Louis de Funès et la base 6

191385LOUIS DE FUNES
Un archétype* de base 6

Louis de Funès a enchanté des générations de Français. Avec le recul, même s’il n’a pas tourné que des chefs d’œuvre impérissables (encore que Rabbi Jacob ou Hibernatus tiennent vraiment la route), son talent à faire rire en fait un des plus grands acteurs comiques du XXe siècle.

Traditionnellement, l’ennéagramme associe d’ailleurs l’humour au centre mental, c’est-à-dire aux types 5, 6 et 7. Ce qui ne veut pas dire que les autres en sont dépourvus, mais que chez eux, la rapidité du mental, la précision du verbe et le goût du contrepied sont autant d’ingrédients propices aux ressorts comiques. De ce point de vue, Louis de Funès est archétypal.

Les biographes de Louis de Funès ont largement mis en valeur certains traits caractéristiques du type 6 tournant autour de la peur. Angoisse dévorante de ne pas réussir à faire vivre sa famille qui va l’amener à une quête inlassable de perfectionnisme, non pour être parfait comme un 1, mais pour être sûr de ne pas être abandonné par le système cinématographique. Funès fut un bourreau de travail par peur d’être un jour laissé sans ressources. Un sous-type survie est assez probable comme le montre cet autre exemple : ayant hérité de sa femme d’un magnifique château doté de plus de cent fenêtres, il équipa chacune d’un système de sécurité !

Peur donc, préoccupation de sécurité, mais qui peut se conjuguer à un vrai courage porté par un sens aigu de la loyauté. Un de nos stagiaires, son voisin à l’époque, nous a livré cette anecdote : voisin de la famille du colonel Erulin, le héros de Kolwezi, Louis de Funès grâce à ce « sixième sens » souvent attribué aux personnes de type 6, surprit des cambrioleurs à l’œuvre dans la maison inoccupée, intervint pour les mettre en fuite, prenant un mauvais coup au passage. Vigilance, sens ultra développé du danger, alternance de phases phobiques et contre-phobiques : nous sommes en plein dans la problématique du type 6.

A l’écran, Louis de Funès joue admirablement de la version pleutre du 6. A titre d’exemple, la scène de la première rencontre avec sœur Clotilde dans Le Gendarme est éclairante. Le 6 survie, pour assurer sa protection, est extrêmement chaleureux : il tisse des alliances qui le sécurisent jusqu’à pouvoir paraître obséquieux et soumis. Et la conduite intrépide de la religieuse le met en panique : la tête lâche alors et Louis de Funès, mort de trouille, la salue en la quittant d’un inoubliable « Au revoir Monsieur l’abbé »!

Cette variante phobique du 6 est la plus présente dans ces films même si, parfois, la variante contrephobique affleure ou même éclate comme dans cette scène célèbre de La Grande Vadrouille où Louis de Funès en chef d’orchestre pourrait faire penser à un 8 dominant…

http://youtu.be/l30ONNO50So

… Trois chapitres du Grand Restaurant ne laissent pourtant pas de doute à la différenciation 6/8 qui pose parfois quelques questions existentielles à nos stagiaires…

A ce sujet, autre point très central pour la base 6, celui du rapport à l’autorité. Capable d’être d’une loyauté sans faille, pour le meilleur, le 6 peut aussi alterner entre une soumission excessive et une défiance agressive. On peut voir dans cet entretien combien Louis de Funès était foncièrement rebelle à l’autorité, même s’il s’y plia en courbant l’échine durant les années de vache maigre :

Humour qui pique, humour qui touche, humour comme forme d’intelligence à part entière, on ne se lasse pas des scènes mille fois revues de Louis de Funès ni de l’humour de nos amis de base 6. Ceux-là se surprennent d’ailleurs souvent à rire d’eux-mêmes car le rire reste la meilleure des défenses et permet de garder ce jardin secret si jalousement gardé par eux.

* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son oeuvre. 

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