus fort ! Merci infiniment, Merci.

Et après le module 2 :

C’est fou comme je me sens plus libre après chaque session ! 🙂

Martin Luther King et la base 8

MARTIN LUTHER KING
Un archétype de base 8 en social*
par Pascal

Né le 15 janvier 1929, Mickaël (rebaptisé Martin Luther par son père à la suite d’un voyage en Allemagne) est fils et petit-fils de pasteurs. Etudiant doué et brillant (il sautera deux classes de lycée), il obtient d’abord une licence de sociologie avant d’obtenir un doctorat de théologie en 1954. Passionné de philosophie, ses maîtres furent Platon, Aristote, Saint-Augustin, Saint Thomas et surtout Hegel. Il sera aussi influencé par Marx, Gandhi et Reinhold Niebuhr pour le christianisme social. Il aurait voulu être enseignant (il sera finalement pasteur cinq ans à l’Église Baptiste de Montgomery en Alabama): il avait de rares capacités d’analyse et de synthèse, de logique, de rhétorique et de dialectique que l’on retrouve dans ses écrits et ses discours (autobiographie par Clayborne Carson ou dans La Force d’Aimer): bel investissement de sa flèche 5.

S’il n’a pas fait vœu de pauvreté, il n’a pas un goût immodéré pour le luxe, en revanche il est un tantinet coquet, toujours tiré à quatre épingles. Il ne renonce pas aux plaisirs naturels, à aucun plaisir. Il aime séduire les femmes, il n’est pas un ascète: grande sensorialité caractéristique de la base 8. Il n’a pas la rigueur voire la rigidité morale d’un Gandhi (sans doute de base 1) auquel il emprunte la philosophie de la non-violence, il est un américain de la middle-class noire.

En 1955 à Montgomery, sa ville, une femme noire Rosa Parks, est arrêtée pour avoir refusé sa place de bus à un blanc. C’est le début du combat de Martin Luther King. Tout au long de sa lutte pendant 13 ans, de Montgomery à Albanie (Géorgie), de Sainte Augustine à Selma (1965), de Chicago à Washington, il organise des boycotts, des sit-in avec occupation des locaux, des marches pacifiques contre la ségrégation raciale: c’est un homme de combat. La jeunesse des campus se rallie à sa cause, la Cour Suprême aussi, et dans son fameux discours I have a dream du 28 août 1963 rassemblant 250 000 personnes à Washington, il prône l’intégration raciale pour ses enfants et pour tous les noirs. En juin 1964, le nouveau Président Lyndon Johnson, certes homme du sud, mais de caractère intègre, prononce le Civil Rights. Martin Luther King se retrouve parmi les grands guides de son siècle: il fait partie des personnes qui, par leur charisme, enthousiasment leur entourage et motivent les individus à s’engager à leur suite.  Les gens le suivent parce qu’ils voient qu’il accomplit ce qu’il dit. King est l’exemple d’une personne de base 8 qui a su transcender sa colère par la non-violence. Il n’a pas besoin d’employer la force physique pour se protéger et il peut se mettre au service des vraies causes: son sens de l’action et son leadership font merveille. Il est assertif et sincère, sensible à l’altérité. Auprès de lui ses amis se sentent en sécurité, par l’investissement de sa flèche 2.

Il fut donc un leader incontestable: ainsi en 1957 il joua un rôle capital dans la fondation de la SCLC (Southern Leadership Conference), Conférence des Chrétiens du Sud, dont il fût le président jusqu’à sa mort. En 1955 à 26 ans, à l’unanimité, il devient président de la MIA (Montgomery Improvement Association). Il dira : « Je veux que nous sachions que nous sommes un peuple chrétien, nous croyons à la religion chrétienne, aux enseignements de Jésus. La seule arme que nous ayons dans les mains, c’est l’arme de la protestation. Ce n’est pas suffisant de parler l’amour, l’amour est un pivot de la foi chrétienne, il y en a un autre qui s’appelle justice« . Héraut de la non-violence, de la justice, Martin Luther King est un homme de grande foi et de prière qui a néanmoins connu des doutes, des angoisses et des luttes intérieures. Un jour, sa conscience prenant la voix de Dieu s’adresse ainsi à Martin : « Lève-toi, Martin, lève-toi pour les droits, lève-toi pour la justice, lève-toi pour la vérité, je serai avec toi jusqu’à la fin du monde ».

La personne de base 8 déteste l’injustice et pour le sous-type social, le bien du groupe est primordial. On reconnait volontiers Martin Luther King dans cette articulation type/sous-type: protecteur par excellence, sorte de patriarche malgré sa jeunesse; il sait s’entourer pour que son action ait un rayonnement large: Rosa Parks, Rufus Lewis, et surtout Ralph Albernaty (l’ami de toujours au visage rayonnant) sans oublier Jesse Jackson qu’il aime comme un fils, son digne successeur, doué, vif, intelligent. Les stars sont présentes d’Henri Bellafonte à Sidney Poitier, en passant par John Baez et Bob Dylan, sans oublier Mahalia Jackson, James Baldwyn ou encore Paul Newman.  Il fut proche des Présidents Nixon, JFK, Lyndon Johnson et aussi de Robert Kennedy: il a voyagé en Afrique (Nigeria), en Inde, en Europe (France), il a donc une dimension internationale toujours accompagné de son épouse. Il est un compagnon agréable habituellement serein, prompt à sourire, accessible à l’humour, en un mot, un bon camarade (aile 7). C’était aussi un homme de paix: il reçut d’ailleurs le Prix Nobel de la Paix à Oslo le 10 décembre 1964. Il en fût le plus jeune Lauréat. Le chanteur Ben Harper qu’il l’a bien connu écrira: « Nous avons une grande admiration pour lui » et il dit à son sujet : « le plus étonnant chez Martin Luther King, c’est qu’il respirait la paix, elle émanait de lui, de tout son être, du moindre regard au moindre geste. C’est le grand homme, un des êtres le plus pacifique que le monde ait connu, tout était prière pour lui et c’est exactement la voie à suivre. » (aile 9 vraisemblablement dominante).

En 1963 dans sa célèbre lettre de la prison de Birmingham, qui a peut-être une importance aussi capitale que son discours de Washington, il écrira : « Il existe deux catégories de lois: celles qui sont justes et celles qui sont injustes; je suis le premier à prêcher l’obéissance à des lois justes. L’obéissance aux lois justes n’est pas seulement un devoir juridique, c’est aussi un devoir moral. Inversement, chacun est moralement tenu de désobéir aux lois injustes. J’abonderai dans le sens de Saint-Augustin pour qui une loi injuste n’est pas une loi« . Et plus loin il continue : « Jésus n’était-il pas un extrémiste de l’amour : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous persécutent, priez pour ceux qui vous maltraitent . Amos n’était-il pas un extrémiste de la justice: Que le droit jaillisse comme des eaux et la justice comme un torrent intarissable. Et enfin Abraham Lincoln n’était-il pas un extrémiste de la liberté? Une nation ne peut vire mi libre, mi esclave« . Martin Luther King est entier.

En 1964 à Chicago il s’en prend à la guerre du Vietnam et à la pauvreté : « Une nation qui continue à dépenser davantage pour ses moyens militaires que pour ses programmes de promotion sociale s’approche de la mort spirituelle« . Il incite les jeunes américains à être objecteurs de conscience en incluant les amérindiens, les mexicains et les blancs pauvres. Mettre sa force au service du petit, du faible, du pauvre: la priorité de la personne de base 8.

Il fut suspecté de communisme comme Dorothy Day, Oscar Romero et tant d’autres chrétiens qui avaient une lecture politique de l’Evangile. A sa gauche on le trouvait trop mou, trop faible: Malcom X, figure montante des Blacks Panthers séduisait de plus en plus de gens et mettait en cause sa philosophie de la non-violence. Martin Luther King, sans les approuver, les comprenait et d’ailleurs il rendit hommage à Malcom X lorsqu’il fût abattu à Harlem le 21 février 1965. A sa droite, des hommes comme Connaly, Wallace et surtout Hoover le haïssaient: ils étaient ses ennemis eux qui avaient fait abattre John Fitzgerald Kennedy. Lui, savait qu’il ne verrait pas ses 40 ans. Cela ne l’a pas arrêté, c’est un jusque boutiste qui se soucie peu des fatigues et des oppositions, qui y trouve même son énergie.

Le plus dur, Hoover (sans doute 6 contre-phobique), patron du FBI, essaya de le discréditer en mettant en cause sa fidélité conjugale, mais ce n’était que des rumeurs infondées: même si King aimait séduire, il aimait profondément sa femme Coretta et leurs quatre enfants qu’il ne vit pas beaucoup, eux qui poursuivirent son œuvre à leur façon. Il sourit des années plus tard à la manière dont il s’y était pris pour demander Coretta en mariage : « Bonjour Coretta, je suis Martin Luther King, étudiant en théologie, tu sais tout. Napoléon a eu son Waterloo, j’ai mon Waterloo aujourd’hui et je suis à tes genoux ».  C’était en janvier 1953, il avait 23 ans, elle en avait deux de plus, elle étudiait la musique et le chant.

Le 3 avril 1968, à Memphis (Tennessee), il est venu soutenir les éboueurs noirs en grève. Dans son dernier discours, il dira « I have been to the moutain-shop  [j’ai été au sommet de la montagne]. La longévité est importante, j’aimerais avoir une longue vie, mais je ne suis pas concerné par cela, je veux juste accomplir la volonté de Dieu. » Il est assassiné le lendemain, le 4 avril à 18h01, au balcon du Lorraine Motel par James Earl Grey, ségrégationniste blanc: on a parlé d’une conspiration mafia-FBI. D’après le biographe Taylor Branch, l’autopsie de Martin Luther King révéla que bien qu’il n’ait que 39 ans, son cœur paraissait celui d’un homme de 60 ans montrant physiquement l’effet du stress, de la fatigue, de nuits sans sommeil ou en prison.

Entre 1957 et 1968 Martin Luther King avait voyagé plus de 9,6 millions de km tout autour du monde, a parlé plus de  2500 fois en public, a été arrêté par la police plus de 20 fois avec des dizaines de jours passés en prison et agressé physiquement au moins quatre fois. Johnson déclara un jour de deuil national le premier pour un afro-américain; 300 000 personnes assistèrent à ses funérailles. Mahalia Jackson chanta son hymne favori: Takemy hard precious Lord. Martin Luther King a été élu personne de l’année par le magazine Time en 1963. Il a reçu le prix Pacem in terris basé sur l’encyclique de Jean XXIII. Le 2 novembre 1983, Ronald Reagan signa une loi créant un jour en février l’honorant: le Martin Luther King Day. King est considéré comme l’auteur des plus grands discours historiques des USA aux côtés d’Abraham Lincoln et John Fitzgerald Kennedy. Neuf cent villes ont une rue Martin Luther King en 2018 et vingt universités l’ont fait Docteur Honoris Causa. En base 8, rien ne se fait dans la demi-mesure.

Jesse Jackson, compagnon de toujours, déclare qu’il aurait aimé qu’il soit le témoin de la victoire de Barak Obama, premier Président noir des USA. Ce dernier a rempli sa campagne de références à Martin Luther King lui rendant hommage, a placé son buste dans le bureau ovale de la Maison Blanche et le 16 octobre 2011, inaugurera le mémorial Martin Luther King à quelques mètres du Lincoln memorial où il prononça son fameux I have a dream. Sans être un surhomme ni un saint, Martin Luther King fut un homme de grande foi, un leader charismatique, un combattant infatigable de l’amour et de la justice par la non-violence: un bel archétype de base 8 qui a su mettre son talent de force vitale au service du monde, en se gardant de son excès de passion – la luxure, par la vertu de douceur.

 

Combattre sans souci des blessures

COMBATTRE SANS SOUCI DES BLESSURES
Itinéraire intérieur, de l’enfance à l’âge adulte
par Marie, de base 8

1) JOUER POUR GAGNER….
Ce n’est pas si simple!
– « Dis, Maman, on fait un Monopoly? »
Oh la rage de perdre… je la sens cette chaleur qui monte, qui bouillonne, qui va exploser… Si je pouvais détruire ce plateau de jeu…
– « Dis, Maman on fait la revanche? »
Et la revoilà, la chaleur, elle remonte, ça y est je pleure, et pourtant, cette fois je gagne… Mais c’est intolérable de voir sa mère perdre, ruinée… Comme j’ai envie
de lui sauter au cou!
– « Tiens Maman, prends tout mon argent, mes maisons… Et arrêtons ce jeu stupide… »
Encore un qui va rejoindre le tas d’objets, livres, films… à brûler! Ah oui, cela fera un bel autodafé.

2) QUELLE BATAILLE POSSIBLE POUR UNE PETITE FILLE?
– « Vive Jeanne! Vive la France! »
Oui, merci sainte Jeanne d’ Arc… Mon cœur d’enfant lui est tellement reconnaissant de pouvoir être fille et chevalier, féminine et guerrière… Grâce à Jeanne je peux laisser vibrer en mon cœur l’idéal chevaleresque, jouer et rejouer les croisades, les épopées des grands explorateurs, les batailles historiques où l’héroïsme français me fait pleurer de fierté et d’admiration.

3) CHARITÉ BIEN ORDONNÉE
Depuis la petite enfance, la tendresse envers les plus faibles se manifeste par une
attirance irrésistible vers les pauvres, les personnes âgées ou handicapées, les
tout-petits bébés. Un fort ancrage dans le présent donne lieu à des élans du cœur
souvent peu mesurés. Pourquoi ne pas accueillir tous les pauvres de la ville à la
maison, donner tous mes jeux aux enfants pauvres au moment de Noël, laisser
mon manteau à cet homme qui a froid? Il a fallu une bienveillante éducation à la
charité bien ordonnée, mais cet élan demeure un moteur de don de soi. Enfant et
adolescente, j’ai fondé en imagination une dizaine d’ordres religieux pour m’occuper
des petits de la société. Cet ancrage dans le présent amène une confiance aveugle
en la Providence « qui pourvoira », ce qui a donné de nombreux cheveux blancs à
mes parents et encore maintenant à mon pauvre mari! Mais la Providence a
toujours pourvu…

3) VIVE LE SCOUTISME!
– « Semper parati »!
Joie profonde dans le scoutisme où l’on se donne sans compter, où dans le signe même de la Promesse, le plus fort protège le plus faible, où la franchise et la pureté sont des vertus exaltées. Joie de cette pédagogie qui appelle au dépassement de soi, à puiser le meilleur de soi-même au service de Dieu et du prochain. Et joie profonde de pouvoir si jeune entraîner les autres, apprendre ensemble à dépasser nos faiblesses.
– « Debout les gars réveillez-vous, il va falloir en mettre un coup, on va au bout du monde!! ».

4) QUELQUES ANNÉES PLUS TARD…
– « Allez mon chéri, ce soir je regarde le débat politique avec toi, et promis j’essaye de rester et de ne pas intervenir »
… 27,28, 29 30!!! 30 secondes! Record battu, j’ai tenu 30 secondes avant d’avoir envie de casser l’écran et d’aller régler leur compte à tous ces républicains!
– « Bon, si on faisait plutôt une crapette rapide, que je te mette une bonne raclée? »

LE FEU DE LA DOUCEUR ET DE L’AMOUR
« Et moi je me glorifie de mes faiblesses » St Paul.
Et si cette parole était un appel à porter un regard de vérité et de miséricorde sur soi-même, à se laisser aimer et regarder avec amour par le Christ, à aimer profondément nos faiblesses qui sont le lieu de la toute-puissance de Dieu en nous, le lieu de notre Rédemption, le lieu de Son Amour? Que le Seigneur nous donne son regard d’amour sur le prochain, lui qui est « doux et humble de cœur ». Prendre le temps de l’écouter, de regarder sa faiblesse, de l’offrir avec lui. De l’aimer pleinement pour ce qu’il est. Respecter profondément le fonctionnement de l’autre amène douceur et délicatesse.

« Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites. »
Voilà tout le sens de cet élan intérieur de tendresse et de protection. Le service du
Christ dans les plus faibles. Et par là, s’unir profondément à leur souffrance, les
amenant à s’unir à celles du Calvaire. C’est le sens du combat de Mère Térésa, qui
souffrait en son âme les tourments de rejet, de solitude, de ténèbres, de manque
d’amour. Son combat spirituel, vécu en profonde union avec le Christ en Croix, l’a
amenée au plus près de la souffrance de ses pauvres, afin de les mener à Dieu.
La parole est d’argent et le silence est d’or.

Lorsque les nuages s’amoncellent, que le tonnerre s’approche et commence à gronder, on sait que la pluie n’est pas loin. Qui n’a jamais été surpris de la violence et de la rapidité d’une averse orageuse? Avec son lot de dégâts collatéraux. Si en 8 j’aime la force, c’est peut être au moment de l’orage que la vertu de force et le vrai courage peuvent s’exprimer… par la fuite. Si l’injustice ressentie si violemment est réelle, et si la colère est légitime, il est souvent bien plus profitable d’attendre la fin de l’orage pour l’exprimer, si cela est nécessaire et juste. C’est là aussi que peut intervenir la vertu d’humilité, d’accepter de se taire, d’offrir ce silence, si mortifiant mais certainement bien plus salutaire qu’un flot de paroles non maîtrisé. L’humble silence peut également être l’occasion d’une offrande plus intérieure qui mène à l’abandon. L’abandon ne nie pas la volonté, bien au contraire. « Je VEUX dire OUI à tout ce que Dieu veut » disait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Ou encore Mère Térésa aimait à répéter « JE VEUX lui laisser les mains libres ». Ainsi l’énergie accueillie de cette colère, offerte en un grand OUI peut mener du refus à l’action de grâces, de l’aversion à la contemplation.

Que ce feu intérieur qui nous anime devienne toujours plus le feu de l’amour divin, afin d’accomplir la belle devise de saint François de Sales: « Rien par force, tout par amour »!

Et si Nietzsche était de base 8 ?

 

FRIEDRICH NIETZSCHE, UN ARCHÉTYPE DE BASE 8 ?*

“Ce qui ne me détruit pas me rend plus fort.”

Cette phrase de Friedrich Nietzsche (1856-1929), est bien connue et n’est pas sans faire penser à la croyance d’une des bases de l’ennéagramme pour qui la force est la valeur suprême et la faiblesse, la peur fondamentale. Et si Nietzsche était de base 8 ?

PETIT FLORILÈGE

UN PETIT COTE « TOUT OU RIEN »

“La colère vide l’âme de toutes ses ressources, de sorte qu’au fond paraît la lumière.”
Par delà le bien et le mal

“Avec une voix forte dans la gorge, on est presque incapable de penser des choses subtiles.”
Par delà le bien et le mal

“Peu de gens sont faits pour l’indépendance, c’est le privilège des puissants.”
La Volonté de puissance

“Formule de mon bonheur : un « oui », un « non », une ligne droite, un but…”
Le Crépuscule des idoles

« Celui qui ne veut agir et parler qu’avec justesse finit par ne rien faire du tout. »
La volonté de puissance

“Le poison dont meurt une nature plus faible est un fortifiant pour le fort.”
Le Gai savoir

UN ART DE LA GUERRE

“Croyez-moi ! Le secret pour récolter la plus grande fécondité, la plus grande jouissance de l’existence, consiste à vivre dangereusement !”
Le Livre du philosophe

« Nul vainqueur ne croit au hasard. »
Ainsi parlait Zarathoustra

“Plaisir : sensation d’un accroissement de puissance.”
Ainsi parlait Zarathoustra

“On n’attaque pas seulement pour faire du mal à quelqu’un mais peut-être aussi pour le seul plaisir de prendre conscience de sa force.”
Humain, trop humain

“Et souvent il y a plus de bravoure à se retenir et à passer : pour se réserver pour un ennemi plus digne.”
Ainsi parlait Zarathoustra

“Qui vit de combattre un ennemi a tout intérêt de le laisser en vie.”
Humain, trop humain

“La croyance que rien ne change provient soit d’une mauvaise vue, soit d’une mauvaise foi. La première se corrige, la seconde se combat.”

“Celui qui sait commander trouve toujours ceux qui doivent obéir.”
La Volonté de puissance

“Si vous ne pouvez être des saints de la connaissance, soyez-en au moins les guerriers.”
La volonté de puissance

QUI VA AU BOUT DE SES LIMITES

“Vouloir libère.”
Ainsi parlait Zarathoustra

“Faites donc ce que vous voulez – mais soyez d’abord de ceux qui peuvent vouloir !”
Ainsi parlait Zarathoustra

“Qu’est-ce que le génie ? – Avoir un but élevé et vouloir les moyens d’y parvenir.”
Par delà le bien et le mal

“L’homme est quelque chose qui doit être dépassé.”

“L’homme est une corde tendue entre l’animal et le surhomme, une corde au-dessus d’un abîme. ”
Par delà le bien et le mal

“Ce sont les instincts les plus élevés qui poussent l’individu en dehors et bien au-dessus de la moyenne.”

“Qu’est-ce que le bonheur ? Le sentiment que la puissance croît, qu’une résistance est en voie d’être surmontée.”
L’Antéchrist

“Atteindre son idéal, c’est le dépasser du même coup. »
Ainsi parlait Zarathoustra

HOMME DE CONTRÔLE ET DE CLARTÉ

“Les gens qui nous donnent leur pleine confiance croient par là avoir un droit sur la nôtre. C’est une erreur de raisonnement ; des dons ne sauraient donner un droit.”
Humain, trop humain

“On ment bien de la bouche, mais avec la gueule qu’on fait en même temps, on dit la vérité quand même.”
La volonté de puissance

« Etre vrai, peu le peuvent ! »
La volonté de puissance

“Qui se sait profond tend vers la clarté, qui veut le paraître vers l’obscurité; car la foule tient pour profond tout ce dont elle ne peut voir le fond.”
La volonté de puissance

UNE CONSCIENCE DE SES CAPACITÉS

“Qui ne croit en lui-même, ment toujours.”
Ainsi parlait Zarathoustra

« Tu dois devenir l’homme que tu es. Fais ce que toi seul peux faire. Deviens sans cesse celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi-même.”
Ainsi parlait Zarathoustra

UNE PEUR DE LA FAIBLESSE, celle des autres…

“Je déteste les âmes étroites: il n’y a là rien de bon et presque rien de mauvais.”
La volonté de puissance

« Là où la volonté de puissance fait défaut, il y a déclin.”
L’Antéchrist

“Qu’est-ce qui est mauvais ? Tout ce qui vient de la faiblesse.”
L’Antéchrist

“C’est perdre de sa force que compatir.”
Le Gai savoir

“Pour le fort rien n’est plus dangereux que la pitié. ”
La volonté de puissance

“Un animal grégaire, un être docile, maladif, médiocre, l’Européen d’aujourd’hui !”
Par delà le bien et le mal

“Veux-tu avoir la vie facile ? Reste toujours près du troupeau, et oublie-toi en lui.”

et la sienne, alors qu’il était de constitution faible

“Un peu de santé par-ci, par-là, c’est pour le malade le meilleur remède.”
Humain, trop humain

“Je suis trop fier pour croire qu’un homme m’aime. Cela supposerait qu’il sache qui je suis.” Lettre

UN HOMME DU CORPS

“Le génie réside dans l’instinct.”
La volonté de puissance

“Je suis corps tout entier et rien d’autre; l’âme n’est qu’un mot désignant une parcelle du corps.”
Ainsi parlait Zarathoustra

“Le bonheur, quel qu’il soit, apporte air, lumière et liberté de mouvement.”
Aurore

UNE VULNÉRABILITÉ, quand le mécanisme de défense du déni tombe

« Il est plus facile de renoncer à une passion que de la maîtriser.”
Par delà le bien et le mal

“Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l’abysse, l’abysse le scrute à son tour.”
Par delà le bien et le mal

“Qui trop combat le dragon devient dragon lui-même.”
La volonté de puissance

“A lutter avec les mêmes armes que ton ennemi, tu deviendras comme lui.”
Humain trop humain

“La mission suprême de l’art consiste à libérer nos regards des terreurs obsédantes de la nuit, à nous guérir des douleurs convulsives que nous causent nos actes volontaires.”

“Quand la paix règne, l’homme belliqueux se fait la guerre à lui-même.”

“L’augmentation de la sagesse se laisse mesurer exactement d’après la diminution de bile.”
Aurore

“L’homme souffre si profondément qu’il a dû inventer le rire.” 

“Ce que je préférerais, c’est d’aimer la terre comme l’aime la lune et de n’effleurer sa beauté que des yeux.”
Ainsi parlait Zarathoustra

“La souffrance d’autrui est chose qui doit s’apprendre.”
Humain, trop humain

“Nous cependant, nous voulons être les poètes de notre vie, et cela avant tout dans les plus petites choses quotidiennes.”
Saint Janvier

“Le royaume des cieux est un état du cœur.”

* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son oeuvre. 

Volcan et feu pour un mariage

unnamedLE VOLCAN ET LE FEU
Métaphore d’un mariage
par Anne-Sabine de base 8 et Patrick de base 3

Qui le premier du volcan ou du feu a  commencé ?

Certainement le volcan : de ses entrailles est monté brutalement un nuage de fumée, instantanément suivi d’explosions de pierres, d’étincelles et de crépitements… Il voudrait bien se calmer mais, trop tard ! Le couvercle a sauté… Une fois de plus, ce Vésuve bouillonnant de colère a fait des ravages, la nature est blessée…

Lui qui aime tant abriter sur ses flancs forêts, fleurs et quelques habitants, il n’a su s’arrêter. Tristement un nuage de cendres grises s’est ensuite déposé à ses pieds…

ob_3c61f0_volcan-de-fuego-eruption-july-28-2016Pendant ce temps la lave a coulé : le feu majestueux et noble s’est emparé de la nature pour l’illuminer. Il a couru sans s’arrêter, entraînant tout sur son passage. Il ne peut s’empêcher de passer d’arbre et arbre, réchauffant plus qu’il ne faut la nature impuissante à résister. Quelques oiseaux inquiets d’une telle énergie voudraient bien, si possible, pouvoir se reposer. Mais le feu continue sa course méthodique, se laissant tout à la fois admirer et craindre, non sans une certaine fierté…

Et le volcan gronde toujours.
Et le feu, toujours, poursuit sa course effrénée.

Quelle idée Dieu a-t-il inventée, que de laisser se croiser le volcan et le feu ?
Quelle chaleur, quel bruit, quelle énergie ! Tout y est démultiplié…

Puy de Pariou et puy de Dome, Chaine des puys, vue aerienne, 63, Auvergne, franceUn jour, peut être, le mariage du volcan et du feu ressemblera à ce paysage reposant des volcans d’Auvergne, ronds et verts, paisibles et reposants, où l’on viendra puiser une eau fraîche et pure, où le seul feu sera celui de modestes brindilles…

Allons,  ne rêvons pas… une vie n’y suffit pas…

Mais comme rien n’est impossible à Dieu, l’Eau Vive pourrait un jour calmer leurs ardeurs : Espérons !

 

L’ourse : métaphore de la base 8

40257639_2254990744729957_31176806824411136_nL’OURSE
par Marie
de base 8

Un grand cri de détresse parvient à mes oreilles.
Dans le fond de mes tripes mon instinct se réveille.
Quelqu’un souffre, quelqu’un hurle. On a besoin de moi.
Sans même consulter mon esprit évadé,
Tout mon corps réagit et il court pour aider.

Un enfant est blessé, il a mal et il pleure.
Alors que je m’approche puissamment, il a peur.
Mes grosses pattes et  ma puissante gueule effraient.
Mais sous cette apparence, je ne veux que la paix.
Une juste colère remplit mon cœur de feu,
Je voulais protéger les jeunes et les vieux.

Je n’abandonne pas, il a besoin de moi.
Je m’approche de lui et lui montre cette fois
Un visage attendri et d’une tout autre voix
Je lui dis simplement : « Me voilà là pour toi. »
Et ses grands yeux répondent dans un élan du cœur:
« Je te prends pour ma chef et même pour ma sœur ! »

Je vois une blessure sur son flan dessinée.
Une colère puissante m’anime et décidée,
Je pars  à la quête du lâche qui sans cœur
S’est attaqué, injuste, à ma nouvelle sœur.
Mon flair se développe et mes muscles se tendent.
Je viens d’apercevoir le coupable dans la lande.

Mon corps bondit alors dans un élan ardant.
Tout mes sens aux aguets je cours rapidement
Vers ce qui est  pour moi une saine justice
Et qui sûrement pour d’autres, serait une immondice.
Je le sens, il est là cet animal infâme
Je le menace alors, mes crocs comme des lames.

J’aperçois  dans le coin cet enfant qui me voit.
Je veux le protéger, je m’arrête donc là.
Par un immense effort me retire du combat
Pour venir à côté de mon cher protégé
Qui me regarde reconnaissant et soulagé.

maman-ours-12

La force de l’innocence

downloadWOMAN AT WAR
Un film de Bénédickt Erlingson, 2018

Halla, une femme en guerre, archétype de base 8 en survie*

Dès la première scène de Woman at war de l’Islandais Benedikt Erlingson, les choses sont claires : Halla est une guerrière. Au cœur de l’Islande, elle a décidé à elle seule de mettre un terme à l’activité de l’usine d’aluminium qui engendre une pollution considérable. Halla bande son arc et met à bas une ligne à haute tension. Elle dégage (HalldoraGeirhardsdottir, stupéfiante actrice de ce film) quelque chose après lequel tant courent en vain : une énergie, une force, une présence tellurique et charnelle. Au passage, notons que dans un film où le sous-type survie prédomine (la lutte politique d’Halla est très clairement ancrée dans le souci de protéger la terre nourricière avec laquelle elle entretient un rapport corporel quasi animal et celui de protéger les générations futures), le réalisateur montre avec finesse comment une parole politique de bon sens (« il y a des lois au-dessus des lois », en l’occurrence la loi naturelle) peut être pervertie par le système brandissant la menace de la loi religieuse et de la … charia ! Fin de la parenthèse sociale.

0890086.jpg-c_208_117_x-f_jpg-q_x-xxyxxToujours est-il qu’Halla va bientôt avoir tout le pays contre elle. On ne dévoilera pas ici l’intrigue mais notons que cette histoire se mêle de deux autres fils narratifs : l’adoption en vue d’une petite fille ukrainienne, remise en cause par son activisme politique, et la relation avec une sœur jumelle, professeur de yoga. Notons que (nous pourrions imaginer avoir affaire à un 6 contrephobique), Halla n’a pas de conflit de loyauté. Elle ne parle pas, ne doute pas. Elle avance, non sans peur et stress, mais avec une force irrépressible.

Ce personnage probablement de 8 est, avouons-le, très évolué, et c’est la limite du film, c’est presque trop beau. On sent la colère venue des tripes, la violence même. Mais elle s’exprime de façon maîtrisée : jamais contre les personnes, mais résolument contre le système et ses infrastructures. Les portraits de Gandhi et Mandela viennent résolument donner le cadre : celui de la non-violence. Dans le déchaînement de Halla contre l’usine, il y a quelque chose de très innocent, de très enfantin même que l’on retrouve dans sa manière de diriger la chorale dont elle est le chef : rien ne lui résiste, mais il y a une forme de douceur, de plaisir originel dans tout ça. De simple comme la base 8.

Halla est une guerrière, mais pas pour faire la guerre. Pour protéger. Protéger son espace vital, la terre où elle est née et dans laquelle elle aime enfouir son visage en archétype de 8 en survie. Protéger ceux qui vont venir et qui trouveront un pays désolé. Protéger cette petite fille qu’elle veut adopter. Le dernier plan simple et émouvant dit tout de l’instinct protecteur de la base 8.

Halla est une femme d’action, mais en elle il y a une aspiration à l’intériorité. On ne peut pas ici faire l’impasse sur la qualité et l’originalité de ma mise en scène qui donne à Halla une autre dimension qui rejoint miraculeusement la part secrète de la base 8. Il y a ces contrepoints qui viennent, scène après scène, souligner une émotion qu’Halla ne sait exprimer : Erlingson a choisi de scander son film, à chaque scène par l’intervention d’un improbable trio instrumental (piano, cuivre et batterie) et/ou d’un émouvant trio de chanteuses ukrainiennes. Comme des anges gardiens, ils expriment aussi la voix intérieure d’Halla. Cette voix du silence, de la contemplation qu’Halla contacte dans la nature. Plus avant encore, elle va à la fin du film rejoindre sa sœur dont sa quête de silence intérieur. Toute la fin du film montre, d’une manière que je ne saurais développer sans spoiler, qu’Halla, par l’accueil de la vulnérabilité (de l’autre et de la sienne), trouve un apaisement qui lui manquait. Fallait-il se lancer dans une telle aventure ? Le film ne conclut pas. Je pense qu’il valide même le combat d’Halla. Mais il montre qu’elle ne peut le gagner par ses propres forces. En demandant de l’aide à son cousin, en la recevant de sa sœur, en reconnaissant de fait sa faiblesse, Halla devient pleinement humaine. Et donc plus forte.

* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son oeuvre.